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Macron chez de Villiers : une rencontre riche d’enseignements

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Le 19 août dernier notre ex-ministre de l’économie Emmanuel Macron, nouvelle égérie de l’ultralibéralisme, s’est rendu au Puy-du-Fou où il a rencontré l’une des figures de proue de l’ultra droite islamophobe française Philippe de Villiers, qui pour mémoire fut secrétaire d’Etat lors d‘une des périodes de cohabitation du gouvernement Chirac sous la Présidence de François Mitterrand.


Pour l’occasion, Emmanuel Macron déclara : « L’honnêteté m’oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste« . Vous allez nous dire… nous le savions déjà ! Mais il y a plus intéressant, lorsqu’il ajoute « tout en étant avant tout « ministre de la République » qui se doit de « servir l’intérêt général » ». Or Le Puy-du-Fou est un fief de l’anti-républicanisme. Bon nombre d’historiens spécialistes de la contre-révolution voient dans Le Puy-du-Fou une exaltation du mythe d’un “âge d’or français”, celui d’un peuple heureux dirigé par une caste supérieure (les nobles) soucieuse du bien commun.

Décryptage de la méthode de Villiers


La spécialité de Monsieur de Villiers est d’entrelacer sa lecture fantasmée de l’Histoire avec des concepts politiques paranoïaques tels que Eurabia et le Choc des Civilisations, le tout combiné à d’autres notions totalement déviées de leur sens véritable comme nous allons le voir.

Ainsi, l’ancien secrétaire d’État nous brosse un tableau noir de la situation de notre pays. Pour lui  » la chrétienté est menacée par l’islam, la France va devenir islamique avec l’appui des médias et des politiques français ». Et “Le groupe Bilderberg et la Commission Trilatérale incarnent, dit-il, le véritable pouvoir”.

Or, plusieurs idées s’opposent dans le système de Villiers :

Tout d’abord, sa rhétorique s’appuie en partie sur une grossière contrefaçon du concept « Libéral-libertaire » créé par Michel Clouscard dès 1972. M. Clouscard développe l’idée que la dite libération s’opère selon les paradigmes de la société de consommation américains, le but ultime étant de sauver un capitalisme en crise. Philippe de Villiers lui, ne voit dans ce concept “Libéral-libertaire” que de l’antichristianisme.

Par ailleurs, Le Choc des Civilisations cher à Philippe de Villiers fut rédigé par l’intellectuel conservateur Samuel Huntington. Sa thèse très droitière affirme entre autre que l’occident doit maintenir sa supériorité technologique et militaire sur les autres civilisations. Cette doctrine n’est donc pas compatible avec la pensée économique et sociale de Michel Clouscard qui, elle, aspire à une alternative progressiste et non à un rapport de force entre les nations. Rappelons enfin que la thèse exposée dans “Le Choc des Civilisations” est l’un des supports théoriques de la Commission Trilatérale tant décriée par Monsieur de Villiers.

Mais les falsifications et contradictions de M. de Villiers ne s’arrêtent pas là. Pour lui en effet, le libéralisme économique est forcément de mèche avec ce qu’il appelle le libéralisme «sociétal». Sur ce point Philippe de Villiers omet simplement de préciser qu’il existe une autre facette du libéralisme dont lui, mais surtout Pinochet, Reagan et Thatcher furent les illustres dépositaires. Ce libéralisme est fermement opposé au droit social. Il est anti-syndical, et favorable à la déréglementation en matière de droit du travail. Ce libéralisme là est donc réactionnaire.

Petit flash-back. En 1984 le comédien Yves Montand anime une émission de télévision spéciale intitulée « Vive la crise« . Cette émission qui a pour but de nous faire avaler les vertus du capitalisme vante les mérites de l’entreprise du Puy-du-Fou de Philippe de Villiers. A cette occasion Montand déclare “je suis de gauche tendance Reagan”. Avec le recul cette émission « Vive la crise » semble avoir été l’un des signes avant-coureurs de l’hégémonie du libéralisme en France, en somme une victoire de plus pour le Bildelberg.

Pour compléter notre décryptage, soulignons enfin que les adeptes de la théorie islamophobe Eurabia sont généralement libéraux, leurs modèles en économie étant Milton Friedman, Friedrich Hayek, Karl Popper et Ludwig von Mises, tous les quatre membres historiques de la Société du Mont Pèlerin, une association internationale ultralibérale qui fut à l’origine des politiques économiques sociale de Pinochet, Reagan et Thatcher.

L’archétype du porte-parole au style paranoïaque


En 1964, l’historien américain Richard Hofstadter publie dans la revue “Harper’s” « Le Style paranoïaque dans la Politique américaine« . Nous avons vu il y a quelques temps que selon Hofstadter, il y a plusieurs critères qui font qu’une théorie est une théorie du complot. Des postulats que nous retrouvons dans le système de Villiers :

– 1/ La conspiration dure depuis plusieurs décennies
– 2/ Il y a allégeance à une puissance étrangère (le monde arabe)
– 3/ La France sacrifie ses valeurs
– 4/ Les arabes imposent leur langue et l’islam
– 5/ L’alliance France-monde arabe s’appuie sur une politique commune hostile à la chrétienté
– 6/ Il y a complicité des instances dirigeantes française
– 7/ Il y a complicité des médias
– 8/ L’idéologie islamique imprègne les institutions scolaires`et universitaires.

En substance, nous pouvons dire qu’à l’instar de Joseph McCarthy, Philippe de Villiers désigne les “partisans cachés d’une cinquième colonne”, des ennemis intérieurs prêts à venir nous égorger. Revenons tout de même sur un “détail” qui a toute son importance ici : le politologue britannique d’origine pakistanaise Nafeez Mosaddeq Ahmed a exposé en profondeur le massacre de quatre millions de musulmans dans les guerres occidentales depuis 1990. Il n’est bien sûr pas question pour nous de reprocher à Philippe de Villiers d’être croyant et chrétien, ni même d’aborder le sujet de l’influence des réseaux de convergences d’intérêts de type Trilatérale ou Bildelberg.
D’ailleurs Philippe de Villiers ne nous apprend rien sur cette dernière question, qui fut déjà examinée efficacement par d’autres avant lui. Non, simplement notre “chevalier blanc” nourrit une parole au style paranoïaque car il présuppose une conspiration qui dure depuis plusieurs générations, en l’occurrence depuis 1968. A cela il ajoute la « décadence des moeurs”, les « mauvaises pratiques sociales », et “l’assujettissement total des politiques au monde arabe”.
Dans son discours il n’y a pas de différence entre les pétromonarchies du Golfe et l’ensemble de la communauté musulmane. Chez lui musulmans pauvres et musulmans riches sont “du même bois”. Et pour scénariser sa petite histoire, il surajoute une dose d’eschatologie, c’est à dire de manifestations de signes de la fin des temps. Dès lors, dans son discours nous comprenons vite “qu’Armageddon n’est plus très loin”, qu’il va falloir faire le bon choix, et que lui même et ses valeurs incarnent ce bon choix, avec les conséquences terribles que supposerait un choix différent.

Le porte parole au style paranoïaque est toujours un opportuniste nous apprend Hofstadter. Or le moins que nous puissions dire est que Philippe de Villiers a récemment “touché le jackpot”. Son dernier livre « Le moment était venu de dire ce que j’ai vu » et la meilleure vente d’un livre politique en 2015. Alors que sur le monde politique lui-même, ses polémiques n’apportent rien de nouveau: Face aux médias, Philippe de Villiers compile simplement des petites anecdotes sans intérêt piochées ici et là, par exemple à propos de Juppé, Fillon ou encore Cohn-Bendit.

Nous pouvons donc penser sans trop spéculer que Philippe de Villiers a parfaitement compris qu’il suffisait pour lui de mélanger un peu de voyeurisme à beaucoup de paranoïa pour en faire ses choux gras.

Une entreprise encensée par toute la presse


Les médias présentent l’entrepreneuriat de la famille de Villiers comme la quintessence du mérite. Les nombreux journaux ne sont jamais à court de superlatifs lorsqu’il s’agit de vanter les mérites de “l’entreprise Le Puy du Fou”.
et dire que Philippe de Villiers rabâche sans vergogne : « les médias sont tous corrompus « .

L’argument un peu redondant qui est utilisé pour vanter les performances du Puy du Fou est le nombre de visiteurs. Près de 2,2 millions cette saison (6 mois). A présent voyons une institution totalement opposée au Puy du Fou du point du vue de la symbolique : la Fête de l’Humanité à Paris, qui de toute évidence ne bénéficie pas de la même “couverture rédactionnelle” tant appréciée parce qu’elle procure aux organisateurs une forme de publicité gratuite.
Si on en croit l’encyclopédie en ligne Wikipédia, son édition 2010 a attiré environ 600 000 visiteurs en un seul week end, et à l’exception du journal L’Humanité et du Figaro qui en 2010 avait seulement évoqué le record d’affluence, pas un seul média ne vous parle de réussite. Pourtant en 80 ans la “fête de l’Huma” a offert de nombreuses prestations culturelles de qualité. Souvenons-nous entre autres de Léo Ferré, Stevie Wonder, Pink Floyd, The Who, Jacques Brel, Jacques Dutronc, Leonard Cohen, Chuck Berry, Renaud, Urban Sax pour les artistes musiciens, mais aussi de Pablo Picasso, Fernand Léger, Jean Lurçat, Marc Saint-Saëns, Boris Taslitzky, André Fougeron pour les artistes, peintres, et dessinateurs. Cette liste est bien sûr très loin d’être exhaustive.

Mais que fait la police ?


Après avoir « googlelisé » “Philippe de Villiers”, “Théorie du complot”, “complotisme” et “conspirationniste”, nous constatons de façon étonnante qu’il n’y a pas le moindre article qui révèle l’orientation très complotiste de Philippe de Villiers. Pourtant le sujet « théorie du complot” est devenu le cheval de bataille de l’administration Valls et en particulier de sa ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem, en concordance avec les médias dominants qui prétendent lutter contre les « Théories du complot« .
En ce début d’année 2016 marqué par la succession des attentats de 2015, le gouvernement a même lancé une campagne « anti-complotisme » spécifique sur internet. Le site On te manipule est censé décrypter les discours complotistes. Dans le préambule d’On te manipule, on peut lire : “A en croire ces « théoriciens » du complot, États, institutions et médias déploieraient des efforts systématiques pour tromper et manipuler les citoyens. Il faudrait ne croire personne… sauf ceux qui portent ces thèses complotistes !”

Or cette dernière formule correspond trait pour trait à Philippe de Villiers. Et nous avons vu en exergue que selon les critères hofstadteriens, Philippe de Villiers est le porte parole au style paranoïaque par excellence. Bien que le sidérant profil du créateur du Puy du Fou corresponde au complotiste parfait, Emmanuel Macron, ministre d’un gouvernement prétendument anti-extrêmes, a jugé utile d’aller complimenter dans l’un des “haut lieux de la bondieuserie française” ce personnage politique de l’ultra droite au faîte de sa gloire médiatique acquise avec un best seller totalement complotiste.

Emmanuel Macron était-il “une étoile filante” ?


Le 30 août 2016, Emmanuel Macron démissionne de sa fonction de ministre de l’économie Présentement, nous sommes conduits à constater que son bilan n’est pas reluisant. En résumé nous retiendrons de lui l’austérité et les cadeaux au patronat. Pour la petite histoire, rappelons nous que cet homme qui comme tous les libéraux se prévaut d’un esprit pratique, déclarait dans un entretien accordé à Mediapart en 2013 : « L’idéologie de gauche classique ne permet pas de penser le réel tel qu’il est ». Après bientôt deux ans de doctrine Macron, nous mesurons pleinement les effets réels de son présumé pragmatisme : depuis son arrivée dans le gouvernement, la France compte 500 000 demandeurs d’emploi en plus.

Emmanuel Macron a-t-il encore un avenir en politique ? C’est presque là une question sans importance par opposition à la véritable question : Pourquoi bénéficie-t-il d’un tel traitement de faveur ?

Macron – de Villiers ? Sur la forme ils sont différents


Au premier abord, Emmanuel Macron est tout ce que Philippe de Villiers déteste à cette heure. Il est membre du club Bildelberg. Il fut banquier d’affaires chez Rothschild & Cie. En avril de cette année, Canal Plus mettait en évidence que le clip vidéo du parti « En Marche » d’Emmanuel Macron n’était qu’un bidonnage, du fait que la majorité des images qui étaient censées représenter les adhérents de ce mouvement venaient en réalité d’une banque de données étrangère.

Autre point de discorde éventuel entre de Villiers et Macron sur l’échiquier politique: « En Marche » se situe dans la mouvance Social-libérale . A cela, Emmanuel Macron réplique qu’il veut incarner le “par-delà la gauche et la droite” cher à Tony Blair. D’ailleurs quand Andrew Marr, chroniqueur vedette de la BBC, compare le ministre de l’Economie français à Tony Blair, Macron rétorque  » Je vais prendre ça comme un compliment ». Cependant cette « troisième voie” impulsée par Blair (ni à gauche, ni à droite) se traduit dans les faits par l’imposition de la mondialisation que rejette en bloc Philippe de Villiers.

La question du travail le dimanche devrait aussi séparer les deux hommes. Pour Macron il faut dérèglementer afin de dépasser une contrainte économique, alors que pour les chrétiens comme Philippe de Villiers, le dimanche représente le jour de la résurrection du Christ, par conséquent le dimanche est le jour de repos hebdomadaire. Mais n’oublions pas que Philippe de Viliers fut plutôt timide sur la question quand il demanda à Nicolas Sarkozy de limiter au maximum les autorisations du travail dominical.

Mais encore : Pour Emmanuel Macron, les réfugiés sont une opportunité économique. Alors que l’un des slogans récurrents de Philippe de Villiers est « Il faut stopper les flux migratoires afin de mettre fin à l’islamisation de la société française ». Emmanuel Macron appartient à un gouvernement pro-américain et donc par voie de conséquence pro-pouvoir ukrainien. Philippe de Villiers lui a souvent déclaré “Vladimir Poutine est un ami” et il ajoute “l’Amérique ne conçoit le monde qu’à sa botte”. Ceci étant, Philippe de Villiers fut un atlantiste de la première heure à une époque où la CIA et le MI6 britannique s’alliaient dans certains pays à des groupes terroristes d’extrême droite pour créer les armées secrètes de l’OTAN… à une époque où le pouvoir américain déclenchait une véritable apocalypse en Asie du Sud-Est… à une époque où les Etats-unis soutenaient des juntes militaires et leurs escadrons de la mort… et à une époque encore où la CIA finançait déjà Al-Qaïda.

Sur le fond ils sont identiques


Pour Emmanuel Macron, il manque un roi à la France : « Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort » – extrait d’un interview accordée à Le 1 Hebdo, en kiosques le mercredi 8 juillet 2015. A Orléans le 8 mai 2016, Emmanuel Macron a salué Jeanne d’Arc qui « a su rassembler la France ». Si pour certains, Jeanne d’Arc est un symbole de courage et de résistance, nous sommes malgré tout en droit de nous interroger sur les réelles motivations d’Emmanuel Macron qui dans un laps de temps très court vient de créer un parti politique, déclarer qu’un roi manque à la France, qu’il admire Jeanne d’Arc et qui pour finir part en vacances chez le vicomte Philippe de Villiers.

En bref, Jeanne d’Arc entendait des voix et Emmanuel Macron semble, lui, les compter.

En ce qui concerne le volet économique et social, les objectifs de celui qui fut Ministre de l’économie du gouvernement Valls sont quasi-identiques à ceux de l’ex secrétaire d’Etat du gouvernement Chirac. Le ministre de l’Économie s’est prononcé en novembre 2015 pour une rémunération « au mérite » des agents de la fonction publique, soulevant un tollé chez les syndicats. Le candidat Philippe de Villiers à la présidentielle de 2007 a proposé  » la rémunération au mérite pour les fonctionnaires ». En 2016 Emmanuel Macron suggère de supprimer l’impôt sur les grandes fortunes (ISF). En 1995 Philippe de Villiers insistait fermement sur ses intentions de supprimer l’impôt sur les revenus. En janvier 2016, Le Monde Économique titrait l’une de ses chroniques « Emmanuel Macron prêt à mettre fin « de facto » aux 35 heures« . Philippe de Villiers a toujours été hostile à la réduction du temps de travail.

Au final, le programme social de 2007 de Philippe de Villiers est pratiquement une ébauche de la réforme du Code du travail (El Khomri-Macron). Donc à quelques années d’intervalles, les deux hommes nous ont proposé des services publics a minima, une déréglementation des lois du travail, et l’acceptation du principe de l’inégalité. Cela s’appelle le Thatchérisme ! Et si vous n’êtes toujours pas convaincus, sachez qu’en mars 2015 monsieur Macron a confessé à la BBC qu’il aurait fallu selon lui une Margaret Thatcher à la France.

Macron chez de Villiers, comment la presse a-t-elle réagi ?


Nos spécialistes de la polémique et de l’extrême droite étaient-ils tous en vacances fin août 2016 ? Rien de réellement incisif à l’exception de quelques billets en particulier ici où Estelle Gross pour “l’Obs” croit, ou fait semblant de croire, que le « doux naïf » Emmanuel Macron s’est fait manipuler par Philippe de Villiers le grand méchant loup, poutiniste de surcroît. Certes, mais que va bien pouvoir écrire Estelle Gross si l’information du Parisien est confirmée ? Selon ce journal, François Hollande en 2014 déclara à Philippe de Villiers «Reviens me voir, Philippe, ça me fait du bien de voir des gens comme toi. »

Pour les autres titres de la presse française, la répétition devient fastidieuse :
BFM également, etc.
bref nous aurons compris que dans le meilleur des cas, les journalistes des grandes rédactions se contentent de survoler les faits sans pointer les enjeux réels et les significations possibles.

Le 22 janvier 2012 au Bourget, la déclaration de François Hollande, candidat socialiste à l’élection présidentielle, fait la une de tous les journaux: « Je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne présentera jamais sa candidature. Il ne sera pas élu. Et pourtant, il gouverne. Mon adversaire, c’est le monde de la finance ».

Deux ans après ce discours, sans jamais avoir été élu, le banquier d’affaires Emmanuel Macron est appelé dans le gouvernement Valls. De “foutages de gueule” en “foutages de gueule”, Emmanuel Macron ministre du budget d’un soi-disant gouvernement de gauche nous informe qu’en fait il n’est pas socialiste, et que d’ailleurs comme Tony Blair il se situe par-delà la gauche et la droite. Il ajoute que la France aurait dû suivre l’exemple de Margaret Thatcher, et ce même ministre déclare avec force au Puy-du-Fou que Philippe de Villiers est fantastique, qui plus est au moment même où le droitard et libéral Philippe de Villiers publie avec le succès que l’on sait un véritable brûlot complotiste et islamophobe.

Comment ne pas juger consternant à la lumière de cet enchaînement de faits, le silence assourdissant des médias, Comment expliquer pareil mutisme ? Pourquoi, à l’exception du cas où Macron, de façon explicite, envisageait de prendre sa place, notre président Hollande, mais aussi notre premier ministre Valls, n’ont jamais rappelé à l’ordre leur ministre de l’Economie ? Pour quelle raison la presse, habituée à la chasse aux sorcières, oublie-t-elle d’épingler Philippe de Villiers qui pourtant ne cesse de se répandre en invectives sur tout le monde avec en toile de fond une vision complotiste du monde ?

Conclusion


Finalement, il n’y a qu’une seule réponse possible : la classe médiatico-politique française s’est totalement droitisée sur le plan économique et social.
Ainsi les discours de Philippe de Villiers et d’Emmanuel Macron sont en adéquation avec les tendances du moment (les lois Macron et El Khomri). Philippe de Villiers lui, crache effectivement dans la soupe, mais au demeurant il est pour une société élitiste et au final la différence est très mince entre une aristocratie à la De Villiers et une ploutocratie à la Macron.
Pour l’aristocratie, le pouvoir et la richesse s’obtiennent par l’hérédité, et pour la ploutocratie, le pouvoir et la richesse s’obtiennent… par l’hérédité aussi. Quant à l’islamophobie exacerbée de Monsieur de Villiers, elle finit par être complètement en accord avec le pouvoir actuel, mais aussi avec le pouvoir antérieur. En 2015, Manuel Valls parlait de “guerre des civilisations”, là où Nicolas Sarkozy mettait en garde en 2008 contre le “choc des civilisations”.

D’un côté les candidats potentiellement présidentiables se sentent obligés de pervertir le vivre ensemble en soufflant sur les braises (burkini, déchéance de la nationalité…), d’un autre côté ils montrent patte blanche à la finance internationale afin que celle-ci booste leurs ambitions par l’intermédiaire des médias qu’elle contrôle.
Et nous n’avons pas besoin de Philippe de Villiers pour le vérifier, car de manière impromptue tout ou presque se retrouve publié dans les journaux à condition de réussir à en suivre le fil au milieu de milliers d’articles superficiels. Quelques jours après son discours du Bourget, François Hollande n’était-il pas allé rassurer la City ? Et Nicolas Sarkozy ne déclarait-il pas en janvier 2009 « Il faut moraliser le capitalisme » alors qu’à peine un an auparavant, il avait octroyé aux banques 360 milliards d’euros ?
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