۱۳۹۴ تیر ۴, پنجشنبه

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22 mai 2013
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La campagne (BDS) de boycott des produits provenant des colonies fait la une des médias. Par contre, la vente des produits palestiniens reste discrète. Comment faire pour acheter des produits palestiniens ? Investig’Action est allé à la rencontre de Jean-Marie Dansette, fondateur de l’association Le Philistin. Cet homme fait le pont entre les agriculteurs palestiniens et nous, Occidentaux.

Comment est né le projet du philistin ?
Le projet est né il y a une dizaine d’années. C’était à la suite d’un premier voyage en Palestine. C’était pendant l’intifada. C’est en réaction à ce que j’ai vu, aux rencontres que j’ai faites, en particulier d’agriculteurs, de producteurs palestiniens. Je me devais d’agir pour les aider à vendre et promouvoir l’huile d’olive de Palestine. 

Mais beaucoup d’organisations viennent déjà avec de l’argent et des projets pour la Palestine…
Les Palestiniens que j’ai rencontrés m’ont dit : « Nous ne sommes pas des mendiants. Notre problème est politique : c’est l’occupation des territoires, c’est l’empêchement de circulation des personnes, des marchandises ». Les Palestiniens savent faire beaucoup de choses, et ce qui leur manque, c’est la commercialisation de leurs produits : récolter l’argent de leur travail. Mes interlocuteurs avaient une belle phrase pour résumer leur situation : « Nous avons une main cassée et une main qui travaille ». Mais pas une main qui mendie ! Cette attitude m’a marqué. Il fallait engager quelque chose dans cette voie-là.

J’étais artisan dans le bâtiment et j’ai toujours travaillé avec ma femme qui est comptable. Nous avions du matériel et des compétences pour gérer une entreprise. Nous avons donc décidé de créer une association qui s’appelle Le Philistin. Nous importons de l’huile d’olive pour la promouvoir ici.

Je suppose que vous vous êtes d’abord tournés vers le mouvement de solidarité avec la Palestine ?
Quand nous avons débuté, nous nous sommes dirigés vers le mouvement de solidarité. Ils ont été intéressés par notre projet et ont fait connaître Le Philistin et notre huile d’olive. Mais ce n’était pas suffisant, il fallait populariser le produit et ne pas se limiter au réseau de militants. Nous avons essayé de l’ouvrir à un public plus large. Nous nous sommes d’abord tournés vers des boutiques qui font du bio et du commerce équitable.

Dans le même temps, nous avons créé un site internet : www.fipsouk.fr. FIP sont les initiales de France Import Palestine et souk signifie marché en arabe. A partir du site, les personnes peuvent commander leurs produits. Cela permet aussi de sensibiliser les personnes qui s’intéressent à la qualité d’un produit. Que ce soit de l’huile d’olive ou des chaussures conçues à Hébron, nous touchons un public qui n’est pas nécessairement engagé. Nous répondons à une autre demande des Palestiniens qui veulent mettre en avant leur savoir-faire et pas seulement l’aspect solidarité.


Avez-vous eu des difficultés à importer des produits palestiniens en France ?
Non, pas de difficultés à ce niveau-là. Depuis dix ans, nous importons trois containers par an. Néanmoins, nous avons eu trois problèmes. Nous avons eu un problème avec les douanes françaises. Elles ont refusé l’huile d’olive palestinienne vu que soi-disant, elle n’était pas aux normes européennes. Le container a dû être renvoyé. Une autre fois, nous avons eu un retard d’un container parce qu’il y avait un mouvement social de dockers israéliens qui bloquaient les containers à Haïfa. Et la dernière fois, c’était moi qui avait fait une erreur administrative. J’avais mis des cartes qui représentent la situation de blocage actuel en Palestine avec le mur, les checkpoints et les avais glissées dans les palettes d’huiles d’olive. Je n’avais pas déclaré la présence de ces cartes. La sécurité israélienne a menacé de détruire la marchandise. Elle a bloqué le container. Après trois semaines de négociations, le container a été libéré moyennant une amende et des frais de stockage sur le port de Haïfa. Cependant, nous ne pouvons pas dire que la marchandise ne circule pas. C’est peut-être un peu plus long et plus cher.

Les Palestiniens sont considérés ici la plupart du temps comme des combattants ou des victimes…
Malheureusement, les médias présentent toujours les Palestiniens comme des terroristes ou des victimes. Dans notre culture occidentale, nous avons toujours eu une mentalité de colon. Nous aimons être les généreux donateurs, paternalistes, maîtres de la situation. Heureusement, des associations donnent un autre son de cloche.

A mes yeux, il y a une autre forme de résistance : la production pour l’indépendance économique. Pour eux, c’est tellement important de récolter l’argent de leur travail ! Le peuple palestinien n’est pas un peuple qui mendie mais qui réclame ses droits. Les gouvernements occidentaux - relayés par les ONG - effacent un peu ce côté politique, cette demande des Palestiniens de circuler librement, de disposer d’eux-mêmes.

Mais ce n’est pas seulement en Palestine que cela fonctionne ainsi. Le peuple palestinien est en résistance et veut avoir une indépendance économique parce qu’il a des capacités de production limitées dû à l’occupation. Ils ont surtout des capacités dans le domaine de l’agriculture, dans le domaine de la confection, dans l’artisanat. Ils ont beaucoup de choses à faire valoir !

Il en est de même pour le tourisme. C’est très important pour eux d’avoir un tourisme traditionnel. Cette région a un patrimoine incroyable. Principalement, les visiteurs que l’on trouve là-bas sont soit des pèlerins soit des militants. C’est un réel problème. Les Palestiniens aimeraient qu’il y aient des personnes qui viennent pour visiter, qu’elles achètent des souvenirs comme on le fait partout.

Les producteurs voudraient être reconnus pour ce qu’ils sont. Malgré la situation, ce sont des personnes debout. Ils ont une dignité. D’ailleurs, c’est ce qu’ils leur restent. Ils me disent à propos de ceux qui viennent avec des projets et de l’argent : « Chez nous, vous ne verrez personne qui dort dans la rue. Vous ne verrez pas de mendiants malgré la situation. Chez vous, nous avons vu des personnes qui dorment dans la rue, des mendiants sous la neige. Occupez-vous de vos pauvres. Nous, des nôtres, nous savons nous en occuper  ». La pauvreté est présente en Palestine. Cependant, une structure sociale gère cela. Cela va faire plus de dix ans que nous travaillons. Notre travail commence à être reconnu. Notre but est de redonner espoir aux agriculteurs palestiniens.
 


Qu’est-ce que votre association attend des citoyens ?
Ce que nous attendons de la population, c’est qu’on ait beaucoup plus de relais vu que nous sommes une petite structure. Nous n’avons pas de gros budgets pour faire de la publicité et du marketing. C’est le rôle des militants de promouvoir ce genre d’initiatives. Bien que la campagne BDS de boycott de produits israéliens va bon train, n’oublions pas de promouvoir les produits palestiniens dans le même temps. Par exemple, nous n’entendons parler que des dattes qui sont confisquées dans la vallée du Jourdain par les colons. Pourquoi ne parlons-nous pas du travail remarquable que font les agriculteurs palestiniens ? Il est primordial que les citoyens aillent dans les commerces en avertissant que certaines des dattes vendues proviennent des colonies. Mettons-les en face de leurs responsabilités !

Où en est le philistin ?
Nous avons créé en 2004 France Import Palestine. Moi-même, je suis salarié de cette entreprise. Nous sommes quatre salariés. Nous nous sommes transformés d’association en entreprise. Nous sommes professionnels maintenant. L’association Le Philistin s’occupe de la sphère culturelle. France Import Palestine est le fer de lance. Elle s’occupe de l’importation, de la diffusion et promotion des produits palestiniens.

Quels sont vos projets à venir ?
Nous avons un projet qui se déroulera au mois d’août à Rodez, dans l’Aveyron en France. Nous allons fêter les dix ans d’existence de l’association Le Philistin. Nous allons mettre en place un événement qui s’appelle « La Palestine en campagne ». Des producteurs et des artistes palestiniens viendront dans notre village. Nous allons faire de la restauration palestinienne dans des stands placés à cet effet. Aussi, un grand marché de produits palestiniens sera mis en place.

Ensuite, au niveau des autres projets, ils sont plus du côté de l’association. Nous proposons à des personnes de visiter la Palestine. Notre but n’est pas de les envoyer sauver la Palestine, il y a des personnes habilitées pour cela. Nous leur permettons de visiter la Palestine avec une agence de voyage très intéressante qui fait découvrir la Palestine historique. Elle met en avant le patrimoine palestinien qu’est en train de s’approprier le gouvernement israélien. Cette agence de voyage s’appelle diwan voyage et est basée à Ramallah. Nous développons aussi la restauration palestinienne. Pour cela, nous avons fait venir du matériel de Hébron pour réaliser les plats traditionnels. Nous essayons au maximum de faire du 100% palestinien. Il faut montrer que la Palestine existe. Un travail au niveau politique doit être fait : boycotter, mettre le gouvernement israélien devant ses actes. Mais en même temps, il faut que les Palestiniens existent en tant que peuple en mettant en avant leur patrimoine, leur identité et leur culture.

Site du Philistin

Propos recueillis par Mouâd Salhi pour Investig’Action michelcollon.info


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