۱۳۹۵ بهمن ۱۲, سه‌شنبه

Le peuple syrien veut désespérément la paix



Durant le mois de janvier, Tulsi Gabbard, une députée démocrate des Etats-Unis, s’est rendue en Syrie et au Liban pour une mission d’enquête. Elle a découvert les ravages de la guerre et s’est entretenue avec de nombreux témoins: des familles, des opposants politiques et même le président Bashar el-Assad. Son constat est clair: « Cette guerre de changement de régime ne sert pas les intérêts de l’Amérique, et elle n’est certainement pas dans l’intérêt du peuple syrien. » (IGA)


Pendant qu’à Washington on se préparait pour l’investiture du président Donald Trump, j’ai effectué, la semaine dernière, une mission d’enquête en Syrie et au Liban pour rencontrer et écouter le peuple syrien sans intermédiaires. Leurs vies ont été consumées par une guerre horrible qui a tué des centaines de milliers de Syriens et a forcé des millions d’autres à fuir leur patrie en quête de paix.
Il est clair maintenant plus que jamais : cette guerre de changement de régime ne sert pas les intérêts de l’Amérique, et elle n’est certainement pas dans l’intérêt du peuple syrien.
Nous avons rencontré ces enfants dans un refuge d’Alep ; leurs familles ont fui la partie orientale de la ville. La seule chose que ces enfants veulent, la seule chose que tous ceux que j’ai rencontré veulent, c’est la paix. Beaucoup de ces enfants n’ont connu que la guerre. Tout ce que leurs familles veulent, c’est rentrer à la maison, et retrouver la vie qu’ils avaient avant que la guerre pour renverser le gouvernement ne commence. C’est tout ce qu’ils veulent.
J’ai traversé Damas et Alep, en écoutant des Syriens de différentes parties du pays. J’ai rencontré des familles déplacées de la partie orientale d’Alep, de Raqqah, de Zabadani, de Latakia et de la périphérie de Damas. J’ai rencontré des dirigeants de l’opposition syrienne qui ont conduit les manifestations en 2011, des veuves et des enfants d’hommes qui luttaient pour le gouvernement et des veuves de ceux qui luttaient contre le gouvernement. J’ai rencontré Aoun, le président nouvellement élu du Liban et Hariri, le Premier ministre, Elizabeth Richard, l’ambassadeur américain au Liban, le président syrien Assad, le grand Mufti Hassoun, Denys Antoine Chahda, l’archevêque de l’Église catholique syrienne d’Alep, des chefs religieux musulmans et chrétiens, des étudiants, des propriétaires de petites entreprises, et d’autres encore.
Leur message au peuple américain était puissant et cohérent : il n’y a aucune différence entre les rebelles « modérés » et al-Qaïda (al-Nusra) ou Daech – ils sont tous les mêmes. Il s’agit d’une guerre entre, d’une part, des terroristes sous le commandement de groupes comme Daech et al-Qaida et, d’autre part, le gouvernement syrien. Ils supplient les États-Unis et d’autres pays d’arrêter de soutenir ceux qui détruisent la Syrie et son peuple.
J’ai entendu ce message encore et encore dans la bouche de ceux qui ont souffert, et survécu à des horreurs inexprimables. Ils m’ont demandé de faire entendre leur voix dans le monde ; Des voix frustrées qui n’ont pas été entendues en raison des fausses informations et des informations biaisées, uniformément destinées à soutenir la guerre pour un changement de régime au dépens de la vie des Syriens.
J’ai entendu des témoignages sur la façon dont les manifestations pacifiques du début ont été rapidement infiltrées par des groupes de djihadistes wahhabites comme al-Qaïda (al-Nusra), financés et soutenus par l’Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar, les États-Unis et d’autres. Ils ont exploité les manifestants pacifiques, occupé leurs communautés, tué et torturé les Syriens qui ne voulaient pas coopérer pas à leur lutte pour renverser le gouvernement.
J’ai rencontré une jeune musulmane de Zabadani qui a été enlevée, régulièrement battue et violée en 2012, alors qu’elle n’avait que 14 ans, par des « groupes rebelles » qui étaient en colère contre son père, un éleveur de moutons, qui ne leur donnait pas d’argent. Elle a assisté, horrifiée, à l’assassinat de son père, dans leur salon, par des hommes cagoulés qui ont vidé un chargeur tout entier sur lui.
J’ai rencontré un garçon qui a été kidnappé an allant acheter du pain pour sa famille. Il a été torturé, il a subi le supplice de la noyade, il a été électrocuté, placé sur une croix et fouetté, tout cela parce qu’il avait refusé d’aider les « rebelles » – il leur avait dit qu’il voulait juste aller à l’école. C’est ainsi que les « rebelles » traitent les Syriens qui ne coopèrent pas avec eux ou dont ils n’acceptent pas la religion.
Bien qu’opposés au gouvernement Assad, l’opposition politique a affirmé avec vigueur qu’elle rejetait catégorique l’utilisation de la violence pour obtenir des réformes. Les opposants politiques du gouvernement affirment que si les djihadistes wahhabites, soutenus par des gouvernements étrangers, réussissent à renverser l’État syrien, ils détruiront la Syrie et sa longue histoire de société laïque et pluraliste, une société où les peuples de toutes les religions ont toujours vécu pacifiquement côte à côte. Bien que cette opposition politique continue à vouloir des réformes, elle répète avec insistance que, tant que les gouvernements étrangers mèneront une guerre de changement de régime contre la Syrie par groupes terroristes djihadistes interposés, elle se tiendra aux côtés de l’Etat syrien et luttera pacifiquement pour une Syrie plus forte pour tous les Syriens.
À l’origine, je n’avais aucune intention de rencontrer Assad, mais quand j’en ai eu l’occasion, j’ai pensé qu’il était important de le faire. Je pense que nous devrions être capables de parler avec n’importe qui, s’il y a une chance que cela puisse contribuer à mettre fin à cette guerre qui cause tant de souffrances au peuple syrien.
J’ai rencontré ces femmes étonnantes à Barzi ; beaucoup d’entre elles ont des maris ou des membres de la famille qui se battent soit avec al-Nusra / al-Qaïda, soit avec l’armée syrienne. Quand elles arrivent dans ce centre communautaire, elles laissent tout cela derrière elles, et elles deviennent amies et, ensemble, elles apprennent toutes sortes de choses, comme la couture, etc., pour préparer leur avenir. Elles étaient des étrangères avant d’arriver à ce centre communautaire dont la mission est d’émanciper les femmes, et maintenant elles sont des « sœurs » qui partagent leurs joies et leurs peines.
Je rentre à Washington, plus que jamais résolue à mettre fin à la guerre illégale que nous menons pour renverser le gouvernement syrien. De l’Irak à la Libye et maintenant en Syrie, les États-Unis ont mené des guerres de changement de régime qui ont entraîné partout des souffrances inimaginables, tué des quantités d’innocents, et renforcé des groupes comme Al-Qaïda et Daech.
J’appelle le Congrès et la nouvelle Administration à ne pas rester indifférents aux souffrances du peuple syrien et à soutenir l’Acte pour interdire l’armement des terroristes. Nous devons arrêter de les soutenir directement et indirectement – en fournissant directement des armes, de l’entrainement et du soutien logistique aux groupes rebelles affiliés à Al-Qaïda et à Daech ; et indirectement par l’intermédiaire de l’Arabie Saoudite, des Etats du Golfe et de la Turquie. Nous devons mettre fin à notre guerre pour renverser le gouvernement syrien et nous concentrer sur la défaite d’Al-Qaïda et de Daech. Les États-Unis doivent cesser de soutenir les terroristes qui détruisent la Syrie et son peuple. Les États-Unis et les autres pays qui alimentent cette guerre doivent cesser immédiatement de le faire. Nous devons laisser le peuple syrien se remettre de cette terrible guerre.
Merci,
Tulsi Gabbard
Tulsi Gabbard est une députée démocrate étasunienne
Traduction : Dominique Muselet
Source: Le Grand Soir
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