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9 juillet 2015
Lors de sa tournée dans les Caraïbes le mois dernier où il s'est notamment rendu à Cuba, le président François Hollande en a profité pour faire une escale à Haïti, le pays le plus pauvre du continent américain. Retour sur l'histoire et le présent d'une nation meurtrie par le colonialisme français et l'impérialisme états-unien.
Souvenez-vous, c’était le 12 janvier 2010. Un tremblement de terre frappait alors Haïti et sa capitale Port-au-Prince. Un pays plongé dans le chaos total. Des dizaines de milliers de morts. Des milliers de personnes se retrouvant à la rue. Face à cette tragédie, la solidarité internationale s’organise. Les ONG se pressent sur place pour apporter les premiers secours et tenter de sauver des vies. On apporte des médicaments, des denrées alimentaires, de l’eau...
De leur côté, tous les médias ouvrent leurs journaux télévisés sur cet événement apocalyptique. Éditions spéciales sur toutes les chaînes et radios. Les journalistes sont dépêchés sur place pour rendre compte de la situation. On filme les gens morts sur les trottoirs, les bâtiments effondrés, le désespoir des habitants, le sentiment de désolation qui règne. Médias, politiques, tous s’emploient à montrer des signes d’amitié avec le peuple haïtien atteint par une des pires catastrophes de son histoire. Les déclarations affluent pour marquer la solidarité des pays occidentaux avec Haïti. Voilà pour la fraternité et la compassion de façade.
Car en réalité, le tremblement de terre qu’a vécu Haïti il y a cinq ans se reproduit tous les jours dans l’indifférence générale de la fameuse « communauté internationale ». Tous les jours ou presque, Haïti voit ses enfants mourir de faim, de malnutrition, de maladies. Et aucun des médias dominants dans les pays riches de la planète ne s’en est jamais vraiment ému. Car, en réalité, la catastrophe que vit tous les jours le pays caribéen n’est pas naturelle mais économique, politique, sociale et humanitaire. Voilà plus de deux cents ans que le tremblement de terre haïtien a commencé et il ne semble malheureusement pas près de prendre fin...
Colonialisme, dette, impérialisme : le martyr haïtien
Pour comprendre la situation effroyable qui frappe Haïti depuis des décennies, il est plus qu’urgent de revenir aux sources, aux causes qui ont fait de ce pays d’Amérique centrale l’une des nations les plus pauvres de la planète. L’Histoire nous aide ici à mieux comprendre le présent.
En 1665, la France s’approprie la partie occidentale de l’île Hispaniola alors sous domination espagnole. Ce nouveau territoire baptisé Saint-Domingue prendra le nom d’Haïti en 1804. La nouvelle colonie française se spécialise alors dans la production et l’exportation de café, de sucre et de tabac à destination du continent européen. Pour ce faire, les colons ont besoin d’une énorme quantité de main-d’œuvre et c’est d’Afrique que celle-ci viendra. Des milliers d’esclaves affluent pour travailler dans les champs. Saint-Domingue devient alors un territoire où le racisme et l’exploitation des Noirs est la règle. La société est extrêmement hiérarchisée et rigide. C’est une société de castes comme il en existe dans tout le continent américain colonisé à cette époque. Au sommet de la hiérarchie, on trouve la haute aristocratie blanche composée de propriétaires terriens d’origine européenne, ensuite viennent les autres Blancs possédant moins de pouvoir politique et social, les mulatos qui sont les métis et qui ont moins de pouvoir économique encore que n’importe quel Blanc sur l’île et enfin les esclaves, les damnés de la terre qui composent à 86% la population totale de Saint-Domingue, dépourvus de tous les droits et contraints au travail forcé et à la soumission.
Vingt ans plus tard, en 1685, un texte juridique « la pire monstruosité qu’ont produite les temps modernes » (1) est mis en vigueur par la France, c’est le Code Noir. Ce dernier établit une série d’interdictions faites aux esclaves ainsi que les sanctions qu’ils encourent s’ils ne les respectent pas.
Tout d’abord, l’esclave était considéré comme un « bien » dont le propriétaire pouvait faire ce qu’il voulait, en toute liberté. On voit ici la déshumanisation effroyable dont il est question. Les esclaves étaient considérés comme des êtres « incapables de décider et de s’occuper d’eux-mêmes », autrement dit comme des animaux à qui manquait la capacité mentale d’agir rationnellement. Ceux qui osaient fuir les plantations risquaient les pires traitements, des coups de fouet à la peine de mort en passant par l’amputation de certaines parties du corps.
La libération des esclaves étaient soumise à des conditions extrêmement strictes et les « libres » ne l’étaient qu’en apparence étant donné qu’ils devaient toujours faire preuve de soumission envers les Blancs. Néanmoins, les révoltes, les destructions de plantations y étaient fréquentes. Les esclaves souffraient en silence mais ils allaient bientôt se soulever et mettre fin à ce système raciste et abominable.
En 1791, soit deux ans après la Révolution Française, une insurrection d’esclaves menés par Toussaint L’Ouverture, lui-même ex-esclave, commence. Elle allait durer treize longues années. Les travailleurs noirs se déclarèrent hommes libres et s’en prirent aux grandes propriétés agricoles. Le leader de la révolution noire entreprit une lutte sans merci contre les bourreaux français. Il unifia toute l’île, établit des relations commerciales avec les États-Unis et envahit la partie espagnole de Saint-Domingue, ce qui provoqua la fuite des familles blanches qui se pressèrent en direction de Cuba et de Porto-Rico, effrayées par la révolution.
En 1801, soit dix ans après le soulèvement des esclaves, Toussaint l’Ouverture rédigea la première constitution du pays et l’envoya à Napoléon. Mais ce dernier n’entendait pas laisser Haïti se libérer et tomber dans les bras de ses ennemis européens. C’est pourquoi il décida aussitôt d’envoyer une expédition pour réprimer la révolte et rétablir l’ordre. Pour ce faire, il nomma à la tête de l’expédition un homme, et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de son beau-frère, Victor Emmanuel Leclerc. Quatre-vingt bateaux et plus de cinquante-huit mille soldats furent envoyés à Haïti.
Cette expédition avait pour but ultime d’exterminer littéralement tous les Noirs qui avaient participé à la révolution, comme en témoigne ce passage d’une lettre envoyée par Leclerc à Napoléon : « Voici mon opinion sur ce pays : il faut supprimer tous les Noirs des montagnes, hommes, femmes, en conservant seulement les enfants de moins de douze ans, exterminer la moitié des Noirs des plaines et ne pas laisser dans la colonie un seul mulâtre portant des épaulettes ». Ce genre de propos auraient très bien pu être prononcés par Hitler concernant l’extermination des Tziganes.
C’est dire le degré de barbarie qui habitait les militaires français à cette époque. Un an plus tard, en 1802, Toussaint L’Ouverture fut fait prisonnier et envoyé à Paris où il mourut emprisonné l’année suivante. Et c’est un autre révolutionnaire noir, Jean Jacques Dessalines qui prît la relève de la lutte.
La campagne napoléonienne en Haiti s’avéra être un véritable fiasco pour plusieurs raisons. Tout d’abord à cause de la fièvre jaune qui décima l’armée française mais aussi à cause de la lutte et de la résistance acharnée que lui opposèrent les insurgés haïtiens.
Finalement, en 1804, Jean Jacques Dessalines proclama la République d’Haïti, nom indigène qui vint remplacer le nom français de Saint-Domingue. Très rapidement, des mesures radicales furent décidées comme la confiscation des plantations ainsi qu’une réforme qui fit des anciens esclaves les seuls propriétaires des terres du pays. La nouvelle Constitution interdit en effet aux Blancs la possession de terres. Après un siècle et demi d’esclavage, de soumission, de racisme, d’exploitation, Haiti devint de manière héroïque le premier Etat indépendant d’Amérique mais aussi la première République noire du monde. La révolution haïtienne eut un impact significatif sur tout le continent étant donné qu’elle s’attaquait à deux crimes historiques : le colonialisme et l’esclavage.
En 1665, la France s’approprie la partie occidentale de l’île Hispaniola alors sous domination espagnole. Ce nouveau territoire baptisé Saint-Domingue prendra le nom d’Haïti en 1804. La nouvelle colonie française se spécialise alors dans la production et l’exportation de café, de sucre et de tabac à destination du continent européen. Pour ce faire, les colons ont besoin d’une énorme quantité de main-d’œuvre et c’est d’Afrique que celle-ci viendra. Des milliers d’esclaves affluent pour travailler dans les champs. Saint-Domingue devient alors un territoire où le racisme et l’exploitation des Noirs est la règle. La société est extrêmement hiérarchisée et rigide. C’est une société de castes comme il en existe dans tout le continent américain colonisé à cette époque. Au sommet de la hiérarchie, on trouve la haute aristocratie blanche composée de propriétaires terriens d’origine européenne, ensuite viennent les autres Blancs possédant moins de pouvoir politique et social, les mulatos qui sont les métis et qui ont moins de pouvoir économique encore que n’importe quel Blanc sur l’île et enfin les esclaves, les damnés de la terre qui composent à 86% la population totale de Saint-Domingue, dépourvus de tous les droits et contraints au travail forcé et à la soumission.
Vingt ans plus tard, en 1685, un texte juridique « la pire monstruosité qu’ont produite les temps modernes » (1) est mis en vigueur par la France, c’est le Code Noir. Ce dernier établit une série d’interdictions faites aux esclaves ainsi que les sanctions qu’ils encourent s’ils ne les respectent pas.
Tout d’abord, l’esclave était considéré comme un « bien » dont le propriétaire pouvait faire ce qu’il voulait, en toute liberté. On voit ici la déshumanisation effroyable dont il est question. Les esclaves étaient considérés comme des êtres « incapables de décider et de s’occuper d’eux-mêmes », autrement dit comme des animaux à qui manquait la capacité mentale d’agir rationnellement. Ceux qui osaient fuir les plantations risquaient les pires traitements, des coups de fouet à la peine de mort en passant par l’amputation de certaines parties du corps.
La libération des esclaves étaient soumise à des conditions extrêmement strictes et les « libres » ne l’étaient qu’en apparence étant donné qu’ils devaient toujours faire preuve de soumission envers les Blancs. Néanmoins, les révoltes, les destructions de plantations y étaient fréquentes. Les esclaves souffraient en silence mais ils allaient bientôt se soulever et mettre fin à ce système raciste et abominable.
En 1791, soit deux ans après la Révolution Française, une insurrection d’esclaves menés par Toussaint L’Ouverture, lui-même ex-esclave, commence. Elle allait durer treize longues années. Les travailleurs noirs se déclarèrent hommes libres et s’en prirent aux grandes propriétés agricoles. Le leader de la révolution noire entreprit une lutte sans merci contre les bourreaux français. Il unifia toute l’île, établit des relations commerciales avec les États-Unis et envahit la partie espagnole de Saint-Domingue, ce qui provoqua la fuite des familles blanches qui se pressèrent en direction de Cuba et de Porto-Rico, effrayées par la révolution.
En 1801, soit dix ans après le soulèvement des esclaves, Toussaint l’Ouverture rédigea la première constitution du pays et l’envoya à Napoléon. Mais ce dernier n’entendait pas laisser Haïti se libérer et tomber dans les bras de ses ennemis européens. C’est pourquoi il décida aussitôt d’envoyer une expédition pour réprimer la révolte et rétablir l’ordre. Pour ce faire, il nomma à la tête de l’expédition un homme, et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de son beau-frère, Victor Emmanuel Leclerc. Quatre-vingt bateaux et plus de cinquante-huit mille soldats furent envoyés à Haïti.
Cette expédition avait pour but ultime d’exterminer littéralement tous les Noirs qui avaient participé à la révolution, comme en témoigne ce passage d’une lettre envoyée par Leclerc à Napoléon : « Voici mon opinion sur ce pays : il faut supprimer tous les Noirs des montagnes, hommes, femmes, en conservant seulement les enfants de moins de douze ans, exterminer la moitié des Noirs des plaines et ne pas laisser dans la colonie un seul mulâtre portant des épaulettes ». Ce genre de propos auraient très bien pu être prononcés par Hitler concernant l’extermination des Tziganes.
C’est dire le degré de barbarie qui habitait les militaires français à cette époque. Un an plus tard, en 1802, Toussaint L’Ouverture fut fait prisonnier et envoyé à Paris où il mourut emprisonné l’année suivante. Et c’est un autre révolutionnaire noir, Jean Jacques Dessalines qui prît la relève de la lutte.
La campagne napoléonienne en Haiti s’avéra être un véritable fiasco pour plusieurs raisons. Tout d’abord à cause de la fièvre jaune qui décima l’armée française mais aussi à cause de la lutte et de la résistance acharnée que lui opposèrent les insurgés haïtiens.
Finalement, en 1804, Jean Jacques Dessalines proclama la République d’Haïti, nom indigène qui vint remplacer le nom français de Saint-Domingue. Très rapidement, des mesures radicales furent décidées comme la confiscation des plantations ainsi qu’une réforme qui fit des anciens esclaves les seuls propriétaires des terres du pays. La nouvelle Constitution interdit en effet aux Blancs la possession de terres. Après un siècle et demi d’esclavage, de soumission, de racisme, d’exploitation, Haiti devint de manière héroïque le premier Etat indépendant d’Amérique mais aussi la première République noire du monde. La révolution haïtienne eut un impact significatif sur tout le continent étant donné qu’elle s’attaquait à deux crimes historiques : le colonialisme et l’esclavage.
La dette comme punition
Mécontent d’avoir perdu un territoire aussi riche en matière premières, Paris ne tarda pas à réagir. Néanmoins, cette fois ci, on n’utilisa ni les fusils, ni les bateaux militaires pour faire payer à Haïti son indépendance mais une arme beaucoup plus silencieuse mais tout aussi ravageuse :la dette.
Ainsi, cette dernière se substitua aux canons et aux expéditions militaires. Elle avait pour but de punir le pays pour avoir commis le crime de se libérer du joug colonial. La France affirma explicitement en 1825 que « Les habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue verseront à la caisse fédérale des dépôts et consignations de France, en cinq termes égaux, d’année en année, le premier échéant au 31 décembre 1825, la somme de cent cinquante millions de francs, destinée à dédommager les anciens colons qui réclameront une indemnité » De manière unilatérale, la puissance coloniale européenne décida qu’Haïti allait devoir rembourser les colons sans qu’aucune discussion n’ait eu lieu avec le gouvernement haïtien. Visiblement, la France n’avait pas perdu sa posture dominatrice et paternaliste sur la nation caribéenne.
Elle exigeait donc qu’Haïti paye pour avoir arraché sa liberté. Il fallait ainsi que la nouvelle nation indépendante indemnise ceux qui avaient pendant un siècle et demi pillé les richesses du pays et mis en esclavage des millions de Noirs sous prétexte qu’ils avaient été délogés de leur propriétés. C’est en quelque sorte comme si l’Allemagne avait demandé à la France une indemnisation après la fin de la seconde guerre mondiale sous prétexte que les certains Allemands avait perdu leurs biens.
Cent cinquante millions de francs, c’est l’équivalent aujourd’hui de vingt et un milliards d’euros. Vingt et un milliards d’euros à payer pour avoir osé crier sa soif de liberté et d’indépendance. Des générations entières contraintes de payer des indemnités à des esclavagistes tortionnaires. C’est ainsi que commença la nouvelle tragédie haïtienne, avec la dette odieuse.
Ainsi, cette dernière se substitua aux canons et aux expéditions militaires. Elle avait pour but de punir le pays pour avoir commis le crime de se libérer du joug colonial. La France affirma explicitement en 1825 que « Les habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue verseront à la caisse fédérale des dépôts et consignations de France, en cinq termes égaux, d’année en année, le premier échéant au 31 décembre 1825, la somme de cent cinquante millions de francs, destinée à dédommager les anciens colons qui réclameront une indemnité » De manière unilatérale, la puissance coloniale européenne décida qu’Haïti allait devoir rembourser les colons sans qu’aucune discussion n’ait eu lieu avec le gouvernement haïtien. Visiblement, la France n’avait pas perdu sa posture dominatrice et paternaliste sur la nation caribéenne.
Elle exigeait donc qu’Haïti paye pour avoir arraché sa liberté. Il fallait ainsi que la nouvelle nation indépendante indemnise ceux qui avaient pendant un siècle et demi pillé les richesses du pays et mis en esclavage des millions de Noirs sous prétexte qu’ils avaient été délogés de leur propriétés. C’est en quelque sorte comme si l’Allemagne avait demandé à la France une indemnisation après la fin de la seconde guerre mondiale sous prétexte que les certains Allemands avait perdu leurs biens.
Cent cinquante millions de francs, c’est l’équivalent aujourd’hui de vingt et un milliards d’euros. Vingt et un milliards d’euros à payer pour avoir osé crier sa soif de liberté et d’indépendance. Des générations entières contraintes de payer des indemnités à des esclavagistes tortionnaires. C’est ainsi que commença la nouvelle tragédie haïtienne, avec la dette odieuse.
Après la France, les États-Unis
Haïti est en réalité l’un des symboles les plus marquant de l’impérialisme occidental. En effet, après Paris, c’est Washington qui s’est attaqué à ce petit État d’Amérique centrale. Durant tout le vingtième siècle, les États-Unis auront un œil plus que vigilant sur ce qui se passe en Haïti, comme dans le reste du continent d’ailleurs. Encore une fois, pour comprendre l’impérialisme états-unien en Haïti au vingtième siècle, il faut revenir dans l’histoire, en 1823 plus exactement.
Les États-Unis sont alors indépendants depuis moins de cinquante ans et comptent bien devenir une grande puissance. Pour cela, ils doivent tout d’abord mettre fin à l’occupation coloniale européenne sur le continent. C’est dans ce sens qu’est publiée en 1823 la « Doctrine Monroe ». Du nom du Président de l’époque James Monroe, cette doctrine qui façonnera toute la politique étrangère de Washington à l’égard des nations caribéennes et latino-américaines interdit à tout État européen d’établir des colonies sur le continent américain ou de s’ingérer de quelque manière que ce soit dans les affaires intérieures des nouveaux États indépendants.
C’est le fameux « L’Amérique aux Américains » qui fut en réalité l’Amérique aux États-uniens. A cette époque, il faut noter que les États-Unis n’étaient pas encore une grande puissance telle qu’on la connaît aujourd’hui. La grande puissance de l’époque, c’était l’Angleterre. A travers ses capitaux, Londres était très présente dans l’économie des pays d’Amérique Latine.
Ainsi, pour les États-Unis, l’empire britannique était un obstacle à éliminer dans sa quête d’hégémonie continentale. La déclaration Monroe eut donc pour but ultime de faire des pays latino-américains des néo-colonies sous domination états-unienne. Quelques années plus tard, le destin manifeste vient confirmer les ambitions de Washington dans la région. Ce dernier parut en 1840 affirme que les États-Unis sont destinés par la Providence à dominer le continent américain du Canada à l’Argentine. Il est dit que « C’est notre destinée manifeste de nous déployer sur le continent confié par la Providence pour le libre développement de notre grandissante multitude. »
L’ancien président républicain, William Taft affirmant même « Tout l’hémisphère sera à nous, de fait, en vertu de notre supériorité raciale. Il est déjà à nous moralement ». « Supériorité raciale », le genre d’expressions qui ont si souvent été utilisées pour tenter de justifier les pires atrocités. C’est donc avec cet esprit-là que sera conduite la politique extérieure de Washington et notamment en Haïti.
Sous prétexte de défendre le peuple haïtien de l’influence européenne, les marines états-uniens débarquèrent à Haïti en 1915. Ils en profitèrent pour y exiger le contrôle des douanes et créèrent une Garde Nationale sous mandat des États-Unis. On exporta notamment à Haïti le modèle de ségrégation raciale en vigueur aux États-Unis.
Mais surtout, et c’est là le principal intérêt de l’invasion et de l’occupation, les multinationales devinrent les maîtres du pays. On pourrait citer la présence de la Standard Fruit qui investit dans les plantations de bananes pour l’exportation ou encore la National City Bank qui accorda des prêts aux différents gouvernements de facto qui se succédaient lors de l’occupation. Et voilà comment le cycle infernal de la dette se poursuivit. Le pouvoir, lui, résidait dans les mains des officiels blanc nord-américains.
Les États-Unis se retirèrent en 1935 laissant derrière eux le pays le plus pauvre du continent. L’occupation avait en effet ruiné le pays et l’endettement ne cessait de croître. Mais les véritable bénéfices de cette occupation allaient bien évidemment aux maîtres de l’économie : les puissantes compagnies étrangères.
Les États-Unis sont alors indépendants depuis moins de cinquante ans et comptent bien devenir une grande puissance. Pour cela, ils doivent tout d’abord mettre fin à l’occupation coloniale européenne sur le continent. C’est dans ce sens qu’est publiée en 1823 la « Doctrine Monroe ». Du nom du Président de l’époque James Monroe, cette doctrine qui façonnera toute la politique étrangère de Washington à l’égard des nations caribéennes et latino-américaines interdit à tout État européen d’établir des colonies sur le continent américain ou de s’ingérer de quelque manière que ce soit dans les affaires intérieures des nouveaux États indépendants.
C’est le fameux « L’Amérique aux Américains » qui fut en réalité l’Amérique aux États-uniens. A cette époque, il faut noter que les États-Unis n’étaient pas encore une grande puissance telle qu’on la connaît aujourd’hui. La grande puissance de l’époque, c’était l’Angleterre. A travers ses capitaux, Londres était très présente dans l’économie des pays d’Amérique Latine.
Ainsi, pour les États-Unis, l’empire britannique était un obstacle à éliminer dans sa quête d’hégémonie continentale. La déclaration Monroe eut donc pour but ultime de faire des pays latino-américains des néo-colonies sous domination états-unienne. Quelques années plus tard, le destin manifeste vient confirmer les ambitions de Washington dans la région. Ce dernier parut en 1840 affirme que les États-Unis sont destinés par la Providence à dominer le continent américain du Canada à l’Argentine. Il est dit que « C’est notre destinée manifeste de nous déployer sur le continent confié par la Providence pour le libre développement de notre grandissante multitude. »
L’ancien président républicain, William Taft affirmant même « Tout l’hémisphère sera à nous, de fait, en vertu de notre supériorité raciale. Il est déjà à nous moralement ». « Supériorité raciale », le genre d’expressions qui ont si souvent été utilisées pour tenter de justifier les pires atrocités. C’est donc avec cet esprit-là que sera conduite la politique extérieure de Washington et notamment en Haïti.
Sous prétexte de défendre le peuple haïtien de l’influence européenne, les marines états-uniens débarquèrent à Haïti en 1915. Ils en profitèrent pour y exiger le contrôle des douanes et créèrent une Garde Nationale sous mandat des États-Unis. On exporta notamment à Haïti le modèle de ségrégation raciale en vigueur aux États-Unis.
Mais surtout, et c’est là le principal intérêt de l’invasion et de l’occupation, les multinationales devinrent les maîtres du pays. On pourrait citer la présence de la Standard Fruit qui investit dans les plantations de bananes pour l’exportation ou encore la National City Bank qui accorda des prêts aux différents gouvernements de facto qui se succédaient lors de l’occupation. Et voilà comment le cycle infernal de la dette se poursuivit. Le pouvoir, lui, résidait dans les mains des officiels blanc nord-américains.
Les États-Unis se retirèrent en 1935 laissant derrière eux le pays le plus pauvre du continent. L’occupation avait en effet ruiné le pays et l’endettement ne cessait de croître. Mais les véritable bénéfices de cette occupation allaient bien évidemment aux maîtres de l’économie : les puissantes compagnies étrangères.
La dynastie des Duvalier
Une nouvelle Constitution autorisa les étrangers à acquérir des propriétés, ce qui était interdit depuis l’indépendance. La dépendance envers les États-Unis, elle, était de plus en plus évidente. C’est dans ce contexte là que Francois Duvalier alias « Papa Doc » accéda au pouvoir en 1957. Il mit en place une féroce dictature au service de la nouvelle classe dominante haïtienne, la bourgeoisie noire, ainsi qu’au service des multinationales états-uniennes. Il constitua le pantin par excellence.
Peu après son arrivée au pouvoir, il supprima le Sénat, musela la presse, s’attaqua à toutes les organisations sociales et politiques qui s’opposaient à son pouvoir et créa un groupe de choc, les fameux tontons macoutes qui avaient notamment pour mission de traquer les opposants en terrorisant la société et en n’hésitant pas à recourir à la torture et aux assassinats. Ils étaient les hommes de mains du dictateur.
Étant donné la position géostratégique importante d’Haïti, les États-Unis utilisèrent Port-au-Prince pour contrer l’influence grandissante de Cuba dans la région. En bon petit serviteur de Washington, François Duvalier vota en 1962 l’exclusion de Cuba de l’Organisation des États Américains.
Haïti reçut à la même époque des milliards de dollars de prêt de la part du FMI et des États-Unis en échange de la libéralisation économique du pays. Cet argent, au lieu d’aller nourrir l’économie, était détourné par la corruption et l’enrichissement personnel du dictateur, comme en témoigne la ville que François Duvalier fit construire pour lui et ses proches à 35 kilomètres de Port-au-Prince. Une nouvelle dette odieuse était créée et le peuple haïtien en était la première victime. La misère, le chômage, la faim, les maladies frappaient alors de plein fouet l’immense majorité des habitants. L’analphabétisme atteignait les 92%.
Mais ce qui marqua profondément la mort économique du pays furent les accords de libre-échange signés avec les États-Unis. Un véritable baiser de la mort donné par Washington à Port-au-Prince. Des mesures néolibérales qui, avec la dette, constituent les deux principaux obstacles au développement de la nation haïtienne.
En quoi consistent concrètement ces accords ? Impulsés par le FMI et la Banque Mondiale, ils ont eu pour but de libéraliser totalement le commerce en supprimant les barrières douanières. Dorénavant, tout produit étranger pouvait entrer librement sur le sol haïtien. Un système qui favorisait grandement les pays riches notamment les États-Unis et marqua la mort de toute l’économie haïtienne et en particulier l’agriculture. Comment ?
En ouvrant ses frontières, Haïti favorisa l’importation de produits depuis les Etats-Unis, comme le riz par exemple. Ce riz était subventionné par le gouvernement de Washington, ce qui permettait aux agriculteurs états-uniens d’exporter leur produit à bas coût. Cependant, les agriculteurs haïtiens, eux, ne bénéficiaient d’aucune subvention de leur Etat et ne pouvaient donc se permettre de vendre leur riz au même prix que celui venant de la puissance du Nord sous peine de perdre beaucoup d’argent. Cette compétition inégale permit au riz états-unien d’envahir le marché haïtien et entraîna la paupérisation de milliers d’agriculteurs de la nation créole ainsi qu’un exode rural qui se terminait dans les bidonvilles des grandes villes.
Justement, en parlant de bidonvilles et d’arrivée massive de nouveaux travailleurs, les États-Unis, qui avaient été responsables de leur exode à cause de leur politique économique sauvage, avaient tout prévu pour les recaser, en tout cas quelques-uns. Où terminaient donc ces damnés de la terre ? Dans ce qui fut communément appelé les « ateliers à sueur » (sweat shops). Des usines insalubres appartenant à de grandes entreprises états-uniennes qui employaient des milliers d’Haïtiens dans des conditions de quasi-esclavage et pour des salaires de misère. Ces accords de libre-échange poursuivis et amplifiés par le successeur de François Duvalier - qui n’était autre que son fils, Jean-Claude Duvalier alias « bébé doc » - furent un désastre sans nom pour l’économie et la vie des Haïtiens. En revanche, les États-Unis qui ne cessèrent de développer ce genre de politique commerciale néolibérale avec les pays du Sud étaient les grands gagnants.
Jean Claude Duvalier alors nouveau Prince du pays continua sur la même ligne que son père et gouverna de 1971 à 1986 après quoi il fut chassé du pouvoir à la suite d’une révolte populaire où l’Église joua un rôle important.
Peu après son arrivée au pouvoir, il supprima le Sénat, musela la presse, s’attaqua à toutes les organisations sociales et politiques qui s’opposaient à son pouvoir et créa un groupe de choc, les fameux tontons macoutes qui avaient notamment pour mission de traquer les opposants en terrorisant la société et en n’hésitant pas à recourir à la torture et aux assassinats. Ils étaient les hommes de mains du dictateur.
Étant donné la position géostratégique importante d’Haïti, les États-Unis utilisèrent Port-au-Prince pour contrer l’influence grandissante de Cuba dans la région. En bon petit serviteur de Washington, François Duvalier vota en 1962 l’exclusion de Cuba de l’Organisation des États Américains.
Haïti reçut à la même époque des milliards de dollars de prêt de la part du FMI et des États-Unis en échange de la libéralisation économique du pays. Cet argent, au lieu d’aller nourrir l’économie, était détourné par la corruption et l’enrichissement personnel du dictateur, comme en témoigne la ville que François Duvalier fit construire pour lui et ses proches à 35 kilomètres de Port-au-Prince. Une nouvelle dette odieuse était créée et le peuple haïtien en était la première victime. La misère, le chômage, la faim, les maladies frappaient alors de plein fouet l’immense majorité des habitants. L’analphabétisme atteignait les 92%.
Mais ce qui marqua profondément la mort économique du pays furent les accords de libre-échange signés avec les États-Unis. Un véritable baiser de la mort donné par Washington à Port-au-Prince. Des mesures néolibérales qui, avec la dette, constituent les deux principaux obstacles au développement de la nation haïtienne.
En quoi consistent concrètement ces accords ? Impulsés par le FMI et la Banque Mondiale, ils ont eu pour but de libéraliser totalement le commerce en supprimant les barrières douanières. Dorénavant, tout produit étranger pouvait entrer librement sur le sol haïtien. Un système qui favorisait grandement les pays riches notamment les États-Unis et marqua la mort de toute l’économie haïtienne et en particulier l’agriculture. Comment ?
En ouvrant ses frontières, Haïti favorisa l’importation de produits depuis les Etats-Unis, comme le riz par exemple. Ce riz était subventionné par le gouvernement de Washington, ce qui permettait aux agriculteurs états-uniens d’exporter leur produit à bas coût. Cependant, les agriculteurs haïtiens, eux, ne bénéficiaient d’aucune subvention de leur Etat et ne pouvaient donc se permettre de vendre leur riz au même prix que celui venant de la puissance du Nord sous peine de perdre beaucoup d’argent. Cette compétition inégale permit au riz états-unien d’envahir le marché haïtien et entraîna la paupérisation de milliers d’agriculteurs de la nation créole ainsi qu’un exode rural qui se terminait dans les bidonvilles des grandes villes.
Justement, en parlant de bidonvilles et d’arrivée massive de nouveaux travailleurs, les États-Unis, qui avaient été responsables de leur exode à cause de leur politique économique sauvage, avaient tout prévu pour les recaser, en tout cas quelques-uns. Où terminaient donc ces damnés de la terre ? Dans ce qui fut communément appelé les « ateliers à sueur » (sweat shops). Des usines insalubres appartenant à de grandes entreprises états-uniennes qui employaient des milliers d’Haïtiens dans des conditions de quasi-esclavage et pour des salaires de misère. Ces accords de libre-échange poursuivis et amplifiés par le successeur de François Duvalier - qui n’était autre que son fils, Jean-Claude Duvalier alias « bébé doc » - furent un désastre sans nom pour l’économie et la vie des Haïtiens. En revanche, les États-Unis qui ne cessèrent de développer ce genre de politique commerciale néolibérale avec les pays du Sud étaient les grands gagnants.
Jean Claude Duvalier alors nouveau Prince du pays continua sur la même ligne que son père et gouverna de 1971 à 1986 après quoi il fut chassé du pouvoir à la suite d’une révolte populaire où l’Église joua un rôle important.
Un nouveau président trop indépendant pour Washington
Marqué par des années de souffrances économiques dues aux accords de libre-échange signés avec les États-Unis, le peuple haïtien décida que ce temps-là était révolu. Il élut donc un président réformiste du nom de Jean-Bertrand Aristide. Ce dernier s’engagea à mener une réforme agraire pour aider les paysans, à développer les infrastructures, à augmenter les salaires et à donner plus de droits aux travailleurs.
Autant de mesures populaires qui ne concordaient pas avec les intérêts des Etats-Unis. Résultat ? Aristide fut purement et simplement chassé du pouvoir en 1991. Trois ans plus tard, Aristide pût retourner au pouvoir mais le nouveau président Bill Clinton lui posa une condition : celle de devoir appliquer un plan d’ajustement structurel, autrement dit, il exigea qu’Haïti fasse un grand bond en arrière et retourne aux années Duvalier.
Aristide accepta en partie le deal, ce qui mit fin à tout espoir de réforme. Néanmoins, le président haïtien demanda aux États-Unis de rembourser 21 milliards de dollars en guise de dédommagement pour l’occupation états-unienne ainsi que les décisions politiques qui avaient plongé le pays dans un complet marasme économique. Face à cet ultime sursaut d’orgueil et de dignité du président haïtien, les États-Unis décidèrent que le temps des discussions était fini et qu’il fallait passer à la vitesse supérieure, c’est à dire mettre fin une fois pour toute au gouvernement d’Aristide.
Ce fut le cas en 2004 lorsque la classe dominante haïtienne soutenue par la Maison-Blanche renversa Aristide. Il fut immédiatement remplacé par un président marionnette, Gérard Latortue qui accéda au pouvoir notamment grâce aux forces de l’ONU. Ce dernier abdiqua immédiatement face à Washington.
Aristide avait donc commis le crime de s’opposer très clairement lors de son premier mandat aux intérêts des Etats-Unis et de résister comme il le pouvait lors du second. L’histoire d’un Président centre-américain ou latino-américain qui s’oppose à l’hégémonie de Washington et qui finit renversé, assassiné, victime d’un accident suspect fut très courant en Amérique Latine notamment dans les années 1960, 1970,1980 et jusqu’à aujourd’hui. On se souvient notamment des tentatives de coups d’Etat contre Hugo Chavez au Venezuela ou Evo Morales en Bolivie, ou plus tragiquement les renversements de deux Présidents élus démocratiquement, Manuel Zelaya au Honduras en 2009 et Fernando Lugo en 2012. Aristide n’avait pas échappé à la règle.
Autant de mesures populaires qui ne concordaient pas avec les intérêts des Etats-Unis. Résultat ? Aristide fut purement et simplement chassé du pouvoir en 1991. Trois ans plus tard, Aristide pût retourner au pouvoir mais le nouveau président Bill Clinton lui posa une condition : celle de devoir appliquer un plan d’ajustement structurel, autrement dit, il exigea qu’Haïti fasse un grand bond en arrière et retourne aux années Duvalier.
Aristide accepta en partie le deal, ce qui mit fin à tout espoir de réforme. Néanmoins, le président haïtien demanda aux États-Unis de rembourser 21 milliards de dollars en guise de dédommagement pour l’occupation états-unienne ainsi que les décisions politiques qui avaient plongé le pays dans un complet marasme économique. Face à cet ultime sursaut d’orgueil et de dignité du président haïtien, les États-Unis décidèrent que le temps des discussions était fini et qu’il fallait passer à la vitesse supérieure, c’est à dire mettre fin une fois pour toute au gouvernement d’Aristide.
Ce fut le cas en 2004 lorsque la classe dominante haïtienne soutenue par la Maison-Blanche renversa Aristide. Il fut immédiatement remplacé par un président marionnette, Gérard Latortue qui accéda au pouvoir notamment grâce aux forces de l’ONU. Ce dernier abdiqua immédiatement face à Washington.
Aristide avait donc commis le crime de s’opposer très clairement lors de son premier mandat aux intérêts des Etats-Unis et de résister comme il le pouvait lors du second. L’histoire d’un Président centre-américain ou latino-américain qui s’oppose à l’hégémonie de Washington et qui finit renversé, assassiné, victime d’un accident suspect fut très courant en Amérique Latine notamment dans les années 1960, 1970,1980 et jusqu’à aujourd’hui. On se souvient notamment des tentatives de coups d’Etat contre Hugo Chavez au Venezuela ou Evo Morales en Bolivie, ou plus tragiquement les renversements de deux Présidents élus démocratiquement, Manuel Zelaya au Honduras en 2009 et Fernando Lugo en 2012. Aristide n’avait pas échappé à la règle.
Hollande et la France : le mépris jusqu’au bout
Ainsi, le président François Hollande s’est rendu en Haïti le 13 mai dernier pour rencontrer son homologue Michel Martelly. Des millions d’Haïtiens attendaient un geste fort de la part du Président français, notamment la reconnaissance des crimes du colonialisme mais aussi et surtout le remboursement de la dette que l’Hexagone doit à Haïti, soit plus de 17 milliards d’euros. Certains crurent en Hollande lorsqu’il évoqua le mot « dette » mais ils furent rapidement refroidis par le mot qui suivit :« morale ». Les choses étaient désormais claires, oui à la reconnaissance des horreurs du passé mais non au remboursement de cette dette odieuse qui marqua le véritable point de départ de la tragédie haïtienne. Pour consoler les Haïtiens, François Hollande promit que la France débloquerait rapidement...130 millions d’euros pour l’éducation. Une mesure qui marque un mépris profond et une insulte envers les millions d’Haïtiens. 130 millions d’euros soit 0,7% du total de la dette que Paris doit à Port-au-Prince. Sans commentaire.
Des prêts de temps en temps, comme pour maintenir le pays dans la soumission et la dépendance. Des prêts qui très souvent finissent d’ailleurs à ne servir qu’à rembourser la dette du pays.
La nation caribéenne est aujourd’hui la plus pauvre d’Amérique. Selon la chaîne d’information Telesur, plus de 53,5% des Haïtiens souffrent de sous-alimentation. 58,8% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. L’espérance de vie n’atteint que 63% en 2013. Voilà trois chiffres qui permettent de donner un panorama social et humanitaire de la catastrophe en Haïti.
Ce n’est donc pas en tentant de faire la charité que Paris réglera les problèmes en Haïti. Car, en définitive, la France n’est pas la solution, c’est l’un des problèmes. Que soient rendus les 17 milliards d’euros et qu’on laisse ce pays se développer en toute indépendance en cessant de vouloir y imposer ses vues et renverser des Présidents qui ne se soumettent pas aux diktats des multinationales, du FMI, de la Banque Mondiale et de l’Organisation Mondiale du Commerce.
Des prêts de temps en temps, comme pour maintenir le pays dans la soumission et la dépendance. Des prêts qui très souvent finissent d’ailleurs à ne servir qu’à rembourser la dette du pays.
La nation caribéenne est aujourd’hui la plus pauvre d’Amérique. Selon la chaîne d’information Telesur, plus de 53,5% des Haïtiens souffrent de sous-alimentation. 58,8% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. L’espérance de vie n’atteint que 63% en 2013. Voilà trois chiffres qui permettent de donner un panorama social et humanitaire de la catastrophe en Haïti.
Ce n’est donc pas en tentant de faire la charité que Paris réglera les problèmes en Haïti. Car, en définitive, la France n’est pas la solution, c’est l’un des problèmes. Que soient rendus les 17 milliards d’euros et qu’on laisse ce pays se développer en toute indépendance en cessant de vouloir y imposer ses vues et renverser des Présidents qui ne se soumettent pas aux diktats des multinationales, du FMI, de la Banque Mondiale et de l’Organisation Mondiale du Commerce.
Quel avenir pour Haïti ?
Le moins que l’on puisse dire cinq ans après le tremblement de terre, c’est que les politiques, les pays occidentaux et les médias dominants ont complètement cessé d’évoquer la situation en Haïti. C’est bien pourquoi on peut légitimement parler de « solidarité » et de « compassion » de façade. Car, si les médias notamment se souciaient réellement du sort réservé à Haïti, ils auraient dû être sur place depuis bien longtemps pour montrer aux téléspectateurs les gens qui, à défaut de pouvoir manger de la vraie nourriture, se nourrissent de galettes de terre. Si les médias se préoccupaient réellement de la situation dans le pays, alors depuis bien longtemps, ils auraient dû faire leur travail et informer les citoyens sur les causes profondes de ce drame sans nom. Et, si ces médias étaient réellement des contre-pouvoirs comme ils aiment l’autoproclamer, alors ils auraient dû immédiatement critiquer le Président français quand celui-ci a proposé la somme minable et honteuse de 130 millions d’euros pour « encourager » l’éducation.
Au lieu de cela, silence total. Sans doute que les « nouveaux chiens de garde » ont des sujets plus importants à traiter comme celui de la naissance du bébé royal anglais. Misère !
Encore une fois, c’est d’Amérique Latine que sont venus les réflexions et les discours les plus forts et les plus émouvants à destination du peuple haïtien. Tout d’abord, la réflexion du leader de la révolution cubaine Fidel Castro qui écrivit ceci après le tremblement de terre :
« La tragédie émeut en toute bonne foi un grand nombre de personnes, spécialement de par son caractère naturel. Mais très peu d’entre eux s’arrêtent et se posent la question : pourquoi Haïti est-il si pauvre ? Pourquoi sa population dépend-elle à presque 50% des mandats envoyés de l’extérieur par leurs familles ? Pourquoi ne pas analyser également les réalités qui conduisent à la situation actuelle de Haïti et à ses énormes souffrances ? Le plus curieux dans cette histoire, c’est que personne ne dit un mot pour rappeler qu’Haïti a été le premier pays dans lequel 400.000 Africains, mis en esclavage et objets du trafic des Européens, se sont soulevés contre 30.000 propriétaires blancs de plantations de canne à sucre et de café, accomplissant la première grande révolution sociale de notre hémisphère. Les pages d’une indépassable gloire ont été écrites. Là-bas, le plus éminent général de Napoléon a été vaincu. Haïti est le produit du colonialisme. Haïti est le produit du colonialisme et de l’impérialisme, de plus d’un siècle d’exploitation de ses ressources humaines, dans les travaux les plus durs, victimes des interventions militaires et de l’extraction de ses richesses. Cette oubli historique n’est pas aussi dramatique que la situation actuelle d’Haïti, une honte pour notre époque, dans un monde où prévalent l’exploitation des habitants de la planète et le pillage de ses ressources ».
Au lieu de cela, silence total. Sans doute que les « nouveaux chiens de garde » ont des sujets plus importants à traiter comme celui de la naissance du bébé royal anglais. Misère !
Encore une fois, c’est d’Amérique Latine que sont venus les réflexions et les discours les plus forts et les plus émouvants à destination du peuple haïtien. Tout d’abord, la réflexion du leader de la révolution cubaine Fidel Castro qui écrivit ceci après le tremblement de terre :
« La tragédie émeut en toute bonne foi un grand nombre de personnes, spécialement de par son caractère naturel. Mais très peu d’entre eux s’arrêtent et se posent la question : pourquoi Haïti est-il si pauvre ? Pourquoi sa population dépend-elle à presque 50% des mandats envoyés de l’extérieur par leurs familles ? Pourquoi ne pas analyser également les réalités qui conduisent à la situation actuelle de Haïti et à ses énormes souffrances ? Le plus curieux dans cette histoire, c’est que personne ne dit un mot pour rappeler qu’Haïti a été le premier pays dans lequel 400.000 Africains, mis en esclavage et objets du trafic des Européens, se sont soulevés contre 30.000 propriétaires blancs de plantations de canne à sucre et de café, accomplissant la première grande révolution sociale de notre hémisphère. Les pages d’une indépassable gloire ont été écrites. Là-bas, le plus éminent général de Napoléon a été vaincu. Haïti est le produit du colonialisme. Haïti est le produit du colonialisme et de l’impérialisme, de plus d’un siècle d’exploitation de ses ressources humaines, dans les travaux les plus durs, victimes des interventions militaires et de l’extraction de ses richesses. Cette oubli historique n’est pas aussi dramatique que la situation actuelle d’Haïti, une honte pour notre époque, dans un monde où prévalent l’exploitation des habitants de la planète et le pillage de ses ressources ».
Et puis un autre grand homme de ce grand continent prit la parole devant l’Assemblée Nationale de son pays pour apporter son soutien à Haïti. Cet homme, vous l’aurez peut-être deviné, c’est Hugo Chavez. Il déclara à la suite du tremblement de terre :
« Tant que ne s’achèvera pas le colonialisme, tant que ne s’achèvera pas l’impérialisme et je dirais plus : tant que ne s’achèvera pas le capitalisme, nous aurons des situations et des peuples vivant la douloureuse situation que vit Haïti ». L’ancien Président vénézuélien fit également part de son émotion lorsqu’il visita pour la première fois Haïti. Il raconta très ému :
« Lorsqu’il y a plusieurs années, pour la première fois, nous avons visité Haïti, je vous le confesse, j’ai eu envie de me mettre à pleurer. Avec ce peuple dans la rue, une joie, un espoir, une magie et une misère... Et je me rappelle une phrase qui m’est sortie du coeur. J’ai dit à un de mes compagnons les plus proches à la descente de la camionnette, je lui ai dit regarde compagnon : « les portes de l’enfer habité par des anges noirs ». Car c’est un peuple angélique. Et je ratifie tout notre engagement, celui de notre peuple, de tout le peuple vénézuélien avec le peuple d’Haïti, de la révolution bolivarienne avec le peuple d’Haïti, avec sa douleur, avec sa tragédie, avec son espoir ».
Tout comme pendant des années, les mouvements de gauche à travers le monde se sont mobilisés pour que soit mis fin à l’embargo contre Cuba, nous devons en tant que médias alternatifs, organisations altermondialistes, opinions publiques, citoyens, lutter au quotidien malgré le peu de moyens que nous avons pour faire entendre la voix du peuple haïtien afin que ce dernier puisse conquérir sa véritable et définitive indépendance !
Source : Le Journal de Notre Amérique n°5, Investig’Action, juin 2015.
« Tant que ne s’achèvera pas le colonialisme, tant que ne s’achèvera pas l’impérialisme et je dirais plus : tant que ne s’achèvera pas le capitalisme, nous aurons des situations et des peuples vivant la douloureuse situation que vit Haïti ». L’ancien Président vénézuélien fit également part de son émotion lorsqu’il visita pour la première fois Haïti. Il raconta très ému :
« Lorsqu’il y a plusieurs années, pour la première fois, nous avons visité Haïti, je vous le confesse, j’ai eu envie de me mettre à pleurer. Avec ce peuple dans la rue, une joie, un espoir, une magie et une misère... Et je me rappelle une phrase qui m’est sortie du coeur. J’ai dit à un de mes compagnons les plus proches à la descente de la camionnette, je lui ai dit regarde compagnon : « les portes de l’enfer habité par des anges noirs ». Car c’est un peuple angélique. Et je ratifie tout notre engagement, celui de notre peuple, de tout le peuple vénézuélien avec le peuple d’Haïti, de la révolution bolivarienne avec le peuple d’Haïti, avec sa douleur, avec sa tragédie, avec son espoir ».
Tout comme pendant des années, les mouvements de gauche à travers le monde se sont mobilisés pour que soit mis fin à l’embargo contre Cuba, nous devons en tant que médias alternatifs, organisations altermondialistes, opinions publiques, citoyens, lutter au quotidien malgré le peu de moyens que nous avons pour faire entendre la voix du peuple haïtien afin que ce dernier puisse conquérir sa véritable et définitive indépendance !
Source : Le Journal de Notre Amérique n°5, Investig’Action, juin 2015.
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