13 mars 2015
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Le président des États-Unis, Barack Obama, a annoncé lundi 9 mars l'adoption de nouvelles sanctions contre le Venezuela. La marionnette de la Maison Blanche a ainsi qualifié le Venezuela de « menace pour la sécurité » des États-Unis. Une ingérence, une de plus de la part de Washington dans sa croisade anti-bolivarienne.
Une escalade des sanctions
Depuis l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chavez à la tête du Venezuela, les États-Unis n’ont cessé de pratiquer une politique hostile envers Caracas. Déstabilisations, soutien politique et financier à l’opposition putschiste, guerre économique, guerre médiatique... Malgré cet arsenal belliciste, Washington que ce soit sous George Bush ou Barack Obama, les deux étant quasiment identiques à une couleur de peau près, ont échoué dans leur but de détruire la révolution bolivarienne. Néanmoins, les États-Unis, malgré leurs échecs patents et le rejet de plus en plus viscéral dont ils font l’objet en Amérique Latine n’entendent pas abandonner pour autant leur guerre contre le Venezuela. En témoigne l’escalade des sanctions décidées par l’administration états-unienne à l’égard du gouvernement bolivarien. Le 18 décembre 2014 déjà, Barack Obama décide de sanctions contre le Venezuela, immédiatement approuvés par le Congrès. Ces derniers imposent une restriction de visas à des fonctionnaires vénézuéliens que Washington accuse d’avoir organisé la « répression » lors des manifestations violentes de l’opposition qui se sont déroulés de février à mai 2014 et qui ont causé la mort de 43 personnes.
Puis lundi, le président états-unien est monté d’un cran en désignant Caracas comme une « rare et extraordinaire menace à la sécurité nationale et à la politique extérieur des États-Unis » (1). Rien que ça !
La Maison-Blanche a également déclaré être « profondément préoccupé par les efforts du gouvernement vénézuélien pour accroître l’intimidation sur ses adversaires politiques » et exige la libération des « prisonniers politiques ». Toutes ces sanctions répétées mais surtout inefficace à l’encontre du gouvernement et du peuple vénézuélien sont la preuve de la frustration et de l’agacement de Washington de voir à quelques centaines de kilomètres de ses côtes un gouvernement populaire et révolutionnaire revendiquer son indépendance économique, politique, militaire et culturelle. Ce scénario rappelle étrangement le cas de la révolution cubaine. Quand l’impérialisme se trouve mis en échec par des peuples qui crient leur soif de liberté et d’indépendance, il se crispe et devient dangereux.
Les États-Unis sont chaque jour un peu plus exaspérés de voir un gouvernement hostile à leurs intérêts économiques, énergétiques et géopolitiques leur résister. C’est pourquoi les administrations, tant démocrate que républicaine - les deux exerçant à un amendement près la même politique tant intérieure qu’extérieure- veulent plus que jamais en finir avec une révolution qui a trop duré.
Éternel prétexte des droits de l’homme
Pour entrer en guerre contre un pays, pour le déstabiliser ou pour le coloniser, l’agresseur a besoin de prétextes pour justifier ses objectifs. Depuis 1492, les puissances occidentales ont utilisé tous les arguments possibles pour convaincre du bien-fondé de leurs actions impérialistes. Mission « civilisatrice », intervention dans un pays pour y apporter la « démocratie » et les « droits de l’homme »... Alors on nous a raconté que l’intervention en Libye avait pour but de débarrasser le pays d’un « tyran » et d’y apporter la « démocratie », que Saddam Hussein avait des « armes de destruction massive », qu’il fallait intervenir en Afghanistan pour sauver les femmes, que Salvador Allende était un apprenti dictateur communiste...
S’agissant du Venezuela, le discours n’a pas changé. Hugo Chavez était un « dictateur » et son successeur Nicolas Maduro « l’est tout autant ». L’opposition ne peut pas « s’exprimer ». « La liberté d’expression est bafouée. » Bref, des mensonges répétés qui visent à délégitimer un pays du Sud qui a commis le crime odieux de vouloir se développer en toute indépendance.
Les choses n’ont pas tellement changé voire pas du tout avec la nouvelle administration Obama. Ainsi, le président états-unien s’est dit « préoccupé » par la situation des « prisonniers politiques » vénézuéliens, en référence au maire de Caracas Carlos Ledezma et du dirigeant d’extrême droite Leopoldo Lopez, tout deux emprisonnés. Pour la Maison-Blanche, leur détention a été orchestrée par le président Maduro dans le but d’asseoir son pouvoir et de faire taire toute contestation. La réalité s’avère être bien différente. Ces hommes que Washington ne cessent d’adouber en exigeant leur libération sont en réalité des putschistes et des ennemis de la démocratie et de la paix. Leopoldo Lopez, dirigeant d’extrême droite, a participé activement au coup d’État d’avril 2002 contre le président démocratiquement élu, Hugo Chavez. Début 2014, il a été avec sa compère Maria Corina Machado et Carlos Ledezma l’instigateur des manifestations violentes qui ont eu pour but de pousser le président Maduro et son gouvernement vers la sortie. Il a de plus participé à la rédaction de l’ « accord de transition » qui visait à préparer l’après Maduro. De son coté, Carlos Ledezma a été accusé à de nombreuses reprises de malversations, de corruption lorsqu’il était maire notamment. Puis il a également soutenu les militaires qui ont tenté de renverser Hugo Chavez le 11 avril 2002 (2).
Tout ça pour montrer le fossé énorme entre la description de « martyr de la liberté » que font les États-Unis de Lopez et Ledezma et la réalité.
Ensuite, une question fondamentale se pose : les États-Unis d’Amérique sont- ils réellement les mieux placés pour donner des leçons de droits de l’homme ? Si on en s’en tient à l’histoire officielle, celle qui écrite dans les manuels scolaires et que les médias défendent, alors oui les États-Unis sont le pays de la « démocratie » et de la « liberté ». Ce conte idyllique a malheureusement été court-circuité par une histoire officieuse bien réelle et bien différente, décrite par des intellectuels tels que Howard Zinn (3) ou Noam Chomsky. Une histoire à l’opposé de cette histoire dominante qu’on veut nous imposer.
Ainsi, depuis leur création, les États-Unis ont aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de leurs frontières attenté contre les droits de l’homme. Esclavage, racisme, ségrégation, répression policière, justice de race... Et l’arrivée d’un noir à la présidence de la République n’a pas mis fin au racisme d’État, à la violence et aux discriminations en tout genre. Il ne se passe plus une semaine sans qu’un jeune noir tombe sous les balles de la police. Il y a quelques jours, un SDF noir sans défense était froidement abattu par la police de Los Angeles (4). La vidéo insoutenable de son assassinat a fait le tour du monde et vient témoigner de la manière dont sont traités les pauvres noirs dans le pays de l’oncle Sam. La justice, elle se range en permanence du côté des policiers blancs assassins. Une justice de race mais aussi de classe. Alors que les États-Unis dénoncent la « violence » et l’ « autoritarisme » du gouvernement vénézuélien, que dire des manifestations violemment réprimés d’Occupy Wall Street ? Tout mouvement contestataire aux États-Unis subit constamment les foudres de la répression policière. Barack Obama, représentant de la classe dominante et réincarnation de l’Oncle Tom n’avait pas hésité à appeler les manifestants de Ferguson au calme après que le grand jury ait décidé de ne pas poursuivre Darren Wilson, le policier blanc qui avait assassiné Michael Brown. Ces manifestants qui réclamaient tout simplement que justice soit faite furent renvoyés chez eux par un président en qui ils avaient fondé d’immenses espoirs.
Enfin, on a souvent tendance à décrire la violence comme quelque chose de physique. Certes la violence peut et est principalement de cette nature mais elle est également sociale, économique, politique... Ainsi, dans un pays aussi riche où une infime partie de la population possède des milliards de dollars sur son compte en banque, le fait qu’il y ait des millions d’états-uniens sans logement, sans travail, sans avenir est une atteinte grave aux droits de l’homme. Le fait que des millions de pauvres renoncent à se soigner par manque de moyens et ainsi contractent des maladies et meurent prématurément est un crime contre la dignité humaine. Dans l’ « enfer » vénézuélien au moins, les gens ont un accès totalement gratuit aux soins de santé. En 2008, les millions d’états-uniens qui furent chassés de leur maison par les banques, comme dans les années 1930 quand les paysans étaient chassés de leur terre, constituent une atteinte grave aux droits de l’homme. Pendant qu’aux États-Unis, l’université, c’est à dire le droit à l’éducation supérieure, au savoir, à la culture est un luxe de moins en moins accessible, les classes populaires vénézuéliennes ont depuis le début de la révolution bolivarienne un droit à une éducation gratuite de la maternelle à l’université.
Les médias vénézuéliens ne sont pas de leur côté les « martyrs de l’information » tel que Washington aime nous les présenter. Ils sont un outil fondamental qu’utilise sciemment l’opposition pour mener des campagnes déstabilisatrices et putschistes contre la révolution bolivarienne. De plus, notons que l’immense majorité des médias au Venezuela sont privées et largement hostiles aux gouvernements d’Hugo Chavez et de Nicolas Maduro. Des gouvernements qui ont laissé la presse écrire et dire ce qu’elle voulait malgré les insultes et les caricatures grossières et insultantes envers les dirigeants bolivariens.
Sur le plan politique, qui a mis en place le tristement célèbre Patriot Act, véritable arsenal sécuritaire qui rend les citoyens encore plus passifs et esclaves qu’auparavant ? Déjà que les États-Unis étaient loin d’être un modèle de démocratie mais plutôt un mélange d’oligarchie et de ploutocratie, ce Patriot Act enterra définitivement les libertés individuelles et collectives sur l’autel du tout sécuritaire et accentua encore plus l’atomisation du débat public et de la démocratie. Pendant ce temps-là, à quelques centaines de kilomètres de la Floride, le Venezuela votait une nouvelle constitution qui établit une démocratie participative et protagoniste tant sur le plan politique qu’économique. Les milliers de conseils de quartiers qui ont vu le jour grâce à la constitution de la cinquième République sont autant d’éléments qui font du Venezuela une nation pionnière dans l’établissement d’un véritable État politique où les mots de démocratie, de citoyen prennent réellement forme.
Alors, qui est le pays qui bafoue les droits de l’homme et du citoyen ? Bien sûr tout n’est pas rose dans le pays de Bolivar. Les manquements et les erreurs constitutifs de toute révolution sont bien présents. Néanmoins, on voit encore une fois comment la propagande de la Maison Blanche ne cesse de se fracasser sur le mur des faits et de la réalité.
Pour terminer sur la question épineuse des droits de l’homme, il est intéressant de s’arrêter quelques instants sur la politique internationale des droits de l’homme menée par Washington. Une politique internationale désastreuse qui a soutenu et qui continue à soutenir les régimes tyranniques les plus sanguinaires et obscurantistes de l’Arabie Saoudite au Chili de Pinochet en passant par la dictature des colonels en Grèce. Dans ces pays, les intérêts économiques, énergétiques et/ou géopolitiques l’ont emporté sur les reliquats droits de l’hommistes. Les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, la bombe atomique contre le Japon, le Napalm au Vietnam, le soutien inconditionnel à la barbarie israélienne, l’invasion de l’Irak... Pour les États-Unis, la fin justifiait et justifie les moyens, peu importent les morts et les destructions.
Pour en revenir au Patriot Act, que dire des tortures, des exécutions dans les prisons secrètes d’Europe de l’Est et à Guantánamo ? Que dire des traitements inhumains infligés à de pauvres innocents dans la prison d’Abu Grahib en Irak ? Que pense l’avocat Obama, lui qui avait promis de fermer la prison de Guantánamo, de la majorité des détenus emprisonnées sans procès et sans aucune assistance d’un avocat ? Silence radio.
Voilà pourquoi, après tant de souffrances infligées aux peuples du monde, les États-Unis n’ont aucune leçon de morale à donner au Venezuela et à l’Amérique Latine tout entière. Un continent, celui des « veines ouvertes » qui plus que tout autre a subi l’effroyable cruauté de l’impérialisme états-unien.
Donnons la parole à Hugo Chavez qui en 2006, à la tribune de l’ONU réagissait au discours de son homologue états-unien, George W. Bush en dénonçant ses propos cyniques et l’ « hypocrisie impériale » qui visait à tout « contrôler ». Il ajouta : « Ils veulent nous imposer le modèle « démocratique » comme ils le conçoivent. La fausse démocratie des élites. Et de plus, un modèle démocratique très original imposé à grands coups de bombes, de bombardements, d’invasion et de coups de canons... Quelle « démocratie » !
Néanmoins, pour Washington, la menace vient de Caracas. Ou comment la victime devient l’agresseur.
Qui est une menace pour qui ?
Le génie de l’Occident repose sur une stratégie permanente d’inversement des rôles. Ainsi, les bourreaux deviennent les victimes. Les agresseurs les agressées et ainsi de suite. A écouter leurs dirigeants, les États-Unis seraient constamment attaqués et en état de danger permanent. L’Irak, l’Afghanistan, l’Iran, La Russie et maintenant le Venezuela seraient des « menaces » pour la sécurité des États-Unis. Pourtant, l’histoire nous montre qu’aucun de ces pays n’a jamais attaqué le territoire états-unien. Le Venezuela de Chavez n’a jamais prétendu envahir ou agresser la nation nord-américaine. Bien au contraire, depuis le début, le gouvernement bolivarien a tenté à maintes reprises des nouer des liens de coopération et d’instaurer un respect mutuel entre les deux nations. En vain. Car comme l’a déclaré le comandante : « Je vous assure qu’on a essayé d’éviter le clash avec l’empire, mais c’était inévitable. Je suis allé à la Maison Blanche, j’ai serré la main à Monsieur Clinton (…) On essayait d’accomplir l’impossible. Avoir une révolution sans se confronter à l’Empire. C’est impossible » (5). En effet, les gestes de bonne volonté de la part d’Hugo Chavez n’ont pas manqué comme lorsqu’il offrit en 2009 en marge du sommet de l’Organisation des Etats Américains (OEA) le livre d’Eduardo Galeano Les veines ouvertes de l’Amérique Latine au président Barack Obama. Mais comme l’a très bien dit l’ancien dirigeant bolivarien, le clash était inévitable. Comme ce fut impossible de concilier gouvernement démocratique et populaire de Salvador Allende et multinationales états-uniennes avec la suite effroyable que l’on connaît. De son côté, le président Nicolas Maduro a insisté sur le fait que le « Venezuela n’est une menace pour personne ».
En réalité, la vraie menace qui pèse sur les États-Unis ce sont... les gouvernements états-uniens eux-mêmes. Ça, le peuple états-unien doit en être conscient. C’est l’attitude guerrière des dirigeants de leur pays qui constitue la principale menace pour la paix dans le pays. A force de bombarder des populations civiles et de créer des terroristes, ces derniers se retournent contre eux. « La menace se trouve aux États-Unis. Les citoyens états-uniens l’ont dans leur propre maison. Le diable est dans leur maison » avait affirmé Hugo Chavez avant d’appeler le « peuple des États-Unis à contenir cette menace ».
Le danger n’est pas le Venezuela mais les va-t’en guerres fanatiques qui déclarent des guerres aux quatre coins du monde.
Au contraire, ce sont les États-Unis qui sont une menace pour le Venezuela. Une menace pour sa souveraineté, sa liberté, son indépendance, sa révolution. Plus d’une décennie d’agression en tout genre sont là pour en témoigner. En réalité, ce qui irrite les États-Unis au plus haut point, c’est l’hostilité et la résistance vénézuéliennes pour contrer les visées hégémoniques de Washington dans le pays et dans la région. « C’est évident que le Venezuela est important parce que c’est notre troisième plus gros fournisseur de pétrole. Je dirais que M. Chavez et le département d’État dirait aussi n’a pas les intérêts des USA à cœur » (6) déclarait avant le coup d’État d’avril 2002 George Tenet, chef de la CIA entre 1997 et 2004. Colin Powell quant à lui déclara à la même époque : « Nous avons des doutes sur certaines actions du président Chavez et sur sa compréhension d’un système démocratique ». Ainsi, selon Colin Powell, la démocratie est trop compliquée pour un pauvre, un métisse, un dirigeant d’un pays du sud comme Hugo Chavez. Les peuples et dirigeants du tiers-monde sont en effet des gens non civilisés, barbares dont Dieu a confié à l’Occident le soin de rendre un peu plus humains et doués d’un peu plus de raison. Voilà en substance la signification des propos de Powell.
Quant aux intérêts, le président Chavez a en effet préféré être loyal envers son peuple et le servir plutôt que de s’agenouiller devant la toute puissance des multinationales.
Enfin, la crainte de Washington a toujours été de voir l’Amérique Latine dans son ensemble s’embraser et suivre le chemin de la libération et de la « seconde indépendance » impulsé par Caracas. En fait, les États-Unis sont comparables au violeur qui pour se défendre accuse sa victime de l’avoir provoqué par sa manière d’agir. Ainsi, le Venezuela aurait provoqué les États-Unis en revendiquant son indépendance et serait ainsi devenu le provocateur, et donc le violeur, l’agresseur.
Stratégie pour une reconquête
Depuis le début du siècle, les États-Unis ont perdu énormément d’influence en Amérique Latine. L’arrivée au pouvoir de présidents progressistes a reconfiguré le rapport de forces dans la région. Les succès économiques et sociaux des pays comme l’Équateur, la Bolivie, l’Argentine, le Venezuela ou encore le Nicaragua ont redonné espoir à des peuples qui sortaient tout juste de l’ère dévastatrice du néolibéralisme. De leur côté, les forces réactionnaires et contre-révolutionnaires ont tout tenté pour mettre fin à ces expériences nouvelles et ambitieuses mais mise à part la destitution du président du Honduras Manuel Zelaya et de son homologue paraguayen, Fernando Lugo, les objectifs des droites latino-américaines et de Washington ont échoué.
Les États-Unis ont également essuyé un sérieux revers en renonçant à leur projet d’accord de libre-échange pour le continent américain, la Zone de libre-échange des Amériques (ALCA en espagnol).
Tous ces échecs répétés ont créé comme nous le disions au début un sentiment de frustration dans les rangs états-uniens. Cet empire, l’un des plus puissants que l’histoire ait connu, ne peut supporter que des pays du sous-continent, du tiers-monde lui tiennent tête et revendiquent une bonne fois pour toutes le respect de leur intégrité et de leur souveraineté.
C’est pourquoi Washington tente par de multiples artifices de déstabiliser une partie d’une région qui ne lui obéit plus. L’offensive médiatico-politique contre la présidente argentine Cristina Kirchner dans l’affaire de la mort du juge Nisman ainsi que les attaques répétées contre le Venezuela montrent que la Maison-Blanche et la CIA n’ont pas dit leur dernier mot.
Ainsi, désigner le Venezuela comme une « menace » pour la sécurité des États-Unis a pour but de préparer une éventuelle guerre préventive contre cette nation devenu trop indépendante aux yeux de l’administration états-unienne. Souvenons-nous des propos que tenait George Bush avant l’invasion de l’Irak. C’était exactement les mêmes propos que tient aujourd’hui Barack Obama. Tous les deux étant des affabulateurs professionnels car le Venezuela n’a jamais été une menace pour les États-Unis. Qui pourrait croire un seul instant qu’un pays de 26 millions d’habitants et disposant d’un petit arsenal militaire pourrait mettre en danger la première puissance militaire du monde ? Même un enfant ne croirait pas une seule seconde à ces affabulations ridicules. Tout comme l’Irak il y dix ans, le Venezuela fait face aux menaces de Washington. Ce dernier jouant la victime pour ainsi justifier une possible agression.
En tout cas, tout cela met en exergue la stratégie de reconquête qui anime les États-Unis depuis une dizaine années. Vexé de se faire concurrencer dans son ancien « pré-carré » par la Chine, inquiet de voir la Russie et l’Iran entretenir de bonne relations avec des pays de la région, frustré de voir des marchés et des ressources lui échapper au profit de ses concurrents, les États-Unis contre-attaquent. Ils viennent d’augmenter le contingent à 3200 soldats au Pérou pour soi-disant « lutter contre le narcotrafic » alors qu’on sait que cette incursion militaire a pour but de reprendre la main sur le sous-continent en étendant l’influence militaire. (7) Et puis, ils pourront compter sur des dirigeants qui leur sont soumis comme au Pérou, au Mexique ou en Colombie.
Le propre d’un pouvoir impérialiste est la création systématique d’un ennemi extérieur. Dans le cas des États-Unis, cet ennemi est très souvent fantasmé, crée ou financé. Ce fut le cas avec les mouvements des moudjahidin et d’Al Qaida en Afghanistan que les États-Unis ont financés et soutenus pour renverser un pouvoir socialiste à la fin des années 1970 et plus tard pour lutter contre l’invasion de l’armée rouge.
L’ennemi extérieur a par ailleurs l’avantage de servir de justification pour une éventuelle guerre « civilisatrice » et « morale » dont l’Occident a le secret. Car sans ennemi extérieur, pas de guerre, et qui dit pas de guerre dit pas d’Empire et pas de domination mondiale.
Les États-Unis restent certes une grande puissance mais leur prestige et leur influence sont incontestablement en déclin. Le passage d’un monde unipolaire à un monde multipolaire a permis de redistribuer les cartes du jeu mondial. De nouvelles puissances s’affirment comme le Brésil ou l’Iran. D’autres retrouvent un prestige perdu pendant quelque temps comme la Chine ou la Russie. Et puis, un bloc du sud se dessine et tente difficilement de s’unir pour se développer de manière souveraine et indépendante.
Il est donc urgent que les États-Unis comprennent enfin que leur stratégie de guerre permanente ne fonctionne plus comme en témoigne leur renoncement à attaquer la Syrie.
Le monde est en train de changer et les rapports de forces avec lui. Le président équatorien Rafael Correa a demandé à l’administration états-unienne quand « va- t-elle comprendre que l’Amérique Latine a changé ? ». Il serait pourtant urgent que les États-Unis comprennent cela et cessent de considérer l’Amérique latine comme son « arrière-cour ». Le temps du pillage des ressources naturelles, de l’impérialisme et du néocolonialisme est désormais terminé pour une partie du sous-continent. Reste à faire basculer les dernières nations soumises dans le camp de la résurrection et de la libération.
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