La France présente une résolution à l’ONU pour l’évacuation des habitants d’Alep
Au
lendemain de la suspension des opérations d’évacuation par le régime
syrien, il resterait environ 40 000 civils dans la partie rebelle de la
ville, selon l’ONU.
Le Monde.fr avec AFP
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C’est dans le froid, et taraudés par la faim, que des milliers de rebelles et de civils attendaient, samedi 17 décembre, la reprise des évacuations des derniers quartiers rebelles d’Alep, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) au lendemain de la suspension des opérations par le régime syrien de Bachar Al-Assad.
Un responsable rebelle a assuré qu’un accord pour la reprise des opérations avait été trouvé, mais aucune confirmation n’avait été donnée par le régime. Il resterait environ 40 000 civils dans le réduit rebelle d’Alep et entre 1 500 et 5 000 combattants avec leurs familles, selon l’émissaire de l’Organisation de Nations unies (ONU) pour la Syrie, Staffan de Mistura.Selon l’agence de presse officielle syrienne Sana, des bus ont commencé à entrer en fin de matinée « dans les quartiers de Zabdiyé, Salaheddine, Al-Machad et Al-Ansari dans l’est d’Alep sous la supervision du Croissant-Rouge et du Comité international de la Croix-Rouge » en vue de la reprise de l’évacuation. Nous ne disposons, pour l’instant, pas d’autre source permettant de confirmer cette information.
Résolution
Le Conseil de sécurité de l’ONU se prononcera dimanche sur un projet de résolution présenté par la France demandant le déploiement dans la ville syrienne d’Alep d’observateurs pour superviser les évacuations et garantir la protection des civils, ont annoncé samedi des diplomates. Le Conseil se réunira à 11 heures locales (17 heures en France) pour voter sur le texte, malgré l’opposition de la Russie, alliée du régime de Bachar Al-Assad, qui dispose d’un droit de veto.Le projet de résolution, qui circulait déjà vendredi soir parmi les 15 membres, indique que le Conseil « s’alarme » de la crise humanitaire qui s’aggrave à Alep et du fait que « des dizaines de milliers d’habitants d’Alep assiégés » ont besoin d’aide et d’être évacués.
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Dans le quartier d’Al-Amiriyah, encore tenu en partie par les
insurgés et d’où part le périple des évacués, des milliers de personnes,
dont des enfants, ont passé la nuit dans les ruines des immeubles
alentour dans l’attente d’une possible reprise des opérations. Les
habitants privés d’eau potable et de nourriture, subsistent en mangeant
des dattes, alors que la température avoisinait – 6 °C, a souligné le
correspondant de l’AFP.L’armée syrienne a suspendu vendredi les évacuations en accusant les rebelles de « ne pas respecter les conditions de l’accord ». Une source militaire a affirmé que les insurgés avaient « ouvert le feu et voulu sortir des armes moyennes et prendre des otages ».
Forcés de rebrousser chemin
Selon l’opposition et les groupes armés à Alep, ce sont les milices chiites qui se battent aux côtés du régime syrien seraient intervenues pour bloquer les évacuations. D’après leurs témoignages, plusieurs centaines d’Alépins en cours de transfert auraient été brièvement kidnappés par ces milices, qui réclament en contrepartie que le siège imposé à deux villages chiites de la province d’Idlib, Foua et Kefraya, soit allégé.Depuis jeudi, 7 000 civils ont été évacués selon le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu. A Moscou, le ministère de la défense évoque pour sa part le chiffre de 6 400 personnes évacuées au cours des dernières vingt-quatre heures, dont 3 000 rebelles, selon des chiffres cités par l’agence de presse russe RIA.
Mais vendredi un convoi de plus de 800 personnes évacuées a été forcé de rebrousser chemin par des miliciens chiites prorégime, les rebelles assurant que le groupe avait essuyé des tirs. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui supervise les évacuations, a d’ailleurs précisé qu’il examinait « des informations évoquant des tirs ».
Faisant état de « signalements sur des exécutions de civils », le président américain Barack Obama a réclamé le déploiement d’observateurs impartiaux pour superviser les évacuations. La France a d’ailleurs présenté vendredi un projet de résolution en ce sens au Conseil de sécurité de l’ONU où la Russie, alliée de Damas, s’est montrée sceptique. Un vote pourrait avoir lieu ce week-end, selon l’ambassadrice américaine à l’ONU, tandis que son collègue français faisait état d’une « écrasante majorité » des quinze membres du Conseil en faveur du texte. En presque six ans, les conflits en Syrie ont fait plus de 310 000 morts.