۱۳۹۵ دی ۲۹, چهارشنبه

رپرتاژ آگهی «صدای آمریکا» برای مطرح کردن «بچه‌پررو» و «رفیق‌آیت‌‌الله»
ایرج مصداقی

آخرین دسته‌گلی که مهدی فلاحتی، مجری «صدای آمریکا» به آب داده، به صحنه‌آوردن یک شارلاتان به نام امیرعباس فخرآور تحت عنوان «استاد قانون اساسی» دانشگاه تگزاس است که نباید از آن به سادگی گذشت. فلاحتی که به کرات از پادو‌های دستگاه اطلاعاتی و امنیتی رژیم همچون امیرفرشاد ابراهیمی که در دروغ‌گویی و کلاهبرداری شهره است به عنوان کارشناس در برنامه‌هایش استفاده کرده است، این بار به سیم آخر زده و با دعوت از امیرعباس فخرآور یکی از محصولات دستگاه اطلاعاتی و امنیتی رژیم و طرح دعاوی ابلهانه‌ی یک‌طرفه‌ی او، چوب حراج به حرفه‌ی ژورنالیستی و برنامه‌سازی آن‌هم در «صدای آمریکا» که بودجه‌ی آن توسط مالیات‌دهندگان آمریکایی تأمین می‌شود، زده است.
پیش از این فلاحتی، مرتضی صادقی مسئول روابط عمومی سازمان «فدائیان اکثریت» را بدون ذکر هویت سازمانی‌اش و تحت عنوان «فعال سیاسی» به صحنه آورد تا وی با سرهم کردن مشتی جعلیات مدعی شود که رژیم سال گذشته محمدرضا کلاهی عامل انفجار حزب جمهوری اسلامی را که بیش از سه دهه در هلند به زندگی عادی خود مشغول بوده به قتل رسانده‌ و هیچ‌کس از آن مطلع نشده است. و رژیم هم صدای این موفقیت بزرگ را که به سادگی می‌توانست مسئولیت آن را متوجه‌ی مجاهدین کند و در لایه‌های درونی جشن بگیرد و مانور قدرت دهد، در نیاورده است.
کارآگاه سازمان «اکثریت» که از قضا صاحب مغازه‌ی بزرگ شیرینی‌فروشی در هلند است و در سال‌های گذشته با ایران به تجارت مشغول بوده، با اعتماد به نفس عجیبی مدعی شد که وی با تحقیقاتش پی به هویت کلاهی برده است! وی همچنین از کمیسیون امنیت مجلس رژیم خواست در این مورد از وزارت اطلاعات موضوع را پیگیری کند!
پاسخ آن‌ها مبنی بر رعایت نکردن ابتدایی‌ترین استانداردهای برنامه‌‌سازی آن هم در مورد چنین امر خطیری را در گفتگو با تلویزیون میهن دادم.
مهدی فلاحتی این بار در یک سقوط آزاد باور نکردنی، دست به دامان امیر عباس فخرآور می‌شود و او را به عنوان «استاد قانون اساسی آمریکا» رنگ کرده و به خلایق بی‌خبر از همه جا قالب می‌کند.
آیا «صدای آمریکا» و مجری آن معنای «استاد قانون اساسی آمریکا» را که از قضا کرسی تخصصی باراک اوباما رئیس جمهور آمریکاست نمی‌دانند؟‌ این فرد حتی ساده‌ترین مسائل مربوط به قانون اساسی آمریکا را که از قضا یکی از بزرگترین دستاوردهای حقوقی  است و توسط «پدران بنیانگذار» نگاشته شده نمی‌فهمد چه برسد که آن را درس دهد. چنین ادعاهای گزافی را تنها گردانندگان «صدای آمریکا» باور می‌کنند که منافع خاصی را دنبال می‌کنند. 


هادی و گربه اش دوشنبه ۲۷ دی

Au cœur de l'ndépendance congolaise, au plus près des Pères de l'indépen...

Patrice Lumumba: son discours mémorable du 30 juin 1960

DISCOURS DE LUMUMBA 30 JUIN 1960 INDEPENDANCE DU CONGO

Shlomo Sand analyse le déclin des intellectuels français (1/3)


Shlomo Sand est ce célèbre historien juif israélien, très courageux, qui a publié Comment le peuple juif fut inventé. Son récent livre La fin de l’intellectuel français ouvre des discussions intéressantes. Il analyse les causes du déclin de la pensée dans ce pays. De la pensée ? Non, plutôt, des intellectuels médiatisés.
Démontant les trucs et manipulations des BHL, Finkielkraut, Zemmour, Houellebecq, Val et autres Fourest, il pointe les principaux responsables de cette dégradation : les dirigeants des médias mainstream qui censurent les personnalités charismatiques, mais incontrôlables pour les remplacer par « l’autofabrication de leurs propres élites, des clercs qui se gardent de critiquer directement les véritables élites régnantes, qui savent parfaitement où se situe réellement le pouvoir et qui sont toujours disposés à accuser et à crucifier les misérables ».
Jouissif, mais surtout utile.

Michel Collon


Extrait:


(…) Peu après, un autre vénérable historien, Jacques Julliard, a affirmé qu’il ne s’agit nullement d’un livre sur le danger que constituerait l’islam, et certainement pas d’islamophobie, mais d’une critique sur le penchant collaborateur latent parmi les intellectuels français face à chaque totalitarisme d’importation (nazi, stalinien…). Et de conclure avec une certaine admiration : « Le roman de Houellebecq est un puissant discriminant : il se pourrait que, dans le futur immédiat, il contribue à remodeler la géographie des passions intellectuelles dans la société française. Les réactions de chacun à la lecture de ce livre en disent long sur sa sensibilité propre : il y a désormais, en matière politique, un test Houellebecq. »
Julliard a peut-être exagéré, mais il ne s’est pas trompé : il existe bien un test Houellebecq, qui peut nous aider à mieux comprendre les tendances à la fois islamophobes et conformistes d’une partie significative de l’intelligentsia française, en ce début de XXIe siècle. En fin de compte, et contrairement à l’opinion de ses admirateurs, il n’y a pas une once d’utopie dans le roman de Houellebecq, qui apparaît bien comme une pure dystopie.
Ce roman est un nuage noir goudronneux, enrobé dans du coton parfumé afin de donner de la consistance à l’identité friable d’un nationalisme en crise. Le bon sens montre que la théorie de la France devenant un État musulman en 2022 ne peut être rien d’autre qu’un épouvantail menaçant.
La description d’une minorité musulmane, aujourd’hui plutôt située au bas de l’échelle sociale, qui exercerait une domination toute-puissante sur une majorité absolue de Français soumis, vise explicitement à exploiter des sentiments de peur au sein d’une culture ayant, quelque part, perdu la confiance en soi.
Citer, comme le fait Houellebecq avec insistance, l’ayatollah Khomeiny selon qui « si l’islam n’est pas politique, il n’est rien », dans un État où vivent peut-être six millions de « musulmans », mais où il n’y a pas un seul député de foi coranique vise aussi, notamment, à doper la vente de livres. On peut donc dire, sous forme de paraphrase, que si Soumission n’est pas un livre politique (antimusulman), il n’est rien. Et si l’on remplaçait les musulmans par les juifs, l’on pourrait qualifier le message du livre de « belle haine », selon le qualificatif appliqué à la judéophobie, il y a près de cent vingt ans.
En lisant le livre, je me suis demandé si un romancier français connu aurait osé écrire, en 2015, un livre sur la France qui serait devenue un État juif. Une imagination de type houellebecquienne pourrait-elle, par exemple, évoquer un président de la République nommé Pascal Strauss-Lévy, juif rusé mais politicien modéré, lié à des groupements financiers internationaux, et qui, avec l’aide du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), du club Le Siècle, du Parti socialiste, du Parti Les Républicains, d’Israël et du lobby prosioniste à Washington a réussi à se faire élire à la présidence.
Strauss-Lévy nomme immédiatement le philosophe Alain Gluckskraut ministre de l’Éducation nationale. Les intellectuels commencent à se convaincre de la supériorité de la morale juive antique, et plusieurs gens de médias exigent que la dépouille mortelle d’Emmanuel Levinas soit transférée au Panthéon. À la tête de cette campagne se trouve le journal satirique Beni Hebdo, dont le rédacteur en chef est nommé à la direction de France Inter.
Beaucoup commencent à se chercher des parents ou des ancêtres juifs, et en trouvent effectivement. Des laboratoires de génétique, spécialisés dans la recherche d’ADN, avec l’aide d’instituts experts israéliens, fournissent des attestations à tous les demandeurs. La vie quotidienne connaît aussi des changements. Un complet silence s’instaure le vendredi soir et le samedi (jour du shabbat) : le travail cesse, de même que s’interrompent les transports publics, exactement comme en Israël. Seuls les mariages religieux sont autorisés par l’État, de sorte que les non-juifs ne peuvent pas épouser de juifs, sauf à se convertir au judaïsme, là encore comme en Israël.
La population, en général, peut demeurer laïque ou chrétienne, et l’élevage porcin reste autorisé en France (à la différence de la situation en Israël où l’élevage du porc ne peut avoir lieu que dans des endroits situés à l’écart de la Terre Sainte), mais tout le monde reçoit un enseignement sur le sort tragique du peuple élu et sur son plein droit à évacuer de la patrie biblique le reliquat de la population palestinienne. Pendant ce temps, la mainmise juive, en douceur, sur la France se poursuit. Certains quartiers de la capitale deviennent des lieux exclusivement habités par des juifs fortunés.
Tous les propriétaires des grands réseaux de médias sont juifs, et il faut être circoncis pour pouvoir être nommé à des hautes fonctions de direction dans la banque ou à l’université. Les circoncis musulmans qui ne sont pas employés dans le bâtiment et dans l’entretien devront, en revanche, quitter la France. Juste avant la fin du roman, Israël, devenu un grand pays riche où le capital juif américain coule à flots par l’intermédiaire de Goldman-Sachs, est intégré à l’Union européenne, dont le Conseil des ministres est transféré de Bruxelles à Jérusalem. En Europe, le chômage se réduit, tandis que la croissance décolle et dépasse celle de la Chine. Les juifs montrent au monde, une nouvelle fois, comment diriger une économie florissante.
Cette description « utopique » relève, bien évidemment, du délire, mais elle n’est pas plus excessive ni moins dangereuse que la perspective dystopique dépeinte par Houellebecq. « Grâce à Dieu » (et peu importe lequel) personne ne pourrait publier aujourd’hui, ni en France ni en Europe, une telle fiction politique démoniaque, et être invité, avec tous les honneurs, au journal télévisé de 20 heures, à la veille de sa parution en librairie.
Il n’y a qu’Alain Soral, avec son obstination perverse, pour publier sur son site Internet La France juive, le pamphlet efficace et venimeux d’Édouard Drumont, diffusé, notamment, en direction des jeunes frustrés et désemparés, dans certains quartiers. Ce livre qui, en 1886, en 1938 et en 1943 était considéré comme légitime, « normal » et intéressant, au point d’être devenu un « best-seller » affolant, est, aujourd’hui et à juste titre, perçu comme inadmissible. Le prix à payer pour ce changement de mentalité politique envers les juifs a été, comme l’on sait, très élevé. Personne n’est encore à même de prédire ce que nous risquons d’avoir à payer pour la fabrication de la peur des musulmans dans l’Europe actuelle.
(…)
Sand, Shlomo; La fin de l’intellectuel français, pp. 219-222. La Découverte, 2016.

La fin de l’intellectuel français ? De Zola à Houellebecq
par Shlomo SAND



Historien israélien de renommée internationale, Shlomo Sand a fait irruption dans le débat intellectuel français avec ses ouvrages Comment le peuple juif fut inventé et Comment la terre d’Israël fut inventée. Renouant avec ses premières amours, il se consacre dans ce nouveau livre à la figure de l’intellectuel français.
Au cours de ses études à Paris, puis tout au long de sa vie, Shlomo Sand s’est frotté aux « grands penseurs français ». Il connaît intimement le monde intellectuel parisien et ses petits secrets. Fort de cette expérience, il bouscule certains des mythes attachés à la fi gure de l’« intellectuel », que la France s’enorgueillit d’avoir inventée. Mêlant souvenirs et analyses, il revisite une histoire qui, depuis l’affaire Dreyfus jusqu’à l’après-Charlie, lui apparaît comme celle d’une longue déchéance.
Shlomo Sand, qui fut dans sa jeunesse un admirateur de Zola, Sartre et Camus, est aujourd’hui sidéré de voir ce que l’intellectuel parisien est devenu quand il s’incarne sous les traits de Michel Houellebecq, Éric Zemmour ou Alain Finkielkraut… Au terme d’un ouvrage sans concession, où il s’interroge en particulier sur la judéophobie et l’islamophobie de nos « élites », il jette sur la scène intellectuelle française un regard à la fois désabusé et sarcastique.

Reproduit avec l’aimable autorisation de l’éditeur (La Découverte)
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1939-1945 Renault dans la collaboration (1e partie)

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Renault dans la collaboration, c’est une question qui est un peu revenue à l’ordre du jour. Elle a été relancée sur des bases intéressées de court terme, mais elle mérite de l’être sur des bases générales, vu son intérêt pour la connaissance historique.

Louis Renault et les autres dans la conjoncture présente
Commençons par les circonstances particulières. Vous le savez, il y a quelques années, après y avoir beaucoup réfléchi et l’avoir de longue date préparée, les héritiers de Renault, les petits-enfants de Renault, ont décidé de lancer une grande opération de récupération des pertes de leurs actifs industriels en se retournant contre l’État. Ils ont expliqué que les mesures prises contre Renault de 1944 jusqu’à la nationalisation-confiscation de la Société anonyme des Usines Renault (SAUR) du 16 janvier 1945, étaient des mesures tout à fait injustes à l’égard d’un grand-père quasi résistant, qui avait tout fait pour servir le secteur civil et la population française pendant la guerre ; qu’elles constituaient de pures spoliations et que par conséquent il fallait revenir sur cette iniquité, qui avait été le produit d’une sorte d’alliance contre nature entre De Gaulle et l’abominable Parti Communiste, alliance sur laquelle on était, sur le plan politique, heureusement déjà revenu. Ça a donné lieu pendant plusieurs années – l’opération ayant été lancée en grand depuis 2009 et surtout 2011 – à un déversement médiatique considérable qui a bénéficié de tous les moyens possibles radiophoniques et audiovisuels.
Il se trouve que je travaillais sur la collaboration économique, ce qui incitait à poser la question de Renault dans le cadre du thème plus général de la collaboration patronale, devenue une sorte de sujet tabou depuis quelques décennies. Or, à la faveur de l’ouverture des archives, j’ai, à partir des années 1980 et surtout 1990, découvert dans les sources originales ce qu’il était impossible de découvrir avant leur ouverture au public : c’est-à-dire jusqu’à quel degré l’industrie française, le capital financier français s’étaient engagés au service du IIIème Reich pendant l’Occupation de la France.
Les archives s’ouvraient mais, ça tombait mal, l’atmosphère générale se fermait : les classes dirigeantes étaient désormais traitées avec un infini respect, et, logiquement, les historiens académiques étaient devenus beaucoup moins curieux : la curiosité sur « ceux d’en haut » compromettait sérieusement les carrières. Alors même que les archives révélaient les agissements réels du grand patronat pendant la guerre, avait commencé à s’imposer la mise en cause du concept même de Collaboration, définie comme volonté d’entrer dans des relations privilégiées avec le partenaire, l’occupant allemand.
Cette mise en cause s’est accompagnée d’un autre aspect majeur, le changement de l’image générale de l’Occupation. Jusqu’à la décennie 1990, on avait, somme toute, même si ça manquait parfois de sincérité, à peu près respecté l’idée du Résistant ou de la Résistance : globalement, la Résistance à l’occupant restait considérée comme honorable, par opposition à la Collaboration. On estimait qu’il y avait ceux qui avaient lutté au nom de l’indépendance nationale, pour rétablir la souveraineté nationale violée par l’invasion et l’occupation allemandes du territoire, et puis il y avait le camp des « collaborateurs ». Car, même si on estimait que la collaboration économique n’existait pas, ou si l’on n’avait pas les moyens de la connaître avec précision, on tolérait quand même l’idée qu’on avait collaboré en France et que, ma foi, le patronat avait collaboré plutôt plus que la moyenne. Tout le monde ou presque connaissait la formule de De Gaulle accueillant le Président du Centre National du Patronat Français, Georges Villiers, qui avait été nommé maire de Lyon par Vichy en 1940, à la place du radical Herriot évincé, et l’était resté jusqu’en janvier 19431. On en a fait ces dernières années un résistant mais cette image n’existait pas après la Libération. Le grand patronat avait dû attendre 1946 pour reconstituer officiellement son organisation, la Confédération générale du patronat français, en en changeant d’ailleurs le nom (Conseil national du patronat français). Et de Gaulle était parfaitement compris des Français quand il disait à Georges Villiers, reçu alors : « Messieurs je ne vous ai pas vus beaucoup à Londres ».
Avant les années 1990, de tels propos étaient encore licites, même en milieu académique. Puis ils sont devenus beaucoup moins corrects, et le combat contre le concept même de collaboration s’est doublé – personne n’en sera surpris – d’une offensive de plus en plus ouverte contre les résistants et la résistance, le respect pour les uns et l’autre étant taxés par l’historiographie dominante de « résistancialisme »2. Au stade avancé de cette évolution, et nous l’avons atteint depuis un moment, non seulement la résistance et la collaboration ne pouvaient plus être sérieusement étudiées mais on pouvait réhabiliter Vichy. Et, c’est ce qui – à bas bruit ou plus ouvertement – se produit ces dernières années, avec une forte accélération qui se mesure par la production historiographique française. Laquelle développe cette idée qu’il y aurait un bon Vichy, assez débonnaire, qui aurait été un petit peu gâté sur la fin. Voyez, le mauvais de Vichy résulte d’une évolution imprévisible, comme pour l’Union Européenne : tout ça était convenable, jusqu’à la dérive tardive (avril 1942 et le retour de Laval, ou janvier 1944 avec Darnand au « Maintien de l’ordre ») qui est venue faire dérailler tout ça. Avec un Vichy assez honorable, soluble dans les solutions « occidentales » de l’après-guerre, contrasteraient par contre les pratiques abominables des résistants. Vous avez sans doute été frappés ces derniers temps par le fait qu’il n’y a pratiquement pas d’émission télévisée qui ne traite de la Libération sans afficher les horribles images de « l’épuration sauvage ». En particulier, bien entendu, cette image qui est devenue insupportable et symbole de barbarie, de femmes tondues, tout simplement, nous assure-t-on (ce qui est démenti par les archives des instructions de justice3), parce qu’elles avaient eu des relations amoureuses et/ou sexuelles avec des Allemands. On en était déjà à ce stade de la perception générale de Vichy, flatteuse, et de la Libération, ignominieuse4, lorsque, entre 2009 et 2014, les héritiers ont réalisé leur grande opération publique de lessivage et blanchiment. Ils ont alors amené la télévision à s’émouvoir unilatéralement, sans une voix discordante, sur Louis Renault5, à se pencher sur ses vacances émouvantes avec son petit garçon sur les plages de l’Ouest. C’est cette conjoncture qui a conduit les anciens de Renault, militants ouvriers descendants de résistants, et une historienne amatrice d’archives (expression qui semble relever du pléonasme) à passer alliance pour qu’on en sache un peu plus sur ce qui s’était vraiment passé.
Nous avons donc à cet effet formé une association, l’association « Résistance », qui a eu pour double objectif de combattre la dépréciation de la Résistance et la négation de la Collaboration patronale. Bien sûr, dans l’énorme tapage médiatique qui a envahi le champ ces dernières années, l’effort de l’association représente peu de chose. Mais il a quand même marqué des points et même si on n’a pu faire circuler qu’un tout petit filet de vérité, vous êtes là, vous faites partie de ceux qui font reculer les mensonges. On a évoqué tout à l’heure la période actuelle où les luttes sont difficiles, où elles ont été très affaiblies. Ça ne fait que souligner l’importance de chaque personne consciente des réalités pour qu’on soit en mesure de lutter contre le courant dominant et pour que des petits ruisseaux naissent les grandes rivières. Les grandes rivières, en l’occurrence, c’est que Louis Renault et la société anonyme des usines Renault méritent d’être connus parce que leur histoire vraie est significative de ce qui a caractérisé tout le grand patronat français : je dis bien, non une partie, mais tout le grand patronat français.
Tout à l’heure, Michel a dit à quel point était décisive la dimension de classe de l’histoire. Plus j’avance dans la fabrication de l’Histoire, plus je suis frappée par l’importance de cette dimension qui est aujourd’hui pratiquement exclue, interdite du champ académique : un jeune chercheur ne peut pas, et ce depuis un certain temps, orienter son travail de thèse autour de la conviction, tolérée il y a quelques décennies, que les classes s’opposent objectivement, que « l’Histoire n’est que l’Histoire de la lutte des classes » ; que, par cette affirmation, Karl Marx a simplement décrit une réalité confirmée par les sources économiques, sociales et politiques, françaises et internationales. Si nous avons, avec l’association Résistance, avec les anciens de Renault, avec des militants de la CGT et des militants politiques, avec les forces de progrès, qui ont toutes joué un rôle, marqué quelques points, c’est un acquis important aussi pour cette liberté historique, retirée aujourd’hui aux jeunes chercheurs. Car tout mouvement en avant à cet égard leur donnerait un petit plus de liberté ; et il bénéficierait à l’enseignement général de l’Histoire, qui a fait l’objet d’un excellent petit ouvrage dont l’un des auteurs, Gisèle Jamet6, se trouve dans cette salle ; il permettrait de faire davantage dès aujourd’hui pour nos enfants, confrontés au double mur de la dégradation de l’histoire à l’école et de l’intoxication audiovisuelle, et pour les adultes, alors que toute émission de télévision ou de radio est devenue une épreuve cruelle pour ceux qui savent deux ou trois choses précises sur les faits présentés.
Ce qui est sûr, il faut le dire honnêtement, et nous l’avons dit et répété tous autant que nous étions, c’est que Renault n’était pas le seul collaborateur mais qu’il était emblématique. Le plus souvent, on ne le sait pas, parce qu’aujourd’hui, on pleure surtout sur l’affreuse épuration. D’épuration, il n’y a pas eu, plus on était éminent, plus on avait commis d’horreurs, plus vite on a été lavé, blanchi, pas seulement en Allemagne occidentale ex-nazie, pas seulement en Italie ex-fasciste, mais aussi en France. Travaillant depuis plusieurs années sur la farce de l’épuration, qui fera probablement l’objet de mon livre prochain, j’en arrive quasiment à perdre le sommeil parce que ce lessivage n’a même pas épargné la collaboration de sang : on peut avoir tué, fait tuer 5 personnes, 10 personnes, 100 personnes et bien plus (les chefs de la police, dont Bousquet, et de la magistrature et les ministres de Vichy ont souvent à leur actif bien plus que ça, un certain nombre de grands patrons aussi d’ailleurs) et puis être resté bien tranquille quelquefois dès la Libération. Mettre l’accent sur le seul Renault suggérerait que vraiment c’est une exception, un personnage abominable dans un paysage serein. Non, ce n’est pas vrai, ses pairs en ont pratiquement tous fait autant mais Renault était le plus gros, et son entreprise la plus énorme. Elle s’était installée à l’extrême fin du 19ème siècle, et avait déjà considérablement prospéré grâce à la Première guerre mondiale, qui a beaucoup de caractéristiques communes avec la Seconde. C’est à dire que, à cette occasion, Renault avait surexploité la classe ouvrière et avait accaparé une masse de terrains dont on n’a même pas idée : ça a généré d’ailleurs dans les années 1920 une série de procès pour spoliations de petits propriétaires des terrains de Billancourt, affaires que personne ne connaît mais dont on trouve l’écho dans les archives policières de la Préfecture de Paris. Le patron de Renault avait été financé par l’État dans des conditions inouïes, comme d’ailleurs ses congénères, et il était devenu un exploiteur à énorme échelle : il possédait, à près de 100%, la plus grosse entreprise automobile dans un secteur automobile que, vous le savez, la France représentait avec éclat puisqu’elle a été un des grands constructeurs d’automobiles de la première moitié du 20e siècle. Ce Louis Renault a été emblématique et on l’a saisi comme symbole parce que ses petits-enfants voulaient faire payer le contribuable autant et plus qu’il avait déjà payé dans la première guerre mondiale, l’entre-deux guerres et la Seconde Guerre mondiale7. Nous trouvions cela très désagréable et nous avons fait un petit peu de clarté sur un phénomène qui est – j’y insiste – significatif.
La guerre de classes dans les années 1930
C’est à dire un Renault – commençons par l’avant-guerre – qui est évidemment un des symboles de l’exploitation ouvrière, de la surexploitation ouvrière et de l’enthousiasme pour la répression, au point que, vous le savez, les ouvriers de Louis Renault avaient pour habitude de le surnommer le « saigneur de Billancourt », avec un A. La Société anonyme des Usines Renault (SAUR) battait les records en matière d’accidents du travail ; les machines explosaient, il y avait 5 morts ici, 10 par-là, de ces morts, vous le savez, qui ne sont pas recensés par les journaux, pas plus dans l’entre-deux-guerres qu’aujourd’hui. Cet énorme exploiteur avait pour objectif politique, comme l’ensemble du grand patronat, la liquidation de la République, parce qu’il considérait ce régime comme une entrave au déploiement ad libitum de la liberté patronale. Sous la république, il y avait des syndicats jugés, même quand une partie d’entre eux étaient raisonnables car contrôlés et quand l’autre partie, combative, était persécutée ou interdite d’action ; il y avait un Parlement qui ne servait pas à grand-chose mais qui faisait obstacle à la rapidité des décisions ; il y avait des partis ouvriers dont l’un était particulièrement combatif, enfin tout ça était très déplaisant.
Renault, il faut le dire, s’inscrit parmi les premiers tuteurs du complot contre la République. Car il s’est agi d’un complot, bien que la plupart de mes collègues pratiquent à ce sujet la tactique de « l’éclat de rire pour masquer au public la vérité », expression qu’Henri Guillemin a justement utilisée à propos de la réaction des comploteurs du tandem Cagoule-Synarchie à la révélation, en septembre 1937, du complot contre la République qui avait Pétain et Laval pour chefs apparents (et le noyau synarchique du capital financier pour chef réel)8. Le coup d’État raté d’Eugène Deloncle et consorts, ha, ha, ha, c’était une plaisanterie. La Cagoule aurait « un parfum de romantisme noir », ce serait un pur « épiphénomène » dont on ne comprend pas la survie dans les têtes, ironise l’historiographie dominante. Non, c’était bien « une organisation politique d’envergure », au service du patronat le plus concentré, regroupé dans la synarchie9.
Renault, Louis Renault, tout son appareil et tout son entourage ont joué un rôle déterminant dans la constitution des ligues fascistes, puis dans l’organisation fondée en 1935-1936 qui s’est appelée La Cagoule et qui les a toutes regroupées, et dans la tactique de la tension. Vous avez peut-être vu récemment à la télévision une excellente émission sur « les années de plomb » en Italie et ce qu’on appelle la stratégie de la tension, c’est-à-dire les explosions répétées, les assassinats politiques, qu’il fallait mettre au compte des « rouges », eh bien, nous avons eu tout cela en France en 1937. Et Renault et les siens ont largement contribué au triomphe de cette ligne politique. Parlons d’ailleurs à cet égard de son entourage et notamment de son neveu par alliance François Lehideux, dont il avait fait un administrateur délégué avant d’en faire son directeur général, qu’il délègue formellement en 1935- 1936 à l’organisation des luttes de classes à la SAUR : c’est Lehideux qui est le fer de lance de la répression au moment où la classe ouvrière s’organise (Michel l’a dit tout à l’heure), c’est-à-dire quand en 1934-1935, elle se radicalise et que la léthargie d’après les échecs de 1920 cède devant la crise qui s’aggrave.
Renault, Lehideux et leur entourage sont partie prenante dans le complot préparatoire au régime de Vichy dont Lehideux lui-même sera un des plus importants ministres. Je ne reviens pas ici sur les détails, présentés dans mes ouvrages10, mais je cite pour mémoire le procès de mars 1939 sur la terrible répression qui suit l’échec de la grève de novembre 1938 chez Renault, cette grève qui administre une remarquable leçon patronale dans la conduite de la lutte de classes, et une leçon sur le rôle de l’État au service du grand patronat. Elle mérite un petit arrêt. Le 24 novembre 1938, une grève, parfaitement légale de l’avis écrit du commissaire de police de Billancourt, entamée à 14h30 se solde par l’entrée en masse dans les heures qui suivent de la police11 dans des conditions inouïes de brutalité – avec lesquelles vient de renouer la répression des manifestations de 2016 contre la « loi Travail » : c’est-à-dire avec une police qui donne de la matraque, qui insulte les ouvriers grévistes, qui leur tape sur la tête en criant : « un coup pour Blum ! un coup pour Thorez ! un coup pour Jouhaux ! » Une police qui anticipe directement, avec les mêmes fonctionnaires de police, la répression de sang de l’Occupation. C’est la même répression, avec les mêmes responsables et acteurs au sommet, et les mêmes victimes, puisque Renault et tout son appareil sont en liaison quotidienne, je dis bien quotidienne, avec les autorités les plus élevées de la répression : François Lehideux bombarde de ses courriers le ministre de l’intérieur, le préfet de police, ainsi le 24 novembre, contre la grève12, et le préfet de la Seine13, à propos de tout et n’importe quoi.
On peut à peine imaginer la minutie et l’inventivité de ses suggestions et exigences auprès des chefs de la police, dont je vais donner un seul exemple, sous le président du Conseil radical Daladier. Quand le Parti communiste est interdit par le décret-loi, le 26 septembre 1939, ça n’est pas la droite, c’est la gauche « raisonnable » qui est aux affaires : très exactement jusqu’au 21 mars 1940 où c’est l’homme de droite Paul Reynaud qui remplace l’homme de gauche Daladier, Daladier qui, avec des accents déchirants, décrivait, pendant la campagne électorale de 1936, la rapacité et la férocité des patrons de mines de charbon.
Sur la continuité entre la république agonisante et Vichy, le décret-loi Daladier du 26 septembre 1939 dispense de longs développements. Les dernières arrestations de résistants communistes de l’Occupation se font au nom de divers « chefs » de crimes, « terrorisme » et communisme : au printemps et à l’été 1944, la police de Vichy continue à arrêter, pour déporter les militants, pour les faire fusiller par les Allemands, sur la base du décret-loi Daladier du 26 septembre 1939. Et, lorsque le Parti communiste est interdit, la plupart de ses grands militants et responsables sont arrêtés et incarcérés (ou en fuite). L’occupant, renseigné et aidé par les dirigeants de l’État (Lehideux compris) et de l’appareil policier français, qui lui livreront ces chefs communistes, pourra aisément, désigner les otages : les communistes passeront alors du statut d’emprisonnés, à terme puis à vie, à celui, après remise au Reich depuis l’été et l’automne 1941, d’exécutés ou de déportés.
C’est depuis les interdictions d’août-septembre 1939 et la « drôle de guerre » que Renault, les siens et le capital financier français amorcent ce que Fernand Grenier, à Alger en mars 1944, appellera face à « l’homme de sang » Pierre Pucheu14, « l’extermination des cadres du mouvement ouvrier »15. Lehideux harcèle encore le préfet de la Seine le 19 mai 1940 (France déjà écrasée par la Wehrmacht) pour lui demander de fermer tous les cafés autour de Billancourt parce que les militants communistes continuent à s’y rencontrer clandestinement – ordres aussitôt exécutés16.
Il existe dans Gallica, une collection de L’Humanité17, à laquelle vous avez accès si vous disposez d’un ordinateur, c’est une Humanité qui vaut vraiment d’être lue parce que vous y trouvez l’écho de la vie sociale, des luttes des travailleurs : c’est même, avant-guerre, la principale source de la connaissance du mouvement ouvrier, dimension syndicale comprise, grâce aux rapports quotidiens des correspondants du travail. Je renvoie à ce sujet au très bon livre de Jean Paul Depretto et Sylvie Schweitzer sur Renault, sur l’usine Renault dans l’entre-deux guerres18. L’Humanité est aussi une remarquable source politique. Et on s’aperçoit en lisant le compte rendu du procès de mars 1939 de Renault contre les grévistes de novembre 1938, parmi lesquels Jean-Pierre Timbaud, que leur défenseur, Me Moro-Giafferi19, décrit aussi précisément que les archives policières le fonctionnement du fascisme ordinaire à la SAUR : « j’accuse la maison Renault de provocation et j’exprime la crainte qu’il y ait parmi le patronat des extrémistes affolés. La direction de Renault est connue par l’opinion publique pour la violence des opinions publiques qu’elle manifeste et qu’elle pratique ». Moro- Giafferi explique comment la maison Renault soutient les cagoulards, et révèle entre autres que, dans le dossier des enquêtes conduites depuis 1936 sur les cagoulards, a été découvert un chèque de la Maison Renault. Il y a là une philippique que vous apprécierez sans doute beaucoup20. Les lecteurs de cette intervention précise du très grand avocat peuvent comprendre autant que les chercheurs dépouillant les archives policières que la lutte des classes, en l’occurrence menée par Renault et son entourage, n’est pas une invention marxiste.
Notes :
1 Sur l’évolution de Georges Villiers, index de mes ouvrages Industriels et banquiers français sous l’Occupation, Paris, Armand Colin, 2013, et Les élites françaises, 1940-1944. De la collaboration avec l’Allemagne à l’alliance américaine, Paris, Dunod-Armand Colin, 2016
2 https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9sistancialisme
3 Archives BB18 et BB30 notamment, que je consulte depuis plusieurs années pour préparer un nouvel ouvrage.
4 Sur l’atmosphère politique et historiographique, Lacroix-Riz, L’histoire contemporaine toujours sous influence, Paris, Delga-Le temps des cerises, 2012, « Troublante indulgence envers la collaboration », Monde diplomatique, juillet 2015, p. 24 ; http://www.humanite.fr/critique-de-livre-par-claude-mazauric-la-grande-bourgeoisie-et-linavouable- collaboration
5 http://louisrenault.com/2015/12/28/lhumanite-du-23-decembre-2011-face-a-la-famille-renault-france-3-ecarte-annie- lacroix-riz-par-claude-mazauric/
6 Il faudrait mettre entre toutes les mains l’ouvrage de Gisèle Jamet et Joëlle Fontaine, Enseignement de l’histoire. Enjeux, controverses autour de la question du fascisme, Adapt-Snes éditions, Millau, 2016 (réédition prévue, Paris, Delga).
7 Rappelons que, via les frais d’occupation et le clearing, l’occupant n’a de 1940 à 1944 rien payé en France, et le contribuable tout, Industriels et banquiers français, p. 25-26 et passim.
8 Sur l’intelligente « tactique de l’éclat de rire », Guillemin, sous le pseudonyme de Cassius, La vérité sur l’affaire Pétain, Genève, Milieu du Monde, 1945, rééd., éditions d’Utovie, 1996, p. 50. Je l’ai décrite dans Le choix de la défaite : les élites françaises dans les années 1930, Paris, Armand Colin, 2010, chapitres 1 et 6, et l’applique à la négation de la trahison de Bazaine par l’historiographie dominante, « La défaite organisée de 1870 », Actes du colloque Henri Guillemin sur la Commune du 19 novembre 2016, à paraître, éditions d’Utovie, 2017.
9 « Avant-guerre, la Cagoule a pu apparaître comme une menace sérieuse contre la République. En réalité, elle a été un épiphénomène, certes bruyant, sanglant, fascinant même pour une frange réactionnaire, mais elle ne fut en rien, ni en 1936, encore moins sous l’Occupation, une organisation politique d’envergure. Apparemment, son parfum de romantisme noir ne s’est pourtant pas totalement évaporé. » Henry Rousso, Libération, 31 mai 1991, « Les Cagoulards, terroristes noirs »; critique, Le choix de la défaite, p. 43-44, et passim.
10 Le choix de la défaite et De Munich à Vichy, l’assassinat de la 3e République, 1938-1940, Paris, Armand Colin, 2008, index François Lehideux.
11 Rapport officiel du commissaire de police de Boulogne-Billancourt, ? janvier 1939, BA, 2136, Renault, archives de la Préfecture de police (APP).
12 Lettres « recommandée[s] » et signées de Lehideux au ministre de l’intérieur Albert Sarraut et au préfet de police Roger Langeron, co-organisateur de la répression, 24 novembre 1938, BA, 2136, Renault, APP.
13 Sylvie Schweitzer, « Partis et syndicats aux usines Renault (1936-1939) », mémoire de maîtrise, université Paris 1, 1975, résumé et cité par La défaite du Front Populaire, Paris, Maspéro, 1977, p. 143-149; De Munich à Vichy, p. 95, et chapitre 3; Industriels et banquiers, p. 51-52.
14 Pertinax, Les fossoyeurs : défaite militaire de la France, armistice, contre-révolution, New York, 1943, 2 vol., t. II, p. 240 ; sur Pertinax, infra.
15 Contexte, Les élites, p. 181 sq.
16 Lettre de François Lehideux, directeur général des usines Renault, au préfet de la Seine Achille Villey, Billancourt, 19 mai 1940, et note de la préfecture, BA, 2136, Renault, APP, et Industriels et banquiers français, p. 52.
17 1904-26 août 1939 (date de son interdiction par décret-loi Daladier), et 1944, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327877302/date
18 Jean Paul Depretto et Sylvie Schweitzer, Le communisme à l’usine. Vie ouvrière et mouvement ouvrier chez Renault, 1920-1939, Roubaix, Edires, 1986.
19 Et non, comme je l’ai dit le jour de la conférence, Marcel Willard, qui fut un des avocats du procès des députés communistes de janvier 1940
20 L’Humanité, 7-t 9 mars 1939. Sur le traitement des ouvriers extraits de l’usine après une heure de grève, tabassés, insultés, arrosés avec les lances à incendie, sous l’œil hilare de deux mondains tout juste sortis de leurs mondanités mondanités respectives, le préfet de police Langeron et Lehideux, les 290 arrêtés, entassés dans les commissariats, Depretto et Schweitzer, Le communisme à l’usine, p. 264-271, et De Munich à Vichy, p. 95-96, et photos du cahier central.
Source : Investig’Action

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نماینده مجلس از «مفقود شدن هزاران میلیارد» درآمد حامل‌های انرژی خبر داد 


نایب رئیس اول کمیسیون اقتصادی مجلس ایران با انتقاد از عملکرد دولت حسن روحانی گفت در این دولت «۳۴ هزار میلیارد تومان درآمد حاصل از افزایش قیمت حامل‌های انرژی گم» شده است.

به گزارش راديو فردا، ناصر موسوی لارگانی روز چهارشنبه، ۲۹ دی، در گفت‌و‌گو با وب‌سایت محلی «آرمان کرمان» اظهار کرد که دولت یازدهم در سال ۱۳۹۵ از محل افزایش قیمت حامل‌های انرژی ۸۰ هزار میلیارد تومان درآمد داشته است.

به گفته این نماینده مجلس، دولت از محل این افزایش٬ ۴۱ هزار میلیارد تومان را صرف پرداخت یارانه‌های نقدی کرده و پنج هزار میلیارد تومان دیگر را به وزارت بهداشت اختصاص داد.

این نماینده مجلس ادامه داد که از سرنوشت مابقی این درآمد که رقمی معادل ۳۴ هزار میلیارد تومان است٬ اطلاعی در دست نیست.

به گفته موسوی لارگانی٬ دولت یازدهم این مبلغ را به خزانه واریز نکرده و «مشخص نیست که این مبلغ کجا هزینه شده است.»

وی همچنین افزود که «این موضوع یک مقدار جای سوال دارد که این اضافه درآمد کجا هزینه شده است.»

نایب رئیس اول کمیسیون اقتصادی مجلس در بخش دیگری از سخنان خود انتقاد‌های تند دیگری متوجه دولت کرد و گفت دولت در قطع یارانه پنج میلیون نفر نیز «دقت نظر» نداشته است.

وی از نحوه علمکرد دولت در برخورد با فساد اقتصادی در ایران نیز انتقاد کرد و گفت که دولت یازدهم مشغول «تخریب» دولت محمود احمدی‌نژاد است.

این نماینده مجلس رقم «اختلاس» در صندوق ذخیره فرهنگیان را ۱۲ هزار میلیارد تومان دانست و از دولت پرسید: «چطور از کنار این رقم بزرگ، چنین ساده می‌گذرند؟»

موسوی لارگانی همچنین گفت که بابک زنجانی به ستاد انتخاباتی حسن روحانی در انتخابات سال ۱۳۹۲ «کمک مالی» کرده است.

دولت حسن روحانی در یک سال گذشته بر سر مسائلی همچون «اختلاس» در صندوق ذخیره فرهنگیان٬ «حقوق‌های نجومی»٬ نتیجه مذاکرت هسته‌ای٬ پرونده بابک زنجانی و برخی سیاست‌های فرهنگی و اقتصادی خود تحت فشار محافظه‌کاران بوده است.

گروهی از محافظه‌کاران منتقد دولت یازدهم٬ این دولت را به ارائه آمار «نادرست» اقتصادی متهم کرده و حتی می‌گویند دولت روحانی مانع انتشار آمار و اطلاعات در ایران شده است.