۱۳۹۵ فروردین ۲, دوشنبه

سرود آفرینش _ داریوش

21 mars 2016
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Faire commerce de la Légion d'honneur, à l'Elysée c'est une vieille habitude...



En 1887 déjà, à l’Elysée on vendait la Légion d’honneur. Jules Grévy président de la République avait Daniel Wilson, le mari de sa fille, pour s’occuper de ce commerce dans le rouge. Et les caricaturistes pouvaient alors titrer : « Ah ! Quel malheur d’avoir un gendre ! ». A ce que l’on sache, Hollande n’a pas encore de gendre… pourtant accorder la Légion à un prince saoudien, au prétexte qu’il va acheter nos canons, n’est-ce pas du business, le troc d’un humanisme en toc ? La presse française s’est indignée de ce que la médaille ait été épinglée, en douce, sur la gandoura de l’héritier des Saoud. Elle n’a pas tort, mais son indignation est tardive. Elle aurait eu meilleure presse, c’est le cas de la dire, en dénonçant dès leurs origines les indignes relations entre Hollande et Riyad. Mais là, quand l’ex-compagnon de Valérie a participé à un Conseil d’état-major régional dans le but de peaufiner au mieux des bombardements sur le Yémen, qui n’a rien fait à la France, pas un mot, par une virgule. Hollande chef de guerre et Le Drian en chambellan, c’était le monde idéal. D’ailleurs Le Monde, je veux dire l’imprimé dont la lecture nous déprime, sous la signature de Benjamin Barthe, n’a pas eu assez d’encre pour applaudir l’amour fou entre le compagnon de Julie et le royaume des princes cacochymes.

La Légion d’Honneur, rouge cerise, n’était que le sommet d’un gâteau cuisiné depuis très longtemps. Vendre des Opinel ou des Laguiole aux saoudiens, afin qu’ils coupent plus franchement les têtes, ne saurait être considéré comme un mal par nos confrères. En revanche, avec la Légion d’honneur, on entre dans le sacrilège. Alors que nombre de bandits, de bourreaux et tyrans en ont déjà été décorés, comme on le fait d’un sapin de Noël. Pour encore une fois remonter dans le temps, Eric Satie disait : « Maurice Ravel refuse la Légion d’Honneur mais toute sa musique l’accepte »… d’autres aggravaient la charge : « le tout n’est pas de l’avoir faut-il ne pas l’avoir méritée ».

Bien sûr, savoir que Jean Moulin, dans sa caisse en bois du Panthéon, porte le même rouge au côté que le prince Nayef, ça fait un peu tâche. C’est là où l’affaire coince, affaire d’équivalence et de symboles. Pour les Français la Légion c’est plus Guy Môquet que le prince Nayef. Vivre sur des illusions aide à continuer d’exister, sur des mirages aussi pour employer une expression qui convient doublement à ce pays tant aimé de Dassault.

Outre des tonnes de bombes sur le Yémen et un blocus maritime qui affame le peuple, les Saoudiens amis de Hollande ont, de concert avec les frères ennemis qataris, aider Dae’ch à grandir, histoire de liquider Bachar et ses amis chi’ites. Aujourd’hui, s’ils affirment combattre leurs anciens favoris, c’est pour mieux faire pousser les branches de la Qaïda, qui, bien sûr abritent des anges. A l’intérieur du royaume la situation est déplorable, jusque dans les comptes en banque. L’Arabie n’est plus le pays où le prix de l’argent ne comptait pas, la preuve, les princes qui viennent se faire soigner en France dans les hôpitaux publics, sont incapables d’honorer leurs factures !

A l’intérieur donc, il ne faut jamais oublier que le sabre comme celui brandi un jour par Hollande de passage à Riyad, est l’emblème national. Et ça marche. Soixante-dix têtes coupées en deux mois… histoire de reposer le bras du bourreau, Hollande devrait vendre des guillotines. Les prochains sur la liste d’attente sont un blogueur palestinien et un jeune Chi’ite de dix-sept ans dont, en bonus, le cadavre devra être crucifié, un gamin qui a eu l’audace de protester contre la condamnation à mort de son grand père…

En France, c’est bizarre, le Président et le gouvernement n’ont pas éprouvé de légitime fierté à accorder au prince la décoration qu’il a eu la délicatesse de demander. L’Elysée n’a pas informé le peuple de la bonne nouvelle, et les rencontres avec Nayef ne figuraient sur aucun des agendas des ministres ? Pourtant c’est bien Ségolène qui est allée attendre le despote au pied de l’avion (pardon, c’est vrai qu’envoyer une femme non voilée, c’était marquer la force de notre République). C’est bien l’ineffable Macron dit « Macron économique », qui a raccompagné l’altesse. Et Ayrault qui l’a reçu au Quai et Cazeneuve qui, comme un petit cireur est allé visiter le prince à son hôtel. Valls ayant invité le futur roi à déjeuner, sans le vin que l’on impose pourtant aux iraniens quand ils passent dans les palais de notre pouvoir.

En ce qui me concerne, je milite pour que la Légion soit accordée à l’excellent Baghadi, le subtil et doux patron de Dae’ch. Au moins nous saurons que le voyage est terminé, que nous sommes dans le mur. De la honte…

Cet article a été publié avec l’aimable autorisation de l’auteur.