Netanyahou l’apprenti sorcier
lundi 16 juin 2014
La disparition mystérieuse de trois jeunes colons au soir du 12 juin aux alentours du bloc de colonies de Gush Etzion a été suivie d’une série de bouclages, couvre-feu, fouilles et opérations militaires de jour comme de nuit avec au moins 150 arrestations dont dix députés, parmi lesquels Aziz Dweik, président du Conseil législatif palestinien et Wasfi Qabha, ancien Ministre.
Netanyahou a aussitôt désigné les responsables : le Hamas et Mahmoud Abbas son complice, alors que l’événement a eu lieu en zone C sous contrôle israélien total. Il cherche en réalité à cacher sa propre responsabilité, écrasante, et à utiliser la disparition des colons pour saper l’unité palestinienne et faire éclater le gouvernement d’entente nationale.
Il n’a, lui, aucun compte à rendre. Il peut jouer le pourrissement depuis des mois et des mois, renier l’engagement de libérer les prisonniers enfermés depuis plus de 30 ans, réprimer la grève de la faim de détenus administratifs maintenus indéfiniment en prison sans charge ni jugement, faire légaliser l’alimentation forcée des grévistes de la faim sans avoir de souci à se faire. Couvrir les assassins de deux adolescents devant la prison d’Ofer ou faire tuer Ali Al Awwar, ce gamin de 10 ans qui circulait à Gaza à l’arrière de la moto de son oncle. Barrer tout chemin crédible vers la paix et plonger un peuple dans le désespoir sans s’attirer autre chose que des condamnations verbales.
S’agit-il d’un enlèvement opéré par des Palestiniens ? C’est possible quoique non établi à ce jour. Il ne serait, en effet, pas surprenant, quand on se rappelle que la capture du soldat Shalit s’était soldée par la libération d’un millier de prisonniers palestiniens, que, face à ces provocations, certains choisissent ce qui semble la seule voie que comprennent les autorités israéliennes. Netanyahou pratique la politique du pire et fait tout pour pousser vers ce genre d’actions : il croit pouvoir en profiter pour raccommoder son image et redonner vie à celle, bien peu crédible, du « terroriste palestinien ».
La France ne doit pas se prêter à pareille opération, mais constater que tout ce qu’elle a fait pour ménager les autorités israéliennes en croyant faciliter ainsi la « reprise du dialogue » n’a en rien permis d’avancer. Au contraire, la cause profonde de l’aveuglement de Netanyahou réside dans la certitude qui est la sienne de bénéficier quoi qu’il fasse d’une totale garantie d’impunité. C’est cela qui est aujourd’hui éminemment dangereux. Il est urgent d’y mettre un terme : la France ni l’UE ne peuvent continuer à éluder l’heure des sanctions.
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