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4 juillet 2015
Dès sa construction, l’Union Européenne a été pensée comme un outil au service de la bourgeoisie pour anéantir les conquêtes sociales et démocratiques du mouvement ouvrier.
C’est une machine pour opprimer les travailleurs qui n’a fait qu’accentuer leur exploitation en les mettant en concurrence. Pour se justifier, la construction européenne s’est cependant galvanisée de grands idéaux de progrès, d’universalisme, de liberté, etc., et se présente tout particulièrement comme une opportunité pour les jeunes. Voici en effet ce que l’on peut lire sur le site de la Commission européenne : « Plus de 75 millions de jeunes entre 15 et 25 ans vivent aujourd’hui en Europe. L’UE leur offre de nombreuses opportunités en développant des programmes pour accroître leur mobilité, leur permettre de parler plusieurs langues, et les inciter à s’impliquer davantage dans l’aventure européenne. » Pourtant, loin de cette vision idyllique, l’UE ne sert qu’à maintenir voire à accentuer la précarisation des jeunes. Tout d’abord, les jeunes sont les premières victimes du chômage. Le taux de chômage de moins de 25 ans atteint des sommets (23,5 %) à l’échelle européenne. Les pays qui subissent le plus les politiques d’austérité imposées par les dirigeants européens (l’Allemagne en tête) sont les plus touchés. La Grèce affiche un taux de chômage des jeunes de 57,3%. Pour l’Espagne, il atteint 56,5%. Les conséquences de la crise systémique du capitalisme dépassent cependant la question du chômage : elles touchent en son cœur la jeunesse et son avenir.
Si le taux de pauvreté moyen dans l’UE s’élève à 25,1 % en 2012, selon les statistiques officielles, il grimpe à 31,3 % chez les 16-24 ans. Cette hausse de la pauvreté est concomitante à la précarisation et la baisse des revenus qui frappent les peuples d’Europe. En Grèce, en Espagne et au Portugal, par exemple, les salaires minimums pour les jeunes avoisinent les 500€ à temps plein. En outre, leur précarité s’accentue avec la multiplication des contrats à durée déterminée, des temps partiels et des stages. Les entreprises culpabilisent les jeunes en leur renvoyant des nécessités de compétitivité, alors même que toutes les mesures européennes surl’éducation ont contribué à mettre en concurrence les jeunes des différents pays en détruisant progressivement la valeur des diplômes et en faisant de l’université un milieu de plus en plus élitiste, qui reproduit toutes les logiques de domination économique, sociale et culturelle.
Le processus en cours a pour objectif de mettre en correspondance le système éducatif avec les nouvelles exigences de l’économie capitaliste. Après l’ère de la « massification », l’enseignement est à l’ère de la « marchandisation » et se rapproche de plus en plus d’un service privatisé par les grandes entreprises.
Depuis 1998, le Processus de Bologne a amorcé des réformes structurelles dans le système universitaire de tous les pays d’Europe, avec pour objectif de construire « l’enseignement supérieur le plus compétitif au monde ». En France, cela s’est traduit par la loi LRU (qui a soumis les universités aux logiques néolibérales, fixant aux conditions d’enseignements des obligations de performance et de rentabilité économique par un désengagement massif de l’État). La création d’un marché européen de l’emploi n’a fait qu’accroître ces dynamiques.
La propagande des médias dominants au service des dirigeants politiques sur la jeunesse consiste à relayer l’illusion que l’UE aurait fait de la jeunesse une « priorité ». Pour justifier cette promesse, un certain nombre de programmes ont été mis en place, en particulier afin de promouvoir la « mobilité ». Tous sont des leurres qui ne font que renforcer les inégalités économiques inhérentes au système capitaliste. Ainsi, le programme Leonardo par exemple, qui se présente comme « un programme mis en place par l’Union Européenne ayant pour but la mise en œuvre d’une politique de formation professionnelle en Europe » s’apparente en fait à du travail gratuit, où les jeunes sont payés une misère. C’est l’une des nombreuses manières que les capitalistes ont trouvées pour exploiter les jeunes en dépit des lois en les payant en dessous de tous les minima sociaux.
Le célèbre programme Erasmus est lui aussi particulièrement discriminant et contribue pleinement au renforcement des inégalités déjà existantes dans un système éducatif qui n’a pour projet que de reproduire les inégalités sociales qui lui préexistent. En effet, s’il entend permettre aux étudiants de faire leurs études à l’étranger, elle ne le permet que pour ceux qui en ont les moyens. Alors même que les étudiants en France sont plus de la moitié à vivre dans la difficulté financière, le manque de moyens (près de la moitié vit en dessous du seuil de pauvreté !) est encore plus criant quand il s’agit d’étudier à l’étranger. Plus de 20% renoncent à se soigner par manque de moyens, il est donc encore moins envisageable d’imaginer partir étudier à l’étranger.
Mais, le programme Erasmus est aussi discriminant parce qu’il sélectionne les étudiants en fonction de leurs résultats, alors que les statistiques montrent que la précarité renforce les difficultés scolaires. Le salariat, par exemple, favorise largement l’échec, simplement parce qu’il implique moins d’heures disponibles pour le travail scolaire.
L’hypocrisie totale des gouvernants européens vis-à-vis de la jeunesse est particulièrement criante lorsque l’on sort du cadre continental et que l’on replace les politiques de l’Union européenne dans le cadre du système impérialiste qu’elle alimente. Alors même qu’elle prétend défendre la jeunesse, l’UE organise un massacre institutionnel de masse, en particulier des jeunes qui veulent « tenter leur chance » en Europe, avec le maintien de la forteresse Europe, renforcée par l’agence FRONTEX, dont le budget est en permanente augmentation.
Source : Investig’Action
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