۱۳۹۴ اسفند ۲۷, پنجشنبه

15 mars 2016
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Je n'ai pas voulu rester là sans participer aux protestations anti Trump qui ont eu lieu ce vendredi après-midi en face du Pavillon UIC de l'Université de l'Illinois. J'y suis allée avec la ferme intention de réaliser un photos-reportage et de vous transmettre via ma caméra ce qui s'est passé dans la ville où était attendue la visite du présidentiable.

"Vivent les étudiants/ jardin de notre gaieté/ Oiseaux que nul animal ni même la police n’effraient/J’aime les étudiants." (Violetta Parra)


J’aurais voulu pouvoir vous dire de tout coeur que le peuple était présent et a participé massivement : les employés domestiques, les maçons, les ouvriers, les bonnes d’enfants et ces milliers de petites mains qui travaillent dans les milliers d’emplois qu’offre la ville, et qui sont sans papiers.



Malheureusement, il n’en fut rien.

Pourquoi ? Il y a beaucoup de raisons à cela, en particulier la peur. Les rumeurs affirmant que derrière la Police était aussi présente celle de la Migration (nous savons qu’elle est là tous les jours, en tous lieux).

Cela effraie bien sûr toute personne sans papiers, sans parler de ceux qui ont des enfants dont ils reçoivent un soutien économique.

Nous sommes loin de transposer en action la phrase " tout ce qui est personnel est aussi politique".

Ces milliers de sans papiers ne se sont pas rendu compte qu’ils détiennent le pouvoir, que s’ils s’unissent pour parler d’une seule voix, ils peuvent réussir à obtenir la Réforme Migratoire Intégrale, même si le Congrès est contre. Si nous vainquions la peur, nous obtiendrions de grandes victoires.



Mais le manque de participation a également beaucoup à voir avec la "politisation" de ce type de marches : l’effronterie des organisateurs, des organisations et des politiques qui utilisent de type de mobilisation pour leur bénéfice personnel, oubliant qu’ils sont là grâce au peuple et qu’ils doivent se battre pour ses droits.

Comment oublier les énormes marches d’il y a 10 ans ? Malheureusement, elles ont servi de bénéfice a quelques laquais, qui ont atteint leurs objectifs en oubliant les masses.

Cependant, parmi les gens sans papiers et ceux qui en ont, pourquoi les enfants de Latinos américains nés aux Eats Unis n’ont-ils pas fait acte de présence, me suis-je demandée ? Pourquoi les Latinos américains régularisés n’étaient-ils pas là ?

Parce qu’il s’agit de Trump (et c’est comme s’il s’agissait de Ted Cruz et de Marco Rubio, tous trois étant fanatiques et récalcitrants).



Trump ne parle pas que des Mexicains (aux Etats-Unis, nous les Latinos sommes tous Mexicains et quand ils insultent les Mexicains, ils insultent aussi tous les Latinos), il ne parle pas seulement des sans papiers, il parle de l’Amérique Latine toute entière. Des musulmans et des afro-descendants. Il se montre misogyne et sexiste en plus d’être homophobe. C’est une perle du Ku Klux Klan.



Où étaient hier ces masses sorties protester pour la Palestine et la Syrie et qui ont occupé l’avenue Michigan ? Celles qui se disaient être Charlie ? Celles qui ont protesté pour la France il y a quelques mois ? Où étaient les masses d’afro-descendants qui se mobilisent à chaque fois que la police touche un des leurs ? Où étaient les milliers de Latinos qui remplissent les stades quand vient jouer la sélection mexicaine de football ou pour la Coupe d’Or ? On peut tout aussi bien les arrêter lorsqu’ils sortent d’un stade !

Donc, la police migratoire n’est pas la bonne excuse.

Nous sommes tous fautifs de ce que des personnages comme Obama se moquent de nous, tout comme les présidentiables lors de chaque élection. Parce que nous attendons que les autres fassent les choses à notre place. Nous ne sommes pas capables d’apprécier le pouvoir que nous avons. En conclusion, la question est "Où est l’humanité ?" ?



Je voudrais vous dire que ne me suis sentie très fière des étudiants universitaires qui ont occupé les rues aux alentours du Pavillon UIC de l’Université de l’Illinois. J’ai ressenti un profond respect pour leur colère, leur dignité, leur lutte, leur façon d’élever la voix pour les autres, pour eux-mêmes et pour les générations futures. C’était une manifestation pacifique, harmonieuse,débordante d’amour. Sans distinction de credo, de nationalité, de langue, de couleur de peau. L’humanité même était là, unique dans sa beauté et son charme.

Bien sûr qu’un autre monde est possible !
Pour ce qui est de ceux qui sont venus soutenir Trump, il n’y a pas grand-chose à en dire : des personnages dantesques qui vivent dans notre société, pères de famille, universitaires, étudiants, épouses, mères et filles. Des personnes communes comme on en rencontre tous les jours au supermarché, aux arrêts de bus, à la bibliothèque. Ce sont ces personnes qui lancèrent des insultes dès les premières heures de l’après-midi jusqu’à ce que ces outrages se transforment en agressions physiques contre les manifestants qui eux conservèrent leur calme à tous moments.

Le plus beau, le plus inspirateur, le plus louable de cette manifestation de vendredi après-midi fut qu’elle parvint à empêcher Trump de faire son meeting. Grâce à la force de l’amour, de l’intégrité, de la dignité et d’une lutte fraternelle. J’ai eu le privilège d’y assister et de sentir mon coeur éclater de joie au contact de la fraîcheur et de l’impétuosité des universitaires. 

Traduit de l’espagnol par Frédérique Buhl
Cette chronique est extraite du Journal de Notre Amérique du mois de mars (n°12, à paraître)

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