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4 mars 2016
Le rapport Warren fustige l’administration Obama pour son échec dans la poursuite de la criminalité d’entreprise
La controverse a éclaté après le récent débat d’investiture démocrate à la présidentielle au moment où Hillary Clinton accusait Bernie Sanders d’avoir critiqué le Président Obama.
Pourtant Sanders est à peu près le seul démocrate de premier plan à avoir récemment mis en cause certaines des actions du Président. En janvier, la sénatrice Elizabeth Warren (D-Massachusetts) avait sorti une brochure de 12 pages, "Rigged Justice," (une justice manipulée), qui mettait en lumière 20 cas d’application laxiste du droit des affaires en 2015 en déclarant :
L’Administration Obama a fait maintes promesses en termes de renforcement de l’application des lois et d’un durcissement pour ce qui est de faire assumer leurs responsabilités aux entrepreneurs coupables de délits financiers, tandis que, le DOJ [Département de la Justice des E.U.] annonçait en septembre qu’il augmenterait la pression dans la poursuite des personnes responsables de délits financiers. Néanmoins, tant avant qu’après cette annonce du DOJ, la responsabilisation dans le domaine de délits financiers reste scandaleusement faible.
Le rapport Warren couvre un éventail significatif de coupables, de Standard & Poors jusqu’à General Motors. Etant donné le timing et la situation de compétition au sein des primaires du parti démocrate, le rapport Warren, tout comme la chronique The New York Times op-ed reprenant ce rapport, se lisent comme un subtil soutien à Sanders ou, tout au moins, une introduction à ce à quoi auraient ressemblé d’hypothétiques élections primaires Warren-Clinton au parti démocrate, primaires réclamées par tant de progressistes début 2015.
Warren écrit dans le Times : "Un programme législatif est important, mais les électeurs devraient également poser la question de savoir à quels candidats à l’élection présidentielle ils accordent leur confiance pour user de cet extraordinaire pouvoir : être en première ligne dans le combat pour le renforcement des lois". Warren persiste aussi dans l’idée que l’administration Obama a échoué dans la poursuite de fautes graves dans le chef des entreprises ou de leurs dirigeants.
Lors d’une interview accordée au International Business Times pour la publication du rapport, Warren dit, "Dans la crise financière de 2008, la fraude était au centre-même de la crise et pourtant aucun banquier important n’a été mis en accusation, ni poursuivi, et encore moins traduit en justice - pas un." Malgré l’assurance donnée par le Département de la Justice de son intention d’améliorer un renforcement, le rapport Warren laisse entendre que le délit financier jouit d’une "carte-blanche pour agir en dehors des lois" tout simplement parce que leurs responsables n’auront pas à répondre de leurs actes. Le rapport Warren est à la mesure de l’éloge qu’elle fait de Sanders quand il attaque Wall-Street et dénonçe « le trucage » du système.
La relation entre Hillary Clinton et certains malfaiteurs cités dans le rapport Warren renforce l’augmentation de la perception générale d’une particulière sensibilité de la candidature Clinton aux intérêts des banquiers et des grandes entreprises. Par exemple, UBS, l’une des cinq banques qui, en 2015, a acquitté un total de $5 milliards de dommages et intérêts, a plaidé coupable des accusations de fraude électronique en relation avec la manipulation des taux d’intérêts. La sentence n’était assortie d’aucunes poursuites des individus derrière ces directives, ce qui rendait la sanction à l’égard d’USB plus symbolique qu’autre chose et aboutissait à une " Justice Truquée."
Comme le rapportait le Wall Street Journal en 2015, les dons d’UBS’s à la Fondation Clinton – l’organisation philantropique des Clinton – ainsi que les demandes de la banque en termes de conférences, rémunérées, données par l’ex Président Bill Clinton, ont rapidement augmenté, après que la Secrétaire d’État en fonction, Hillary Clinton, ait aidé la banque suisse à régler un procès avec l’Internal Revenue Service (IRS, autorités fiscales américaines – ndlt). Conor Friedersdorf du magazine The Atlantic écrivait à propos des 1.5 millions $ d’honoraires de conférences de l’ex Président Clinton : "Si vous êtes Bill Clinton et que votre épouse vient d’intervenir en qualité de Secrétaire de cabinet pour aider une méga entreprise à prévenir une menace importante pour son existence-même, le moins que vous puissiez faire, ne serait-ce que pour éviter tout soupçon d’irrégularité, est de ne pas négocier avec cette même entreprise des salaires à sept chiffres."
Goldman Sachs fait partie du rapport Warren. Sanders les ciblait en particulier pour la période pré-électorale en Iowa et au New Hampshire pour les $ 675,000 que la banque avait payés à Hillary Clinton pour des conférences données après qu’elle ait quitté le Département d’État des E.U.. (D’autres groupes cités dans le rapport pour avoir payé des conférences incluent la Deutsche Bank et UBS.) Goldman Sachs, un géant de Wall Street et l’un des groupes financiers au sein desquels Warren pointe "le cœur de la fraude" dans la récession de 2008, est propriétaire de 41 pourcents de la seconde plus grande entreprise du pays dans la formation à but lucratif, la Education Management Corporation (EDMC).
Warren note en novembre 2015 dans "Justice Truquée" que EDMC avait trouvé un arrangement avec le Département de la Justice à propos de poursuites pour avoir illégalement payé des recruteurs sur base du nombre d’étudiants qu’ils inscrivaient. La perte financière qu’a subie EDMC à la suite de cet arrangement représentait moins de 1 pourcent des paiements perçus de ces étudiants - 90 pourcents de ceux-ci résultant de subventions et de prêts venant de l’Etat. Certains rapports établissent que ces conduites illégales datent de l’époque où Goldman Sachs avait pris le contrôle de EDMC. Un rapport d’enquête du Huffington Post , en 2011, relate :
D’après les conversations menées ces deux derniers mois avec plus d’une douzaine d’employés (actuels et précédents) de l’Education Management Corp., le management ressortait d’anciens scénarii de télémarketing destinés à s’attaquer aux consommateurs pauvres et peu scolarisés, avec un stratagème qui consistait à souligner leurs erreurs du passé pour mieux les convaincre que les études universitaires résoudraient tous leurs problèmes.
Comme Sanders questionnait sans relâche Clinton à propos de ses conférences payées par Goldman Sachs avant l’Iowa et le New Hampshire, la tête de l’organisation Lloyd Blankfein, offrit à Sanders un soutien involontaire concernant les pouvoirs des progressistes quand il déclara à la CNBC le 1er février que la rhétorique du sénateur avait "le potentiel nécessaire pour représenter un danger" – pas uniquement pour Wall Street, mais aussi "pour quiconque sort un peu du rang."
Warren vint à la rescousse de Sanders, gratifiant le sénateur de ce qui pourrait bien être Le plus éloquent des témoignages de soutien pour son discours sévère à l’égard de Wall Street depuis le début des primaires du parti démocrate : "[Blankfein] pense qu’il est bon de poursuivre les dirigeants de petites entreprises, qu’il est bon d’attaquer durement les personnes qui n’ont pas de réelles ressources, mais non de critiquer des entreprises comme Goldman Sachs et leur très, très important PDG – voilà en réalité ce qu’il a dit."
Au cours du débat avalisé par le parti qui s’est tenu juste avant les primaires au New Hampshire le 4 février, Clinton a tenté de réfuter les accusations portées par Sanders, selon lesquelles elle subirait des pressions à chaque fois qu’elle tient des conférences rémunérées, disant , "Jamais vous ne m’avez vue changer d’opinion ou de vote parce que j’aurais reçu une quelconque donation. J’ai représenté et défendu mes électeurs au mieux de mes capacités et j’en suis très fière."
Warren a eu quelques aperçus quant aux relations de Clinton avec ses électeurs. Au cours d’une apparition dans le programme « NOW » de PBS, Warren disait à Bill Moyers qu’elle avait tenu un rôle crucial dans l’opposition de Clinton aux lois récurrentes dans les années 1990, lois qui auraient rendu plus difficile pour les familles ordinaires de se déclarer en faillite. Warren exposait que les dynamiques avaient changé dès que Clinton s’était engagée dans la course pour un siège au Sénat à New-York en 1999 :
"En tant que Sénatrice Clinton, les pressions sont très différentes. C’est une industrie bien financée. Beaucoup de gens ne se rendent pas compte du fait que l’industrie la plus lucrative pour Washington ces dernières années n’était pas l’industrie pétrolière, ni l’industrie pharmaceutique ; c’était les produits de crédit aux consommateurs. C’étaient ces gens-là. Les compagnies de cartes de crédit ont distribué de l’argent et elles avaient de l’influence.".
"Et Madame Clinton était l’une d’entre-elles comme Sénatrice ?" demanda Moyers à Warren, qui à l’époque, était professeur à Harvard et acquit rapidement une réputation d’intellectuel et de chien de garde de autour Wall Street.
"Elle prenait l’argent des groupes mais, surtout, elle les voyait en tant que circonscription électorale," répondit Warren.
Quand le "This Week" de ABC reprit le 7 février ce clip à propos de Clinton, elle répondit par une pirouette en attaquant ce qu’elle appelle les « sous-entendus » de Sanders à son propos et à propos de Wall Street, ajoutant qu’elle avait renoncé à soutenir la loi sur les faillites parce qu’elle avait été « submergée par les groupes de défense des femmes et des enfants » qui évoquaient son échec à protéger les simples mères de famille. Mais, comme le pointe le The Daily Caller, cet argument est aisément réfutable comme l’atteste le livre de Warren paru en 2003 The Two-Income Trap : Why Middle-Class Parents Are Going Broke.
Indépendamment du résultat des élections de 2016, le rapport Warren, le seul qui promette d’informer chaque année sur le renforcement de la législation concernant les entreprises, souligne le fait qu’en dehors de la politique et de projets de loi, le renforcement des lois actuelles par le Président est important pour le bien-être public. Avec Warren qui n’a pas peur de déclarer l’administration Obama innatentive et "affreusement faible", en matière de criminalité d’entreprises, son successeur ne sera que plus attentivement observé encore.
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Traduit de l’anglais par le collectif Investig’Action
Source : Truthout - Copyright, Truthout. Reproduction interdite sans autorisation préalable
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