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6 octobre 2015
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Parler d’une crise des réfugiés suite à l’afflux massif de cet été revient à fermer les yeux sur un phénomène qui existe depuis des lustres et qui, en fait, ne fait que s’accélérer ces derniers temps.


1. Crise des réfugiés ? Ceci n’est pas une crise !

Parler d’une crise des réfugiés suite à l’afflux massif de cet été revient à fermer les yeux sur un phénomène qui existe depuis des lustres et qui, en fait, ne fait que s’accélérer ces derniers temps. Le fait de parler de « crise des réfugiés » vise clairement dans le chef du gouvernement à pouvoir traiter le problème comme un élément ponctuel plutôt que de chercher à s’attaquer à ses causes profondes et y apporter des solutions structurelles.

On ne peut évidemment nier l’accélération du mouvement suite, notamment, à la déstabilisation de pays du Moyen-Orient. Mais il faut non seulement se pencher sur les intérêts qui se cachent derrière ces guerres, mais également examiner et intégrer dans une réflexion globale l’ensemble des facteurs à l’origine de ces mouvements de population. Et alors se pencher sur le rôle des gouvernements et des organisations internationales dans ces processus afin d’examiner comment s’attaquer concrètement aux causes réelles du problème.

2. Accueil des réfugiés : une faillite organisée !

L’actuel Secrétaire d’Etat à la migration, le très controversé Théo Francken, se voit contraint aujourd’hui, en fonction des Traités internationaux en matière d’accueil, de s’inscrire dans une politique de type humanitaire. L’opinion publique en partie sensibilisée à la cause des réfugiés et à la base de nombreux mouvements spontanés de solidarité à l’égard des réfugiés, mais aussi les politiques mises en œuvre par l’Allemagne en la matière[1], placent à cet égard le gouvernement belge sous pression.

Les récentes déclarations de De Wever concernant la création d’un sous-statut pour les réfugiés illustrent néanmoins clairement les intentions du premier parti du gouvernement fédéral en la matière. Et on peut clairement affirmer que si la situation d’urgence et le contexte émotionnel expliquent la mise en œuvre des mesures humanitaires provisoires (largement insuffisantes), les lignes politiques en termes de migrations de la part du gouvernement Michel-De Wever resteront axées sur la déshumanisation et l’instrumentalisation des réfugiés.

Les initiatives de la FEB mais aussi du ministre de l’emploi en matière de soutien aux migrants devront être examinées avec la plus grande prudence. La mise en concurrence des travailleurs avec et sans papiers entre eux et l’alimentation de nouvelles formes de dumping social « autorisé », déjà actuellement largement exploitées par certains employeurs sans scrupules vis-à-vis de travailleurs sans papiers, demeurent des risques majeurs à déjouer.

Dignité, respect et égalité des droits, intégration et solidarité doivent rester nos lignes directrices.

Il convient encore de rappeler que la précédente Secrétaire d’Etat à la migration, Maggie De Block, avait largement coupé dans les budgets de l’asile (plus de 90 millions€) en fermant de nombreuses places d’accueil et en créant les conditions de faillite de l’accueil telle que nous la vivons aujourd’hui, poussant les initiatives citoyennes à devoir suppléer aux manquements de pouvoirs publics démembrés par les politiques libérales.

3. S’attaquer à l’origine du problème !

Pour s’attaquer à l’origine du problème, il faut se demander ce qui pousse des êtres humains à devoir tout quitter et à mettre en danger leurs vies et celles de leurs familles pour venir « tenter » leur chance en Europe. En sachant, et l’actualité nous le démontre dramatiquement, qu’aucun mur ni aucun barbelé ne pourra empêcher une personne en danger de mort de tenter de s’enfuir.

Sur base des témoignages des réfugiés rencontrés et des expériences vécues sur le terrain, confirmées par les autorités compétentes, on peut citer deux raisons principales expliquant ces mouvements de population : d’une part la fuite de situations de guerre. D’autre part, des situations de pauvreté extrême.

A ces deux raisons majeures s’ajoute une raison qui prend de plus en plus d’ampleur : les changements climatiques.

Derrière ces trois raisons se profilent de manière systématique, de manière directe ou indirecte, des enjeux financiers . Et c’est en s’intéressant à ces enjeux financiers et à ceux qui en profitent, en examinant notamment le rôle des gouvernements et des institutions internationales impliquées dans ces processus, que l’on doit pouvoir s’attaquer à l’origine du problème.

- Fuir des pays en guerre : quels sont les enjeux derrière ces guerres ?

Si on prend le cas de réfugiés syriens, libyens, afghans ou d’autres pays du Moyen Orient ou d’Afrique, ce sont généralement, sous couvert de motifs religieux ou de lutte contre des régimes dictatoriaux, des enjeux géo-stratégiques liés à l’appropriation de ressources naturelles et de matières premières qui motivent les interventions militaires des gouvernements (dont la Belgique). Etrangement, il n’y a pas d’intervention militaire des coalitions internationales en Erythrée, pourtant considéré comme l’une des pires dictatures d’Afrique. Mais où il n’y a ni pétrole, ni minerais suscitant les convoitises internationales.

On peut clairement parler d’IMPERIALISME dans la plupart des interventions militaires visant à déstabiliser les gouvernements des pays dont proviennent de nombreux réfugiés, avec un rôle évident de nos gouvernements dans la « gestion » des conflits !

- Fuir la pauvreté extrême : qui crée la misère ?

Dans d’autres pays, des guerres cette fois directement d’ordre économique mises en œuvre par des multinationales, sous couvert et avec la complicité de gouvernements, aboutissent aux mêmes conséquences, poussant les populations locales à fuir le pays ; avec généralement les mêmes enjeux d’appropriation des ressources naturelles et des matières premières, en exploitant par ailleurs les populations locales. L’exploitation du Coltan au Congo ou de l’uranium au Niger, pour ne citer que deux exemples flagrants parmi des centaines d’autres, illustrent parfaitement ces situations.

On peut clairement ici parler de COLONIALISME ! Et la Belgique est bien placée pour en parler…

- Fuir pour ne pas se noyer !

La recherche de profits à tout va au détriment des besoins des populations et de la préservation des ressources naturelles pousse par ailleurs à un dérèglement climatique, avec en 2013 plus de 22 millions de personnes officiellement reconnues comme REFUGIES CLIMATIQUES.

A la manœuvre derrière ces politiques impérialistes, colonialistes et à travers ces dérèglements climatiques, un modèle de société qui place l’exploitation des travailleurs et des ressources naturelles au profit d’intérêts individuels plutôt que de l’intérêt général.

Et c’est donc en proposant des alternatives à ce modèle de société qu’il convient de trouver les solutions structurelles au problème des réfugiés.

Ce n’est pas en construisant des murs toujours plus hauts ou des barbelés toujours plus coupants que l’on créera les conditions pour stopper l’afflux d’êtres humains qui tentent de survivre. Mais c’est en proposant un autre modèle de société que l’on recréera les conditions de vie suffisantes pour permettre à chaque être humain de vivre dignement là où il a ses origines.

4. Concrètement, que peut-on faire ?

Changer de modèle de société, en finir avec les guerres impérialistes et colonialistes ou éradiquer la pauvreté, des objectifs louables mais qui semblent extrêmement difficiles à mettre en oeuvre.

Et pourtant, il est possible de poser des actes concrets permettant de s’attaquer directement aux causes du problème évoquées ci-avant et de mettre en œuvre des solutions structurelles au problème des réfugiés :

1. Aider les populations locales à ne pas devoir tout quitter et venir s’échouer sur une plage de Méditerranée à travers le renforcement des politiques de coopération et développement ; En aidant les populations d’Afrique à exploiter elles-mêmes leurs ressources naturelles et leurs matières premières, elles élèveront leurs niveaux de vie et ne seront plus contraintes de devoir quitter leurs racines. L’exemple du phosphate au Maroc, qui a décidé de ne plus exporter sa matière première au profit de multinationales étrangères, mais de produire directement le produit fini (notamment les engrais) sur ses terres, a eu pour conséquence une inversion des flux migratoires du Maroc vers l’Espagne. Aujourd’hui, ce sont des travailleurs espagnols qui vont travailler au Maroc pour exploiter le phosphate…

L’exploitation des richesses naturelles du continent africain (pour ne citer que ce continent) de manière autonome par la population africaine elle-même résulterait en une diminution drastique des migrations africaines vers l’Europe.

2. Fixer des règles pour empêcher les multinationales d’exploiter les richesses naturelles étrangères au détriment des populations locales, créant les conditions de pauvreté et poussant ces populations à devoir quitter leurs racines.

A noter que selon Ernst&Young, le risque numéro 1 pour les multinationales actives dans l’exploitation des matières premières (et donc pour toutes celles en aval) réside dans l’autodétermination des pays du continent africain. Ce qui illustre le fait que ce soit le système et ceux qui le défendent qui empêchent les populations locales d’exploiter elles-mêmes leurs ressources naturelles et qui les forcent donc à émigrer vers l’Europe…

Ceux qui répètent à qui veut l’entendre qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde sont souvent les mêmes qui soutiennent les multinationales qui créent la misère dans le monde et forcent les populations à émigrer !

3. A plus court terme, en matière d’accueil et de politique d’asile, il convient de redonner des budgets suffisants aux services publics afin d’organiser l’accueil dans les conditions optimales. En respect des Traités internationaux, en respect de la dignité humaine et du respect de droits égaux pour toutes et tous, quelles que soient les origines.

Ceci implique la régularisation des travailleurs sans papiers déjà présents sur notre territoire parfois depuis de nombreuses années, et la fixation de règles claires pour ces régularisations.

Il convient de noter à cet égard que compte tenu de l’évolution démographique du pays, les populations migrantes auront un effet positif sur la situation du pays (cfr Bureau du Plan). Contrairement aux mesures actuellement prises par le gouvernement fédéral de relèvement de l’âge de la pension, qui n’aboutissent qu’à augmenter le nombre de chômeurs âgés et de faire exploser le nombre de malades âgés, l’intégration de populations migrantes, à l’instar de ce qui se fait aujourd’hui en Allemagne pour répondre aux mêmes défis démographiques, aura des conséquences positives pour l’alimentation de la sécurité sociale et la consolidation de notre système de pensions par répartition.

4. Lancer une campagne d’information et de sensibilisation pour clairement démonter les clichés concernant les réfugiés et démontrer que ce sont les politiques libérales qui sont à l’origine de l’afflux des réfugiés. Certains partis politiques veulent utiliser ce qui se passe actuellement pour alimenter les peurs. En opposant « nos » SDF ou « nos » chômeurs aux réfugiés. En faisant croire que les réfugiés nuisent à la sécurité sociale. En utilisant tous les prétextes et mensonges pour pousser les politiques de repli sur soi.

Les « migrants » ne coutent pas à la collectivité, mais au contraire, selon l’OCDE, rapportent en net (les recettes moins les dépenses liées aux « migrants ») 3.500€ par tête dans le PIB Belge. Ils ne volent pas les emplois de « nos » chômeurs.

Autant de clichés à démonter pour bien montrer à la population que quelles que soient les origines ou la couleur de peau, avec ou sans papiers, nous appartenons à la même classe sociale, et que c’est à celle qui nous exploite qu’il convient de s’attaquer tous ensemble…

[1] Dont il conviendra de mesurer le réel caractère social en évaluant les conditions de travail qui seront imposées aux travailleurs concernés.

Source : Investig’Action

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