۱۳۹۴ آبان ۱۷, یکشنبه

8 novembre 2015
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En octobre dernier, Barack Obama a annoncé le déploiement de 300 soldats étasuniens au Cameroun. Objectif officiel, lutter contre Boko Haram. C’est après cette annonce qu’un mémorandum d’entente devant encadrer cette « aide » d’un genre particulier a été signé entre Yaoundé et le Commandement d’Africom. Autant dire que Obama a pris Paul Biya de court. Mais pour quel but ?

Paul Biya a‐t‐il voulu cacher le déploiement au Cameroun de 300 soldats américains dans le cadre de la lutte contre Boko Haram ? Pas si sûr. Il est bien vrai que, depuis le début de ce conflit, le Président camerounais ne s’en réfère qu’à une poigné de conseillers pour décider, ne consulte pas le Parlement et n’explique pas ses choix. Mais l’arrivée de l’armée tchadienne dans le pays avait tout au moins été précédée le 15 janvier 2015 (deux jours auparavant) par un communiqué du Ministre de la Communication informant de la décision du Président tchadien « d’envoyer un important contingent de forces armées tchadiennes pour venir appuyer les forces armées camerounaises ».
Pourquoi n’en a‐t‐il pas été le cas cette fois‐ci (le communiqué du secrétaire général à la Présidence de la République du Cameroun n’étant intervenu que dans l’après‐midi du jeudi 15 octobre après l’annonce du déploiement par les médias) ? A vrai dire, « Yaoundé et Washington ont été pris de cours » renseigne une source diplomatique. En fait, le courrier du président Barack Obama signé le mercredi 14 octobre informant du déploiement des forces américaines n’aurait pas dû fuiter dans la presse. Il était adressé aux seuls leaders des deux chambres du Congrès. Et c’est de cette institution que serait partie la fuite qui a obligé le porte‐parole de la Maison Blanche à s’exprimer sur le sujet. De fait, au moment où le Président américain informe le Congrès, tous les contours de ce déploiement ne sont pas encore totalement réglés bien que la lettre du chef d’État américain précise que 90 militaires se trouvent depuis lundi au Cameroun.
Toute la journée du jeudi 15 octobre, ce fut d’ailleurs le branlebas de combat à l’ambassade des Etats Unis au Cameroun et au palais de l’Unité, obligés d’accélérer le processus pour essayer de rattraper le coup. Un accord ne sera en effet signé que le lendemain entre le ministre camerounais délégué à la Présidence de la République en charge de la Défense et le commandant d’Africom (forces américaines pour l’Afrique). Mais que prévoit‐il ? Eléments de réponse dans cette enquête. Les sources officielles ne sont pas très disertes sur le mémorandum d’entente signé le vendredi 23 octobre 2015 entre Joseph Beti Assomo, le Ministre camerounais délégué à la Présidence chargé de la Défense et le général David M. Rodriguez, le commandant d’Africom (forces américaines pour l’Afrique). Tout juste ont‐elles consenti à dire : « l’accord régit la coopération entre le Cameroun et les Etats Unis dans la lutte contre Boko Haram ».
C’est donc ce document qui encadre le don de matériel d’un montant de plusieurs milliards de francs CFA remis le même vendredi à l’armée camerounaise et le déploiement, annoncé mercredi, de 300 soldats américains en territoire camerounais. Mais depuis cette annonce, les questions fusent : « Quelle est la contrepartie de la présence militaire américaine dans notre pays ? Les gouvernants de Yaoundé ont‐ils veillé aux intérêts de notre pays ? Quelles sont les garanties, pour quʹil n’y ait pas d’invasion multiforme de notre territoire, notamment en termes dʹexploitation de notre sous‐sol qui est immensément riche ? Combien cela va nous coûter ? », interroge dans une tribune libre Robert Waffo, le responsable de lʹinformation et des médias dans le Cabinet fantôme du SDF, le principal parti de l’opposition.

« Offre gracieuse »

Selon nos informations, il n’y aurait pas dans le texte signé une contrepartie explicite à cet apport américain. Une source à l’ambassade des Etats Unis parle même « d’offre gracieuse » avant de nuancer « cela ne signifie pas que nous n’avons aucun intérêt », sans plus. Si les autorités camerounaises avouent que ce déploiement « apportera à nos forces de défense et de sécurité une contribution précieuse dans la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram », les autorités américaines sont très discrètes sur leurs desseins. Selon le géostratège Alain Fogue, l’objectif principal des 300 militaires américains serait de collecter un maximum d’informations sur Boko Haram afin de prévenir par anticipation l’action de Boko Haram sur les intérêts américains. Le cahier de charges des soldats américains déployés au Cameroun le laisse d’ailleurs penser.
Que ce soit du porte‐parole de la Maison blanche ou du secrétaire général à la Présidence de la République du Cameroun, on apprend en effet qu’a lieu un « détachement de personnels de l’armée américaine chargés de conduire des opérations de renseignement, de surveillance et de reconnaissance ». A l’ambassade des Etats Unis au Cameroun, on explique que l’essentiel du travail de ce contingent consiste à la manipulation des drones et à la formation des soldats camerounais à cette tâche. D’ailleurs, la ville de Garoua où ce détachement est basé abrite la base aérienne 301, l’une des plus importantes du Cameroun.

« Zone d’intérêt vital »

On sait par ailleurs depuis des années que la sécurité dans le Golfe de Guinée intéresse les Etats Unis. Cette zone a été déclarée « zone d’intérêt vital » par les Américains pour répondre à leur nouvelle politique énergétique motivée par l’instabilité au Proche‐Orient et la volonté de diversifier leurs sources d’approvisionnement, soutien Alain Fogue dans un article décryptant les enjeux de l’arrivée d’Africom et paru en fin 2011. Le professeur de relations internationales et stratégiques à l’université de Yaoundé II (Soa) affirme que le pays de l’Oncle Sam s’était fixé pour objectif d’importer depuis cette année 25% de sa consommation pétrolière de l’Afrique noire.
Avant le mémorandum d’entente conclu vendredi, c’est un accord spécifique portant sur l’entrainement des forces camerounaises à la sécurisation de leurs côtes qui liait d’ailleurs les deux pays. La piraterie maritime a certes été réduite à sa plus simple expression sur les côtes camerounaises grâce notamment au déploiement du Bir Delta. Mais une déstabilisation des pays du Bassin du lac Tchad pourrait bien changer la donne. Et les Américains sont les mieux placés pour le savoir.
Autres éléments à prendre en compte : le Cameroun est certes un nain dans le marché des armes. Mais ses dépenses en la matière se sont plus que multipliées depuis la guerre contre Boko Haram. Et les Etats Unis, de loin le premier exportateur d’armes au monde, le savent bien. D’ailleurs, comme révélé la semaine dernière et selon une annonce faite le 29 septembre 2015 par le Pentagone (Ministère américain de la Défense), la firme américaine Insitu Inc, basée à Washington, a récemment reçu du gouvernement camerounais une commande de drones de combat de type Scan Eagle pour un montant total d’un peu plus de 5 milliards de francs CFA. Ce n’est pas rien. Surtout que, pour faire fonctionner ses aéronefs sans pilote, le Cameroun qui n’est pas propriétaire de satellites doit en plus louer des faisceaux satellitaires. Certainement pas à vil prix.
Source : 237online.com 




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