Le plan de l’OTAN d’établir des bases militaires à Saragosse et sur les îles Canaries, ainsi que le sommet des ministres de la Défense de l’OTAN, qui a eu lieu à Séville les 8 et 9 février dernier, ont réactivé le mouvement espagnol anti-OTAN. Les citoyens ne veulent pas être co-responsables des guerres que planifie l’OTAN.
Un appel rédigé par 15 partis et organisations fait la mise en garde suivante: «L’Etat espagnol, qui a des troupes stationnées en Bosnie, au Kosovo, en Afghanistan, au Kirghizistan et dans les Etats baltes est complètement intégré dans les structures militaires de l’OTAN. Il engage des montants énormes issus des fonds publics pour le recrutement, la formation, l’armement et l’entretien de ces troupes au service de l’OTAN. La participation des troupes espagnoles aux missions de l’OTAN, leur intégration dans sa structure de commandement et de contrôle et leur participation au Corps européen et aux troupes d’intervention rapide les transfèrent en plein dans des scénarios de guerre dont les suites ne sont pas prévisibles.» Des chiffres sont ensuite donnés, qui comparent les dépenses du ministère de la Défense avec celles d’autres ministères:
• 7 fois plus que pour l’industrie
• 10 fois plus que pour l’environnement
• 13 fois plus que pour l’agriculture, la pêche et l’alimentation
• 18 fois plus que pour le logement
• 26 fois plus que pour la santé et la consommation
• 32 fois plus que pour la culture
63,15 millions d’euros sont dépensés chaque jour pour l’armée!
Saragosse
Depuis que s’est ébruitée, l’été dernier la nouvelle que l’OTAN planifiait une nouvelle base à Saragosse, des actions de protestation importantes ont été organisées dans la capitale de l’Aragon. De cette base militaire, n’importe quel mouvement de troupes sur la planète pourrait être contrôlé par des satellites et des avions d’espionnage, et cela –à la différence de la base existant en Allemagne – même par ciel nuageux. La dernière manifestation a eu lieu le 21 janvier avec 15’000 à 25’000 participants, selon les sources. Ils se sont exprimés contre l’installation de cette base sur sol espagnol et pour la dissolution de cette organisation armée, avec des slogans comme «Pour une culture de la paix! Aujourd’hui comme il y a 20 ans! Non à l’OTAN, dehors avec les bases!». La Plataforma Anti OTAN, la Fédération des associations de quartiers, les forces parlementaires Chunta Aragonesista et Izquierda Unida (la gauche unie) – dont le coordinateur, Gaspar Llamazares a conduit le défilé en commun avec les chefs de syndicats – ont invité à cette manifestation. Les citoyens de Saragosse sont d’avis qu’une base militaire dans cette ville est incompatible avec son titre de «Ville de la paix» que l’UNESCO lui a décerné.
La Grande Canarie
La population des îles Canaries se souvient ces jours fièrement du référendum de 1986 lorsque la majorité avait rejeté l’adhésion de l’Etat espagnol à l’OTAN. Elle a manifesté à Las Palmas contre le sommet informel de l’OTAN à Séville et pour exprimer sa solidarité avec les autres mouvements d’opposants. Dans un manifeste, elle refuse de devenir la porte d’entrée de l’Afrique et d’aider les grandes puissances à exploiter encore davantage les ressources naturelles de ce continent. «Ici et maintenant, la Grande Canarie poursuit sa longue lutte contre la militarisation et se solidarise avec ceux qui élèvent leur voix contre le réarmement barbare, personnifié par l’OTAN, dont les représentants s’installent directement derrière nous. Ici et maintenant, le peuple canarien exige le respect de sa volonté souveraine, qui avait majoritairement dit «Non à l’OTAN» il y a 21 ans. Nous voulons que les îles Canaries deviennent une zone non militarisée. Ici et maintenant, les citoyennes et les citoyens canariens s’engagent pour un statut de neutralité pour ces îles.»
Séville
Séville a vécu dans les jours avant le sommet, qui est désigné ici comme «Sommet des ministères de la Guerre», une révolte sociale importante. En liaison avec le forum social au niveau local (Forosocialsevilla.org), plus de cent organisations ont organisé des actions de grèves, pour exprimer dans les rues leur rejet d’une organisation qu’elles nomment «le bras armé de la mondialisation capitaliste». En octobre dernier, 150 personnes représentant plus de 50 organisations du pays entier se sont rencontrées à Séville pour planifier le calendrier des activités contre le sommet et le déclarer «assemblée non désirée». Du 2 au 9 février, elles ont organisé un contre-sommet avec beaucoup de tables rondes, de conférences et d’actions de protestation. De plus, les syndicats ont appelé pour le 8 février, lorsque les ministres sont arrivés à Séville, à des grèves et à des rassemblements devant les entrées d’entreprises à midi. L’après-midi, une manifestation a eu lieu contre le sommet officiel et le Foro Social Sevilla a porté plainte contre l’ancien ministre de la Défense des Etats-Unis Donald Rumsfeld.
Les plaignants exigent qu’il soit jugé pour ses crimes contre l’humanité pour sa responsabilité dans la guerre d’Irak, «exactement comme Pinochet a été jugé». Rumsfeld est responsable de la mort des civils irakiens, car il était le plus haut responsable de la politique de défense américaine pendant l’invasion de l’Irak. Si pendant le procès d’autres responsables apparaissent, ceux-ci devront également être inculpés. La plainte est suffisamment fondée et s’appuie entre autres sur la Convention de Genève. (Le texte de l’accusation se trouve en espagnol sur le site Internet: www.forosocialsevilla.org/pip.php?article189)
Dans un appel des syndicats, on peut lire le texte suivant: «L’Andalousie, berceau et maillon entre les civilisations, est une terre de paix et seules les personnes qui veulent pour leur avenir vivre en paix et en liberté avec les autres ont le droit d’y poser leurs pieds. Séville, qui hébergera en septembre le Forum mondial de la culture, doit ambitionner une référence en tant que ville de paix et de progrès. Dans ce cadre, une assemblée de l’OTAN, qui tentera notamment d’installer une «politique militaire du développement au Maghreb», n’a pas sa place. Ce territoire a déjà assez souffert et a besoin de solutions politiques et économiques qui s’orientent selon des critères de justice sociale et de respect des Droits de l’homme et non pas selon des principes émanant d’une perspective militaire.
Nous ne voulons pas que des actes guerriers futurs, qui peuvent coûter la vie à des milliers d’innocents, détruire des infrastructures et forcer des hommes, des femmes et des enfants à l’exil, soient décidés et planifiés à partir de notre ville. Séville et ses citoyens ont mérité une autre place dans l’histoire du début du XXIe siècle.
Nous, travailleuses et travailleurs de Séville, ne croyons ni aux guerres classiques ni aux guerres préventives comme moyen de solution pour les conflits économiques et politiques actuels. Nous croyons au contraire que la paix et la prospérité pour tous les habitants de cette planète ne peuvent être atteintes que par le développement économique, le dialogue et le respect des droits sociaux du travail et des droits de l’homme de tous les peuples.
Nous plaçons notre espoir dans la réforme du rôle des Nations unies en tant que lieu international de résolution des conflits à la place de toute autre organisation politique, économique ou militaire qui ne représente pas l’ensemble des pays du monde dans lequel nous vivons. Nous, travailleuses et travailleurs de Séville, voulons une ville synonyme de vie et d’espoir. Faisons de Séville un lieu de paix, de vie en commun et de respect des Droits de l’homme.»
http://www.horizons-et-debats.ch/0710/20070310_04.htm
- See more at: http://www.investigaction.net/Espagne-vive-resistance-contre-l/#sthash.sfBSrAbM.dpuf
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