Syrie : Israël contre les accords d’Astana
- 15 Mai 2017
Un rapport des services de sécurité d’Israël, publié par le quotidien Maariv, a déclaré que « les décisions prises à Astana sont une vaine tentative de résoudre le conflit en Syrie». «Israël» – poursuit le document- «malgré l’entrée en vigueur de l’accord, ne l’observera pas et poursuivra ses raids aériens contre toutes les activités menaçant son territoire, considérées comme terroristes.»
Selon plusieurs analystes, Tel-Aviv est conscient du fait que la création des « zones de sécurité », déterminée par la Russie, l’Iran et la Turquie à Astana, va créer des entraves sérieuses à la poursuite de ses plans pour déstabiliser le voisin syrien.
Il y a deux points qui ont alarmé l’Etat d’Israël.
Le premier concerne l’interdiction faite aux avions de la coalition internationale et à celles d’Israël « d’opérer dans les zones de sécurité » en Syrie. «Les opérations aériennes dans les zones de sécurité, en particulier celles des forces de la coalition, ne sont absolument pas prévues, sauf celles engagées contre Daesh », a déclaré Alexander Lavrentiev, envoyé spécial russe pour la Syrie. Et les forces aériennes russes et syriennes mettront même un terme à leurs opérations militaires. Serguei Rudskoi, chef des forces armées russes a affirmé que ses avions ne seront plus opérationnels depuis début mai, «à condition qu’il n’y ait plus aucune activité militaire dans les zones de sécurité, afin d’obtenir une trêve durable dans ces régions »
Le deuxième point concerne le placement, légitimé par les accords, des troupes iraniennes dans ces safe zones : l’une des quatre zones (Idlib, Deraa, Homs et Ghouta banlieue-est de Damas) sera installée au sud dans la région de Deraa, juste derrière les hauteurs du Golan et la frontière israélienne. Tel Aviv retrouverait ainsi à proximité de ses frontières, grâce à un accord international soutenu par l’ONU, ce qu’il a essayé d’éviter au cours de ces dernières années: les Pasdaran iraniens.
Cependant, la position des États-Unis sera fondamentale dans ce cadre. L’administration américaine a accordé beaucoup d’attention à la nouvelle de l’accord et l’a soutenu « pour réduire réellement la violence en Syrie ». Selon la presse de Tel-Aviv, malgré le fait que les Etats-Unis soutienne cet accord avec Moscou pour des raisons logistiques, ils « ne renonceront pas à soutenir toutes les factions rebelles modérées. »
Des déclarations qui trouvent leur justification dans les opérations militaires que les Etats-Unis mènent dans la zone frontalière entre la Syrie et la Jordanie. Le 7 mai a commencé l’opération militaire « Eager Lion » qui a engagé, sous le commandement des États-Unis, plus de 7500 soldats de 20 pays (principalement européens, africains et des pays du Golfe).
Malgré qu’il n’ait été invité qu’en tant que pays observateur pour la première fois aux pourparlers d’Astana, le royaume jordanien a déclaré qu’il continuera sa « politique de défense dans le cadre de la crise syrienne afin de défendre son pays contre le terrorisme ».
«La Jordanie n’a pas signé les accords d’Astana sur les Zones de Sécurité » – a déclaré lundi le porte-parole du gouvernement jordanien Mohammed Al Moemeni – «et elle défendra ses frontières, en cas de besoin, avec tous les moyens possibles ».
Des sources proches de l’agence de presse syrienne (SANA, Al Mayadeen) ont déclaré qu’en cas de nécessité la Jordanie pourrait envahir la Syrie dans la région d’Al Tanf, plaçant une nouvelle milice, le groupe Maghawir Al Thawra, créé et armé par les Américains, contre Assad et contre Daesh. Le même lundi, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Al Mouallem, a mis en garde la Jordanie en déclarant que toute action militaire en Syrie, sans l’autorisation de Damas, sera considérée comme un « acte hostile ». Le même ton menaçant a été utilisé par le Hezbollah: « toute personne qui violera la frontière syrienne paiera un lourd tribut et sera considérée comme une cible possible », affirme un communiqué de presse publié hier.
Les priorités de Damas, en particulier durant ces dernières semaines, sont celles de reprendre toutes les localités du sud, à la frontière avec la Jordanie et l’Irak, afin d’unir ses troupes qui se battent contre Daesh (Groupe Khalid Ibn Al Walid) avec celles de l’Irak du Hached Chaabi (Unités de Mobilisation Populaire, les troupes multiconfessionnels de Bagdad, ndlr) dans le but de créer un «front commun » pour la défense de la frontière sud.
Source : NenaNews
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