۱۳۹۶ خرداد ۳, چهارشنبه

«La grève de la faim est un combat pour la dignité et la liberté de tous les Palestiniens»

«La grève de la faim est un combat pour la dignité et la liberté de tous les Palestiniens»



Ilan Pappe, juif, érudit socialiste et antisioniste, a récemment écrit que le peuple palestinien, en ce qui concerne sa ténacité, est comparable aux oliviers de son pays natal. 
Le 17 Avril  a commencé dans les prisons israéliennes une grève de la faim organisée par le chef du Fatah, Marwan Barghouti. Selon Addameer, l’Association palestinienne pour les droits des prisonniers politiques, il y a eu plus de 6.500 détenus palestiniens l’année dernière, dont 300 adolescents, 61 femmes et 24 journalistes. La répression de l’armée d’occupation de Tel-Aviv dans les territoires occupés est devenue si féroce qu’il ne se passe pas un jour sans que quelques Palestiniens, souvent jeunes garçons et filles, soient éliminés pour cause d’«actes de résistance » ou de suspicion de «comportement menaçant ». 
Ces derniers mois ont également vu  augmenter les arrestations et les mesures répressives de Tsahal (l’armée israélienne) tandis que les services de sécurité palestiniens se renforçaient: une tentative d’Abu Mazen de gagner les faveurs de Donald Trump, le nouveau Président américain, véritable ami d’Israël,  et d’obtenir les fonds internationaux indispensables à l’Autorité palestinienne. Les allégations de collusion avec les autorités de Tel-Aviv ont conduit au boycott des dernières élections locales –  qui n’ont eu lieu qu’en Cisjordanie – par toutes les forces politiques (Front Populaire Libération Palestine, le Hamas, le Jihad islamique et le Front démocratique) qui ne s’identifient plus à l’Autorité palestinienne et  à son principal parti: le Fatah. Le mois dernier, Marwan Barghouti, leader historique de l’Intifada en 2000 et antagoniste principal de la nomenclature au sein du Fatah, a entamé une grève de la faim à outrance, avec tous les détenus de son parti, dans le but d’améliorer les conditions de détention. Les principales exigences de la protestation concernent les visites des détenus,  leur santé et la protection des femmes emprisonnées, en plus de la limitation de la «détention administrative ». La détention administrative est, en effet, un instrument répressif  qui a toujours été utilisé par l’occupation israélienne pour emprisonner les Palestiniens de façon arbitraire. Grâce à son utilisation par l’armée de Tel-Aviv, les prisonniers palestiniens restent en réclusion sans inculpation ni jugement durant des périodes d’un à six mois, renouvelables indéfiniment et sans limite. 
La grève a vu l’adhésion  de plus de 1500 détenus dans toutes les prisons israéliennes. La manifestation a été soutenue par les prisonniers du FPLP  (gauche palestinienne, ndlr) et, ces derniers jours, par les prisonniers du Hamas. Les deux parties n’avaient initialement pas soutenu l’initiative de Barghouti parce qu’ils demandaient, selon les termes de Sa’adat, secrétaire du FPLP emprisonné dans les prisons israéliennes depuis 2006, « une plus grande coordination pour un combat qui devrait être de tous les Palestiniens pour tous les prisonniers politiques». 
Le FPLP, dans un communiqué officiel, a annoncé la mobilisation de tous ses membres parce que « la protestation est une forme de résistance contre l’occupation israélienne et ses pratiques coloniales, contraires à tous les droits de l’homme ». La grève a acquis, soit dans les prisons soit dans les territoires occupés, les caractéristiques d’une forme de « révolution» ou de lutte non-violente, déjà utilisée pendant les années ‘70 et ‘80, par les prisonniers politiques palestiniens pour obtenir des droits civils de base. 
Le comité central du Hamas, à son tour, a déclaré que « toutes ses dirigeants et ses prisonniers participeront avec les autres détenus à la grève de la faim, vu que la protestation a pris une connotation de lutte nationale». Dans sa première apparition en tant que chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh a affirmé «soutenir la lutte dans les prisons » et a lancé un ultimatum aux autorités israéliennes pour l’acceptation des revendications des prisonniers en échange de la libération de deux soldats israéliens capturés pendant l’invasion de Gaza en 2014. 
Le nombre des manifestations a considérablement augmenté ce mois-ci, de même que les sit-in et les protestations de militants, tant dans les principales villes  occidentales  que dans celles du  Moyen-Orient, en soutien à la grève des prisonniers pour la « lutte pour la dignité. » Ces expressions de solidarité se distinguent cependant du silence observé par tous les gouvernements arabes et même par celui de la Ligue Arabe. Dans un récent discours, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a demandé de façon provocante « où sont les Etats arabes et la Ligue pour soutenir la protestation des prisonniers palestiniens et leurs droits? ». Dans son discours, il a également réitéré le soutien du parti chiite à « la grève, ses dirigeants et la résistance palestinienne». Dans les Territoires Occupés, les manifestations, coïncidant avec le 69ème anniversaire de la Nakba, sont devenues quotidiennes et sont souvent réprimées par les forces de police palestiniennes elles-mêmes. 
Après plusieurs semaines d’isolement, Marwan Barghouti a pu voir son avocat. Dans une lettre, il décrit les difficiles conditions de détention (privation de sommeil, bruit continu, mauvaises conditions d’hygiène) et a confirmé son intention de poursuivre la protestation, malgré les 13 kilos perdus, « jusqu’à ce que les revendications des prisonniers soient acceptées» et  il a ajouté qu’il va commencer la «grève  de la soif». Mesures répressives aussi  pour le leader du FPLP, Ahmed Sa’adat, mis en isolement dans la prison de Ramon. Dans une déclaration, le secrétaire du FPLP a dit qu’il « veut continuer la grève jusqu’à la victoire, parce que cette protestation est un exemple de combat pour la liberté et la dignité de tous les Palestiniens. » 
Le quotidien israélien Yediot Aharonot a annoncé ces derniers jours que le gouvernement Netanyahou songeait à administrer de force des compléments alimentaires et des médicaments aux prisonniers en grève.   Il l’avait déjà fait dans le passé et cela avait été dénoncé par le Croix-Rouge.   
Source : Contropiano
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