۱۳۹۴ دی ۲۶, شنبه

23 décembre 2015
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Affaire idéologique ? Non, gigantesque dossier économique. L’Ukraine, brûlot russo-allemand avant 1914, où le Reich finançait déjà le mouvement « autonomiste », fut un des enjeux majeurs de la Première Guerre mondiale : « L’Ukraine indépendante devait être une succursale économique et politique de l’Allemagne ».



À défaut de la prospérité, définitivement évanouie, promise en 1950 par les auxiliaires des classes dirigeantes, la concentration-fusion des capitaux garantit-elle, cette fois-ci, la paix générale qu’ont brisée les deux précédentes étapes de la « crise générale de l’impérialisme » (Lénine) ?

« Les interdépendances […] très fortes entre les économies » d’aujourd’hui vont-elles, à la différence de 1914 et 1939, assurer l’éternelle paix « européenne » vantée par la propagande ? Les guerres périphériques, ininterrompues depuis la décennie 1990, sont dirigées par l’impérialisme américain dominant en quête de « repartage ».

Menées ou non avec les alliés-rivaux, elles sont caractérisées par de rudes affrontements (1). Ces conflits ravagent certes prioritairement la « périphérie » impériale, mais ils n’épargnent plus le « centre » impérialiste, avec la cassure, par les armes, de la Yougoslavie et celle qui, à l’heure où s’achève ce livre (mars 1914), se dessine en Ukraine.
Affaire idéologique ? Non, gigantesque dossier économique. L’Ukraine, brûlot russo-allemand avant 1914, où le Reich finançait déjà le mouvement « autonomiste », fut un des enjeux majeurs de la Première Guerre mondiale : « L’Ukraine indépendante devait être une succursale économique et politique de l’Allemagne ».

La perspective de piller ce trésor, en taillant en pièces l’empire russe, puis l’URSS, fit, dans l’entre-deux-guerres, s’entre-déchirer tous les impérialismes, l’américain compris.

L’écrivain polonais d’extrême droite, mais (cas rarissime) non aveuglé par la russophobie, Roman Dmowski, écrivit en 1930, à propos de « la question ukrainienne » :

« L’Ukraine indépendante serait un État où domineraient les influences allemandes » ; « Arracher cette Ukraine de la Russie serait lui arracher les dents ; on se protégerait ainsi de sa concurrence et on la condamnerait au rôle de consommateur éternel des produits d’une industrie étrangère ». Son analyse frappe par son actualité et nous ramène à l’analyse de Lénine (2).

L’objectif fut un enjeu majeur de la Deuxième Guerre mondiale, aussi peu idéologique qu’avant 1933, malgré le tapage de l’ère hitlérienne. Il le demeure à l’heure des prétendues « révolutions » colorées où les impérialismes allemand et américain se disputent ce gros morceau.

Notes :

1) - Michel Collon, Poker menteur. Les grandes puissances, la Yougoslavie et les prochaines guerres, Bruxelles, EPO, 1998, ses travaux suivants et son site http://www.michelcollon.info/.
2) - Chap. « La question ukrainienne » de son livre L’avenir de la Pologne, traduction annexée à lettre 396 de Jules Laroche, Varsovie, 24 août 1930, URSS 1918-40, 678, MAE, origine des citations du paragraphe. Fischer, Buts de guerre, et Lacroix-Riz, Vatican, passim.

Source : Aux origines du carcan européen, 1900-1960. La France sous influence allemande et américaine, Paris, Delga-Le temps des cerises, 2014, p. 181-183

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