Lorenzo Mendoza, ou l’oligopole de la guerre économique au Venezuela (+infographies)
- 11 Mai 2016
« Nous croyons que les individus ont une conscience, une volonté et l’opportunité d’être libres de choisir. Nous considérons que le droit de choisir comme liberté individuelle doit être encadré du devoir de répondre des conséquences de ce choix. » C’est par ces mots que Lorenzo Mendoza, soutenu par l’appareil de propagande Empresas Polar, dissimule son évidente participation comme acteur principal de la guerre non-conventionnelle menée contre le pays.
Depuis notre tribune, une vague de travaux dédiés et d’articles d’investigation a vu le jour dans lesquels sont mis en lumière les aspects d’importation, de contrebande, de parasitage et d’improductivité d’Empresas Polar, grâce non seulement à la publication de leurs chiffres, mais aussi à la structure entrepreneuriale mise en place afin de piller continuellement la rente pétrolière.
75 ans d’accumulation de capital en usant et en abusant des deniers publics lui ont ouvert les portes de l’oligarchie des Mendoza-Fleury en leur permettant de devenir les acteurs majeurs de la néo-colonisation du Venezuela depuis les premiers pas des Ministères vénézuéliens (Ministères des Industries Basiques, de l’Économie, du Développement et de l’Agriculture). Mais elles ont également permis au groupe de réunir toutes les conditions objectives afin de renforcer leur important pouvoir oligarchique et monopolistique sur les produits de grande consommation au Venezuela.
L’infographie ci-dessous offre un bon aperçu du contrôle que Lorenzo Mendoza exerce entre autres sur les produits alimentaires indispensables à la population.
Colonnes, de gauche à droite:
Farine de maïs – Pâtes – Margarine – Sauce tomate – Fromage à tartiner – Mayonnaise – Huile – Avoine – Thon (en boîte) – Bière – Malt – Boissons fraîches – Nourriture pour animaux.
En bleu : Autres
En orange : Marque Polar
Lorsque l’on s’aperçoit que Lorenzo Mendoza contrôle la production et la commercialisation de 8 farines sur 10 au Venezuela, la philosophie de comptoir sur la « liberté de choix» et sur la « liberté individuelle » perd tout son sens. Lorenzo Mendoza est conscient que les affaires familiales dont il a hérité de ses ancêtres, tous spécialisés dans l’art du pillage et de l’accaparement des pétrodollars, consistent à maintenir un contrôle absolu de l’offre et de la demande. Ce facteur empêche d’un côté le développement de la « concurrence » avec d’autres domaines entrepreneuriaux, et de l’autre la soi-disant « liberté de choix » du consommateur lorsqu’il s’agit d’acheter des produits. Rien n’est plus dangereux pour Empresas Polar que la « main invisible du marché » qui régale tant de personnes.
Un tel pouvoir d’emprise sur l’économie et la production des biens de consommation essentiels fournit à Lorenzo Mendoza une gigantesque infrastructure de traitement, de distribution, et de commercialisation des produits alimentaires avec un impact élevé sur la vie quotidienne des individus. Empresas Polar maîtrise presque 60% de la distribution et de la commercialisation des denrées alimentaires de grande consommation. En conséquence, le désapprovisionnement prononcé et les difficultés rencontrées pour acquérir ces produits ne peuvent être imputés au gouvernement puisqu’il ne détient pas les parts de marché oligopolistiques que possède Lorenzo Mendoza.
De ce fait, quand Lorenzo Mendoza décide arbitrairement de réduire la production de ces denrées à des moments clés de la conjoncture politique au Venezuela (décret Obama, élections, guarimbas [barricades], etc.), cela se ressent au quotidien : les files d’attente s’allongent, le désapprovisionnement s’intensifie et les scénarios de déstabilisation se multiplient. Trois conséquences expédiées politiquement par les dirigeants malhonnêtes soutenus médiatiquement par les grands médias corporatifs quand il s’agit d’accuser le gouvernement d’être responsable des tactiques de guerre économique menées par Lorenzo Mendoza. Ainsi, n’importe qui peut être entrepreneur ou un politique « engagé » à « sauver le pays ». (référence au parti de l’opposition de droite, ndlR)
En bleu :
2012 : Annonce de la maladie du président Chávez
2013 (1) : Allocution du président Chávez
2013 (2) : Élections d’avril 2013
2013 (3) : Élections municipales de 2013
2014 : Guarimbas [Barricades]
2015 : Décret Obama
2015 (2) : Élections parlementaire de 2015
L’impact qu’ont eu ces trois années de stratégie continue de coup économique a été bien géré sur le plan médiatique et sur le plan opérationnel par Lorenzo Mendoza. De son insurrection manifeste entre 2002 et 2003, conclue par la fermeture d’usines stratégiques dans la production de farines et de pâtes alimentaires, le Lorenzo Mendoza du coup non-conventionnel qu’il est aujourd’hui a opté pour la baisse de la production à des moments charnières de la politique vénézuélienne. Cet élan lui a ainsi permis de briser la livraison régulière des centres d’approvisionnement les plus prisés par la population et de maîtriser intégralement ses propres modèles de distribution.
Il pourra arguer que ces variations dans la production (et donc la commercialisation) sont dues au manque de devises et de matières premières, mais il a reçu 2,29 milliards de dollars entre 2013 et 2015 pour augmenter sa production.
Et c’est dans le cadre de cette recrudescence d’actes de guerre, d’utilisation de son infrastructure pour attaquer la population et de création permanente d’impôts afin de compenser que l’unique moyen d’accéder au panier basique de Lorenzo Mendoza sont les grandes files d’attente et la contrebande. Un autre moyen sera que les tentatives débridées de l’opposition pour mobiliser la population (comme vient de l’exiger le Commandement du Sud des États–Unis) acquièrent un sens politique.
Lorenzo Mendoza a poussé les conditions alimentaires du pays à leurs extrêmes et il est un acteur fondamental dans la guerre non-conventionnelle contre le Venezuela. Le contrôle d’une bonne partie de l’économie vénézuélienne qu’il a hérité de sa famille explique comment cet oligopole nous fait la guerre sans risquer sa peau. Le vent finit toujours par tourner.
Traduit de l’espagnol par Rémi Gromelle pour Investig’Action
Source: Mision Verdad
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