۱۳۹۳ بهمن ۳۰, پنجشنبه

La seconde guerre mondiale vue par des Japonais

Histoire

La seconde guerre mondiale vue par des Japonais

par Emilie Guyonnet, février 2015
Comment la population japonaise a-t-elle vécu la défaite du pays et l’occupation américaine au lendemain de la seconde guerre mondiale ? La mémoire de cette période a longtemps été enterrée par les Japonais eux-mêmes, pour qui les souvenirs étaient trop douloureux, par leurs dirigeants d’après-guerre, bien souvent issus des mêmes rangs que leurs prédécesseurs, et par les occupants américains, qui avaient besoin d’un Japon apaisé sur lequel s’appuyer face au développement des régimes communistes en Asie.
Ce champ d’études a commencé à être défriché depuis une bonne vingtaine d’années, et les travaux engagés au Japon et aux Etats-Unis nous parviennent progressivement. Parfois sous forme de fictions, comme les récits Mourir pour la patrie (1), qui raconte l’expérience d’un jeune lycéen au cours de la bataille d’Okinawa (26 mars - 21 juin 1945), et Le Goût du motchi (2), qui narre les difficultés d’une jeune Japonaise durant l’occupation américaine. Ces deux romans s’appuient largement sur des faits réels. Deux mille collégiens et lycéens ont combattu, comme le jeune héros d’Akira Yoshimura, au sein de l’armée japonaise à Okinawa. Quant à l’évocation de la vie quotidienne dans l’après-guerre, elle s’inspire en grande partie de la propre expérience d’Aïko Mishima.
Un utile contrepoint documentaire est offert par l’ouvrage de Michael Lucken, Les Japonais et la guerre (3), qui souligne la diversité des points de vue sur les événements au sein de la société nippone, à travers l’étude d’œuvres de l’époque. Il analyse également l’influence de l’occupation sur la construction de la mémoire, et les évolutions de l’historiographie japonaise et américaine. La version construite juste après la fin du conflit par les autorités d’occupation met en scène un peuple et son empereur entraînés dans la guerre par une clique militariste ayant usurpé le pouvoir. Lui succède la vision d’un Japon « victime » des bombardements atomiques. Puis ces deux lectures se trouvent remises en question à la fin des années 1980, quand l’ouverture des archives américaines et la mort de l’empereur Hirohito (1989) permettent notamment de mettre en lumière la responsabilité de ce dernier, qui régnait depuis 1926.
De ces récits divergents résulte une mémoire éclatée, dont les zones d’ombre alimentent un révisionnisme certes minoritaire mais bien présent dans la société nippone. La parution de la biographie officielle de Hirohito (douze mille pages, soixante et un volumes), annoncée par l’Agence de la maison impériale et qui devrait avoir lieu en mars prochain, pourrait contribuer à rafraîchir cette mémoire. Mais il semble qu’elle présentera l’image d’un souverain sans réel pouvoir. Pourtant, des biographes non officiels comme Herbert Bix et Edward Behr (4) l’ont déjà présenté comme prenant part aux décisions. Si elle ne semble pas s’éloigner d’une certaine tradition, cette nouvelle biographie aura au moins le mérite de rendre accessibles des documents inédits, alors que de nombreuses sources n’ont toujours pas été rendues publiques.
Emilie Guyonnet
Journaliste, lauréate du prix « Robert-Guillain - 

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